Les marqueurs tumoraux disponibles sont nombreux.
Le marqueur idéal devrait être sensible à 100 % (c’est-à-dire s’élever chaque fois que la tumeur est présente) et spécifique à 100 % (c’est-à-dire ne s’élever que dans les cas où cette tumeur est présente). Or, un tel marqueur n’existe pas. Ces marqueurs ne doivent donc pas être utilisés en diagnostic.
– Pour présenter un intérêt diagnostique, un marqueur doit être suffisamment sensible et spécifique pour permettre d’affirmer ou infirmer la malignité ou d’orienter vers une localisation ou un type histologique.
– Pour servir au dépistage, un marqueur doit permettre de dépister des tumeurs à un stade préclinique de la maladie, lorsque le traitement est le plus efficace.
– Pour avoir une valeur pronostique, le taux du marqueur doit être étroitement corrélé à l’extension tumorale et l’extension tumorale à l’évolution clinique.
– Pour être utile à la surveillance, le taux du marqueur tumoral doit varier significativement pour permettre la détection précoce d’une récidive et lorsqu’une telle détection permet un meilleur traitement.
Enfin quelques règles générales doivent être gardées en mémoire :
– Le dosage d’un marqueur est de peu d’intérêt si son élévation ne doit pas modifier les décisions thérapeutiques.
– Lorsqu’une décision thérapeutique grave dépend uniquement de l’évolution d’un marqueur, il est prudent de vérifier en demandant un deuxième dosage dans le même laboratoire avec reprise en parallèle du sérum antérieur s’il date au moins de 2 mois.
– L’élévation du taux d’un marqueur ne remplace pas la preuve histologique et ne permet pas à elle seule, de décider d’une chimiothérapie.
Les principaux marqueurs utilisés en gynécologie sont répertoriés dans le tableau ci-dessous.
1. Antigène carcino-embryonnaire (ACE) :
Peu spécifique, ce marqueur peut s’élever dans de nombreux cancers gynécologiques : sein, ovaire, utérus.
Il peut aussi s’élever dans les cancers colorectaux, du pancréas, de l’estomac, des bronches, le cancer médullaire de la thyroïde.
Enfin il peut s’élever dans les hépatopathies, les pancréatites chroniques, les polypes et le tabagisme.
Du fait de cette très faible spécificité, il ne doit pas être employé.
2. CA 125 :
Ce dosage est utile dans le suivi des cancers épithéliaux de l’ovaire.
Son intérêt diagnostique est faible car il peut s’élever dans différents autres cancers (pancréas, poumon, estomac) et dans des inflammations séreuses de toutes origines (épanchements pleuraux et péricardiques, ascites), ainsi que dans les hépatites et les cirrhoses.
3. Hormone chorionique gonadotrope (β-hCG) :
C’est un très bon marqueur chez la femme. Il est spécifique du tissu trophoblastique et est donc un excellent marqueur de la grossesse, mais aussi de la môle hydatiforme et du choriocarcinome ; c’est pour la surveillance de ces deux dernières affections qu’il est surtout utilisé avec la fraction hCG libre en cas de choriocarcinome.
C’est aussi un marqueur de certaines tumeurs trophoblastiques du testicule ou de germinomes hypothalamiques.
4. CA 15-3 :
Le dosage du CA 15-3 est surtout utile dans le diagnostic et le suivi du traitement des métastases du cancer du sein, notamment hépatiques et osseuses.
Peu spécifique, ce marqueur s’élève dans de nombreux cancers digestifs, et diverses affections hépatiques non cancéreuses (cirrhose et hépatite).
Il n’est donc pas utilisable pour le dépistage ou le diagnostic de la tumeur primitive.
5. Alpha fœto-protéine (AFP) :
L’AFP est une protéine qui n’est normalement produite que par le fœtus.
Chez la femme non enceinte, c’est un marqueur tumoral augmenté dans les tumeurs embryonnaires de l’ovaire : dysembryomes immatures.
6. Squamous cell carcinoma (SCC) :
Il est peu sensible et peu spécifique puisqu’il peut s’élever dans tous les cancers malpighiens (col utérin, cancer primitif des bronches et des voies aériennes supérieures).
Il peut être utile dans le suivi post-thérapeutique des cancers du col de l’utérus.
Conclusion :
Il n’y a pas d’indication à prescrire le dosage des marqueurs tumoraux pour le dépistage des cancers gynécologiques :
– Chez une patiente porteuse d’un cancer métastatique dont la localisation de la tumeur primitive est inconnue ; le dosage des marqueurs tumoraux, s’il est positif, peut avoir une valeur d’orientation.
– Chez une femme qui a un cancer gynécologique ou du sein métastatique, si le dosage du marqueur adapté à la localisation est normal, il n’y a pas lieu de répéter ce dosage ultérieurement.
– Chez une patiente ayant un cancer métastatique avec un taux de marqueur élevé, il est utile de répéter ce dosage tous les 2 mois environ pour suivre l’efficacité thérapeutique.
– Chez une patiente ayant un cancer gynécologique (sein, du col, endomètre) localisé et qui est asymptomatique, il n’y a pas lieu de répéter systématiquement les dosages des marqueurs tumoraux dans le cadre de la surveillance post-thérapeutique.
Les cas où les marqueurs présentent un véritable intérêt diagnostique sont rares.
Une trop large utilisation des marqueurs tumoraux dans le cadre du dépistage ou du diagnostic conduit à des examens complémentaires inutiles et angoissants pour les patients.
En pratique, ils ne sont utiles en gynécologie que pour le suivi des malades métastatiques.