1. Définition :
Le syndrome immunodéficitaire acquis ou SIDA est une affection virale.
Le virus responsable : le HIV (Human Immuno-deficiency Virus) est un rétrovirus humain appartenant à la famille des lentivirus.
Il cible de façon spécifique les cellules du système immunitaire appelées lymphocytes CD4. Ces cellules produisent normalement des anticorps et aident ainsi l’organisme à éliminer les infections.
Les premiers cas de SIDA ont été décrits aux Etats-Unis en 1981.
2. Le Sida en chiffres :
Depuis la découverte des premiers cas de HIV il y a environ 40 ans (1981), 75 millions de personnes ont été infectées par le HIV et 32 millions sont décédées de maladies liées au Sida.
Selon le dernier rapport publié par Onusida, en 2018 :
38 millions de personnes vivent avec le HIV dans le monde dont 36 millions d’adultes et près de 2 millions d’enfants.
770 000 personnes sont décédées de maladies liées au sida dans le monde.
3. Transmission :
La transmission se fait de 3 façons :
1) Par voie sexuelle :
les rapports sexuels non protégés avec pénétration vaginale, anale (ou buccale),
2) Par voie sanguine : exposition au sang, dans des circonstances très précises :
– transfusion de sang et ses dérivés,
– piqûre accidentelle (personnel soignant),
– piqûre volontaire lors d’injection de drogues.
3) Transmission mère-enfant :
grossesse, accouchement, allaitement.
Nb : Les situations de la vie quotidienne ne peuvent pas donner lieu à une transmission du HIV : baiser, poignée de main, échange de vêtements ou fréquentation de toilettes publiques, par exemple.
La prévention doit se faire en ciblant les femmes à haut risque de SIDA :
– toxicomanes par voie IV,
– prostituées (surtout africaines),
– femmes à partenaires multiples,
– femmes ayant pour partenaire un homme bisexuel et/ou toxicomane ou hémophile,
– femmes originaires d’Afrique équatoriale,
ainsi que le contrôle rigoureux des banques de sang et d’organes.
Cependant, échapperont à la chaîne de la prévention :
– les porteurs sains qui se méconnaissent,
– ” ” ” ” connus indisciplinés.
Le diagnostic se fait par le test d’ELISA et WESTERN-BLOT.
4. Clinique :
L’infection par le HIV donne des tableaux cliniques très variés :
– simple infestation de l’individu par le virus et qui se traduit biologiquement par la production d’anticorps spécifiques, le sujet contaminé est alors un malade potentiel (il est appelé communément porteur sain),
– au contraire, le tableau clinique est évident : c’est le SIDA.
Le dérèglement du système immunitaire se traduit par l’apparition d’infections opportunistes ou de tumeurs (lymphome ou sarcome de Kaposi).
1) La primo-infection : quelque soit le mode de contamination, sexuel ou sanguin :
– les signes cliniques sont inconstants,
– la séroconversion se fait dans un délai de 15 jours à 2 mois avec ou sans symptomatologie clinique.
= dans 20 % des cas, parallèlement à cette séroconversion :
. une symptomatologie évoquant une virose avec fièvre, malaise général, myalgies, polyadénopathies, splénomégalie,
. une méningite ou une méningo-encéphalite aiguë (affinité du virus pour les cellules nerveuses),
= dans 50 % des cas, un rash cutané.
Sur le plan biologique :
– hyperlymphocytose avec plasmocytose,
– élévation des transaminases,
– syndrome mononucléosique,
– en cas de méningite, le LCR montre :
. hyperalbuminorrachie,
. hypercellularité à prédominance lymphocytaire,
. normoglycorrachie.
Le virus est recherché sur une culture de cellules.
2) La forme asymptomatique : c’est le problème des porteurs sains :
– ces sujets peuvent rester sains pendant des années, mais avec le risque potentiel d’une évolution vers le SIDA,
– ces porteurs sains du virus peuvent contaminer d’autres sujets qui ne sont pas infectés.
