Mademoiselle F…, âgée de 25 ans, consulte pour la symptomatologie suivante :
– pertes vaginales,
– prurit vulvaire,
– rapport sexuel non protégé avec un nouveau partenaire.
Antécédents :
– contraception orale depuis 1 an,
– vaccinée contre l’hépatite B,
– aucun antécédent particulier, notamment pas de IST, ni de pathologie gynécologique,
– nullipare,
– dernières règles il y a 3 semaines.
Examen clinique :
– palpation abdominale indolore,
– érythème vulvaire et périnéal (extension aux sillons génito-cruraux) avec leucorrhées blanchâtres extériorisées,
– absence de vésicules, d’ulcération, de condylomes,
– absence d’écoulement urétral,
– examen au spéculum : érythème muqueux, leucorrhées blanchâtres, absence d’écoulement cervical, absence de lésion vésiculeuse ou érosive, absence de condylome,
– TV globalement douloureux sans exacerbation à la mobilisation utérine.
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⇒ Mademoiselle F… présente une infection génitale basse dans un contexte évoquant un risque d’IST.
Un examen microbiologique au laboratoire s’impose donc, avant tout traitement.
⇒ Recherches de base au laboratoire :
– Examen direct à l’état frais avec recherche de Trichomonas.
– Examen direct après coloration de Gram.
– Examen d’un prélèvement cervico-vaginal avec recherche de Chlamydia (immunofluorescence ou ELISA) et cultures de gonocoques et germes banaux.
– Antibiogramme si gonocoque.
⇒ Sérologies de la syphilis, VIH (après consentement) et de l’hépatite B (si la patiente n’est pas vaccinée).
TRAITEMENT :
En plus de la prescription d’un prélèvement bactériologique, vous avez également remis à Mlle F… une seconde ordonnance, lui prescrivant un traitement à débuter dès le prélèvement réalisé.
Quand débuter le traitement ?
En cas de vaginite et notamment de suspicion de cervico-vaginite infectieuse à Chlamydia ou à gonocoques, il est impératif de débuter le traitement le plus tôt possible sans attendre le résultat des examens, afin de prévenir le risque d’infection génitale haute.
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Si les examens ne peuvent être pratiqués rapidement, il est préférable d’envisager un traitement présomptif, couvrant Chlamydia et gonocoque, plutôt que de laisser planer un risque d’infection génitale haute.
FAUT-IL TRAITER SYSTEMATIQUEMENT UNE EVENTUELLE GONOCOCCIE DANS CE CAS PRECIS ?
– NON.
Il n’existe cliniquement ni atteinte de l’endocol ni signes urétraux et un prélèvement a été réalisé.
Vous lui avez également formulé des conseils d’hygiène intime généraux :
– toilette externe bi-quotidienne d’avant en arrière, avec un savon non parfumé ou alcalin, (prohiber les douches vaginales),
– bien rincer et sécher soigneusement la région génitale,
– changer chaque jour de gant et de serviette de toilette intime pendant la durée du traitement,
– porter des vêtements non serrés, des sous-vêtements en coton et en changer chaque jour,
– s’abstenir de rapports ou utiliser des préservatifs pendant la durée du traitement.
QUEL TRAITEMENT PRESCRIVEZ-VOUS EN PREMIERE INTENTION ?
– Ovules imidazolés :
. 1 ovule par jour pendant 3 à 6 jours, en précisant de respecter la durée du traitement même si les symptômes disparaissent,
. ou 1ou 2 ovules LP à trois jours d’intervalle.
– S’abstenir de rapports ou utiliser des préservatifs avant le résultat des examens bactériologiques et la fin du traitement.
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Vous revoyez la patiente une semaine après cette consultation.
Cliniquement, Mademoiselle F… est asymptomatique.
Le prurit, les leucorrhées et les brûlures mictionnelles ont disparu.
Vous disposez alors des résultats finaux du laboratoire :
RESULTATS BACTERIOLOGIQUES :
– cultures négatives pour les germes banals et le gonocoque.
– culture positive sur milieu de Sabouraud : candida albicans en nombreuses colonies.
– test ELISA négatif pour Chlamydia trachomatis.
– sérologie syphilitique négative.
Vous renouvelez à la patiente vos conseils quant à l’usage de préservatifs en cas de rapports à risque et lui prescrivez une sérologie VIH à pratiquer dans 3 mois.
Pourquoi revoir la patiente ?
Contrôler la guérison au bout de 7 jours permet de :
– modifier éventuellement le traitement en fonction des résultats microbiologiques et sérologiques et de la persistance ou non d’une symptomatologie,
– renouveler à la patiente des conseils de prévention quant au risque des IST et de la nécessité éventuelle de traiter le partenaire (syphilis, gonococcie +++) et de lui proposer une sérologie HIV.