1. Croissance folliculaire :

1) Un parcours long et sélectif :

Seulement 0,03 % des 390.000 follicules présents à la naissance atteindront l’ovulation.

Les autres subissent une atrésie, principalement au stade de follicule primordial.

La croissance du follicule s’accélère à partir du stade préantral, lorsqu’apparaissent les cellules épithé­loïdes dans la thèque interne. Elles marquent l’apparition des récep­teurs à LH dans la thèque, et à FSH dans la granulosa.

2) Chronologie :

– L’entrée en croissance se fait sous forme de vagues successives corres­pondant au phénomène dit de « recrutement » : à partir de ce stade, il faut en moyenne 85 jours pour qu’un follicule préantral atteigne le stade pré-ovulatoire chez la femme.

– En fin de cycle, 2 à 8 follicules (2-5 mm) persistent.

– Au tout début du cycle suivant survient le phénomène de « sélec­tion » : un seul est sélectionné, grâce à des concentrations locales élevées en FSH et œstradiol (E2) : seul ce follicule dit « dominant » (4-6 mm) va poursuivre son développement pendant la phase dite de maturation. Les autres s’atrésient.

3) Évolution du follicule dominant :

– J1-J5 : 7 ± 0,5 mm.

– J6-J10 : 13 ± 1,5 mm.

– J11-J14 : 19 ± 0,5 mm (prêt pour l’ovulation).

Le follicule dominant croît rapidement, passant de 7 mm en début de cycle à près de 19 mm avant l’ovulation, principalement par accumulation de liquide dans l’antrum.

2. Aspects hormonaux et biochimiques : 

1) Deux secteurs cellulaires en interaction :

Deux secteurs cellulaires s’individualisent morphologi­quement dans le follicule :

– la thèque interne produit les androgènes (androstènedione) sous l’impulsion de LH,

– la granulosa les aromatise en œstrogènes (E2), sous l’impulsion de FSH.

C’est ce qu’on appelle  » le modèle à deux cellules ».

2) Rôle clé de la FSH :

C’est la FSH qui est le principal moteur de la croissance folliculaire, elle :

– stimule l’aromatase (conversion androgènes → E2),

– induit la formation des récepteurs à la LH sur les cellules de la granulosa, essentiels pour :

. la production d’androgènes (thèque),

. le pic pré-ovulatoire (PO) de LH.

3) Dynamique hormonale du liquide folliculaire :

– Avant 8 mm : rapport œstrogènes/androgènes est très faible.

– Phase folliculaire moyenne : inversion du rapport dans le follicule dominant (E2 ≫ androgènes).

– Phase préovulatoire : pic d’E2 et apparition de 17-OH progestérone (17-OHP) et progestérone (P).

– Une augmenta­tion trop précoce de P dans le liquide folliculaire témoigne d’une lutéinisation prématurée qui altérerait la qualité du follicule.

4) Atrésie folliculaire :

– Les follicules subissant l’atrésie ont une évolution inverse : diminution de l’aromatase + augmentation de la 5α-réductase (conversion des androgènes en métabolites inactifs).

– Les androgènes thé­caux sont 5α-réduits au lieu d’être aromatisés ;  leur accumulation dans le liquide folliculaire interrompt le développement de la granu­losa et fait dégénérer l’ovocyte.

3. Ovulation (rupture folliculaire) : Cf chapitre spécial

4. Corps jaune : Cf chapitre spécial

5. Régulation du cycle ovarien : 

1) Régulation endocrine :

– Elle est centralisée par la GnRH hypothalamique, libérée de façon pulsatile, qui contrôle la sécrétion de la FSH et de la LH.

– Rétrocontrôles des stéroïdes ovariens :

– Les œstrogènes exercent un rétrocontrôle :  

. négatif à faible dose (freinage de LH/FSH),

. puis positif à forte dose (pour déclencher le pic de LH).

– La progestérone a un rétrocontrôle principalement négatif (phase lutéale) ⇒ diminution des taux de FSH, LH, et augmentation de FSH lorsque celui-ci disparaît.

– L’inhibine : produite par les cellules de la granulosa des follicules non atrésiques :

. inhibe fortement la FSH au niveau de l’hypophyse,

. stimulée par la FSH (phase folliculaire) et la LH (phase lutéale).

2) Régulations paracrine et autocrine :

De nombreux facteurs locaux, comme les GDF-9/BMP-15, l’insuline/IGF, les FRP (protéines régulatrices folliculaires) modulent finement la réponse aux gonadotrophines, favorisant la dominance d’un follicule et l’atrésie des autres.

3) Maturation ovocytaire et ovulation :

Bien que distincts, ces deux processus sont étroitement synchronisés de façon à permettre la libération d’un ovocyte immédiatement fécon­dable. Tous deux sont classiquement déclenchés par le pic PO de LH.

– Reprise de la méiose :

. L’ovocyte est bloqué en prophase I (stade diplotène) depuis la vie fœtale.

– Le pic de LH déclenche :

. La reprise de la méiose (condensation chromosomique, émission du 1er globule polaire).

. L’arrêt en métaphase II (reprise après fécondation ⇒ émission du 2ème globule polaire).

Au total : jusqu’au pic de LH, l’ovocyte est maintenu en « pause » dans son développement. Le pic de LH lève cette inhibition et permet à l’ovocyte d’achever sa maturation pour devenir fécondable.

– Facteurs clés :

. E2 : favorise la maturation cytoplasmique (essentielle pour la fécondation).

. OMI (Oocyte Maturation Inhibitor) : maintient l’arrêt méiotique jusqu’au pic de LH (rôle controversé chez l’humain).

6. Points clés à retenir :

ÉtapeDuréeHormones ClésÉvénement Majeur
Recrutement85 joursFSH, facteurs locauxPassage de primordial à préantral
SélectionJ1-J5FSH, E2Follicule dominant (4-6 mm)
CroissanceJ6-J14FSH, LH, E2Follicule mature (18-20 mm)
OvulationJ14 (±2 jours)Pic de LHLibération de l’ovocyte
Phase LutéaleJ15-J28Progestérone, inhibineFormation du corps jaune

(*) Sources :

– Société Française d’Endocrinologie (SFE, 2024).

– ESHRE Guidelines (2023) sur la physiologie ovarienne.

– Études récentes sur les régulations épigénétiques (Nature Reviews Endocrinology, 2025).

Rappels sur la méiose :

 

 Durant la vie fœtale : les ovogonies entrent en méiose, mais s’arrêtent au stade diplotène de la prophase (ovocyte primaire).

 Pendant l’enfance et l’adolescence : l’ovocyte grossit, et s’entoure de plusieurs couches de cellules granuleuses.

 La reprise de la méiose suit le pic ovulatoire de LH : elle est caracté­risée par la rupture de la vésicule germinale, la condensation équato­riale, et l’émission du premier globule polaire.

La méiose s’arrête alors à la métaphase de la deuxième division cellulaire.

Elle ne se terminera que lorsque le spermatozoïde pénétrera l’ovocyte (fécondation), avec l’émission du deuxième globule polaire.

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