3) Au cours de la grossesse :
– le risque de contamination du fœtus par la mère séropositive : 50 à 60 %.
Cependant, il faut savoir que :
– la sérologie chez le nouveau-né peut être faussement positive pendant les 6 premiers mois après la naissance à cause des anticorps maternels qui persistent chez le nouveau-né,
– une surveillance clinique et biologique doit être assurée jusqu’à 18 mois,
– avant 18 mois, le diagnostic précis ne peut être posé que par le biais de la biologie moléculaire (PCR).
5. Evolution :
La phase de primo-infection correspond à l’arrivée du HIV au sein de l’organisme, au niveau des muqueuses ou par voie sanguine. Durant cette phase, le HIV se réplique très vite et la quantité de virus dans le sang est très élevée : les individus infectés sont donc hautement contagieux. Selon les individus, cette phase peut durer de quelques semaines à quelques mois. Elle peut être totalement asymptomatique ou s’accompagner de certains symptômes évoquant la grippe :
– maux de tête,
– toux,
– diarrhée,
– rougeurs,
– perte de poids,
– gonflement des ganglions.
Vient ensuite une longue phase asymptomatique qui dure de 5 à 10 ans. En dehors d’éventuels gonflements des ganglions, les patients ne présentent aucun signe d’une quelconque maladie. Le nombre de lymphocytes CD4 chute progressivement et le système immunitaire s’affaiblit. A moins d’effectuer un test de dépistage, un individu infecté n’aura pas conscience de porter le HIV.
A mesure que les défenses immunitaires s’amenuisent, le HIV est de moins en moins contrôlé. Il recommence donc à se multiplier de façon intense et entraîne une augmentation plus rapide encore de la destruction des lymphocytes CD4.
Alors que le système immunitaire est complètement affaibli, il est incapable de lutter contre le développement de maladies opportunistes telles que l’hépatite B ou C, la tuberculose ou encore certains cancers. C’est ce que l’on appelle le SIDA : il s’agit du syndrome d’immunodéficience acquise qui survient des années après l’infection par le HIV. En l’absence de traitement, le décès est rapide. Ce syndrome se caractérise par un taux de lymphocytes CD4 extrêmement faible ou l’apparition d’une maladie opportuniste.
La transmission du virus est possible à tous les stades de l’infection mais le risque est maximal les premiers mois.
Beaucoup de personnes ignorent leur séropositivité jusqu’à un stade tardif de la maladie, ce qui augmente le risque de transmission à leur entourage ou partenaires sexuels.
6. Prévention :
– Hygiène sexuelle, fidélité conjugale ou sexuelle entre séronégatifs,
– Utilisation de préservatifs (de qualité sûre),
– Contrôle des banques de sang, de sperme et d’organes (où le dépistage doit être systématique),
– Ecarter les donneurs à risque : le sérodiagnostic peut être faux (-) pour les porteurs récents non encore immunisés, et cette fenêtre peut s’étendre à 3 mois.
Enfin, il faut :
– déconseiller la grossesse chez la femme séropositive,
– conseiller, avec un libre accord une contraception efficace,
– conseiller une ITG au premier trimestre.
L’idéal serait de :
– exiger un sérodiagnostic au cours d’un examen prénuptial ou préconceptionnel, mais se posent des problèmes éthiques, psychologiques et psychosociaux,
– savoir que la séronégativité est ponctuelle.
Pratiquement, le sérodiagnostic sera prescrit :
– sur demande de l’intéressée,
– chez la population à risque après accord de l’intéressée.
7. SIDA et vaccination :
Le problème de la vaccination se pose chez un enfant en immunodépression ou supposé l’être dans les semaines ou mois à venir.
La décision se nuance en fonction de chaque vaccin :
– la vaccination par le BCG est contre-indiquée,
– la vaccination antipoliomyélitique : vaccin inactif en sous-cutané,
– les vaccins antitétanique, de la coqueluche, de la diphtérie peuvent être utilisés sans danger,
– la vaccination contre la rougeole, utilisant un virus vivant, est autorisée dès 12 mois, vu le risque de la rougeole sur le nourrisson.
– la vaccination anti-ourlienne et anti-rubéolique : contre-indication relative.
8. Sida et grossesse : Cf chapitre spécial
9. Sida et contraception : Cf chapitre spécial
10. Maladies et infections opportunistes :
Les maladies opportunistes surviennent chez des personnes aux défenses immunitaires affaiblies dites “immunodéprimées”. Sans traitement antirétroviral, elles peuvent survenir chez une personne séropositive :
– la tuberculose,
– les pneumopathies bactériennes,
– la candidose (surtout au vagin, dans la bouche ou la gorge),
– la cryptococcose : “Des maux de tête avec fièvre accompagnés de vomissements et d’une photophobie peuvent évoquer une méningite due à la cryptococcose”,
– la cryptosporidiose et microsporidiose (infections intestinales),
– le cytomégalovirus (douleurs abdominales accompagnées de diarrhée, fièvre, altération de l’état général) et rétinite à cytomégalovirus (apparition brutale d’une diminution du champ visuel ou d’une baisse importante de la vision),
– les infections à mycobactéries “atypiques” (fièvre, amaigrissement, sueurs nocturnes, fatigue, anémie),
– la leuco-encéphalite multifocale progressive (infection du cerveau),
– la pneumocystose,
– la toxoplasmose,
– le zona,
– les lymphomes,
– le sarcome de Kaposi (tumeur de la peau, des poumons ou du système digestif).
11. Traitement :
Actuellement, aucun traitement ne permet d’éliminer complètement le HIV de l’organisme.
Les traitements adaptés permettent aux personnes séropositives de bloquer la multiplication du HIV dans leur organisme et ainsi de garder un système immunitaire opérationnel.
Ces traitements sont appelés trithérapies ou multithérapies car ils combinent l’action de plusieurs molécules antirétrovirales.
Il faut préciser que les antirétroviraux sont parfois responsables d’effets secondaires, parmi lesquels : nausées, vomissements, fatigue, perte d’appétit, fièvres, diarrhées, réactions cutanées.
Il est recommandé d’initier le traitement le plus tôt possible suite à l’infection. Ceci permet de garder le système immunitaire le plus intact possible, de réduire l’inflammation chronique induite par l’infection et aussi de réduire le risque de transmission du HIV.
Malheureusement, la plupart des infections HIV est détectée seulement après plusieurs années d’infection, et seulement 60 % des personnes infectés avec le HIV à l’échelle mondiale ont accès au traitement.
► Pour plus de détails sur le traitement du Sida : Voir le site de l’OMS
Origine : un virus parti du Congo
Selon la théorie majoritairement admise par la communauté scientifique actuelle, le virus de l’immunodéficience humaine (HIV) aurait été transmis à l’homme par le singe. On parle d’origine “simienne”.
En effet, un lien a été découvert entre les deux types de HIV humains, que sont le HIV-1 et le HIV-2, et le virus d’immunodéficience simien (VIS).
La date de la transmission du virus à l’homme est estimée entre la fin du 19ème siècle et le début du 20ème siècle.
La théorie du chasseur de viande de brousse permettrait donc d’expliquer le passage du virus à l’homme.
Le singe ayant été un animal longtemps chassé, une exposition à du sang contaminé est une explication plausible.
Concernant la propagation du virus, elle serait étroitement liée aux mouvements de populations et au développement des transports : “La zone géographique correspondant à l’origine de l’expansion du HIV a été localisée aux environs de la république du Congo, une zone loin de toute population importante avant 1910. La rapide expansion de la population coloniale dans cette région, de celle des échanges commerciaux et de la mobilité des personnes grâce à l’évolution des modes de transport a favorisé le déclenchement de la pandémie HIV1”.