La thérapie ciblée est l’une des nouvelles armes qui viennent rejoindre les traitements traditionnels utilisés dans l’arsenal de traitements spécifiquement conçus pour lutter contre le cancer du sein.

Ces médicaments bloquent des mécanismes spécifiques propres à certaines cellules cancéreuses.

Ils vont être choisis en ciblant des molécules spécifiques présentes à la surface ou à l’intérieur des cellules cancéreuses, avec pour conséquence l’interruption du développement tumoral.

Cette thérapie peut être utilisée en combinaison avec les autres traitements.

1. Définition des thérapies ciblées :

Les thérapies ciblées sont des traitements médicamenteux qui agissent spécifiquement sur les cellules cancéreuses du sein, en bloquant des mécanismes propres à ces cellules.

Contrairement à la chimiothérapie classique, elles visent à limiter les effets secondaires en préservant les cellules saines.

2. Efficacité des thérapies ciblées :

Elles ont prouvé leur efficacité, notamment dans les cancers métastatiques, en ralentissant ou stoppant la progression de la maladie.

Leur coût élevé et la nécessité d’analyses génétiques pour identifier les cibles limitent pour l’instant leur généralisation.

La recherche est très active, avec de nombreux nouveaux traitements en développement, ouvrant la voie à une médecine personnalisée.

3. Classes médicamenteuses :

1) Inhibiteurs de l’HER2 :

Les traitements anti-HER2 sont prescrits aux femmes ayant un cancer du sein dont les cellules tumorales présentent un grand nombre de récepteurs HER2 à leur surface (on parle de surexpression du récepteur HER2).

Ces cancers sont nommés HER2 positif ou HER2 surexprimé ou HER2 amplifié.

Ils représentent 15 à 20 % des cancers du sein.

C’est l’examen anatomopathologique de la biopsie ou de la pièce opératoire qui permet de déterminer cette caractéristique.

Les inhibiteurs de l’HER2 sont des anticorps monoclonaux qui se fixent spécifiquement à l’HER2, bloquant ainsi son action.

Ces médicaments peuvent être utilisés en association avec la chimiothérapie ou après la chirurgie pour réduire le risque de récidive.

Principaux traitements :

a) Trastuzumab :

Le trastuzumab (Herceptin ®) est le chef de file ; c’est un anticorps monoclonal qui se fixe spécifiquement sur les récepteurs HER2 présents à la surface des cellules cancéreuses, ce qui bloque leur croissance et stimule le système immunitaire à les attaquer.

Il augmente significativement le taux de guérison et réduit le risque de rechute,

Il est administré par perfusion IV de 90 minutes pour la première injection puis en perfusion de 30 minutes chaque semaine ou toutes les 3 semaines.

– En cas de cancer non métastatique : il est démarré avec la chimiothérapie (néoadjuvante ou adjuvante) ; il est poursuivi même après l’arrêt de la chimiothérapie, pour une durée totale d’un an.

– En cas de cancer du sein HER2 positif métastatique : il est utilisé au long cours.

b) Pertuzumab :

Le pertuzumab (Perjeta ®) : anticorps monoclonal ciblant également HER2, utilisé en combinaison avec le trastuzumab, notamment pour les cancers métastatiques ou localement avancés HER2+.

c) Trastuzumab-emtansine :

Le trastuzumab-emtansine T-DM1 (Kadcyla ®) : conjugue trastuzumab et une chimiothérapie (emtansine).

Le trastuzumab agit comme une clé qui permet l’entrée de la chimiothérapie dans la cellule tumorale.

Indiqué après chirurgie chez les patientes n’ayant pas répondu à la chimiothérapie pré-opératoire associée au trastuzumab ou en seconde intention pour les formes métastatiques, HER2 surexprimé.

2) Inhibiteurs des protéines kinases :

Ces médicaments viennent se fixer à l’intérieur des cellules cancéreuses pour bloquer la division cellulaire et limiter leur prolifération.

Ils sont surtout utilisés pour les cancers du sein hormono-dépendants et HER2-négatifs à un stade avancé ou métastatique.

a) Evérolimus (Afinitor ®) : chef de file.

Il agit en se fixant sur des enzymes (les kinases cycline-dépendante 4/6), à l’intérieur de la cellule tumorale pour bloquer un des mécanismes de la division cellulaire.

Utilisé en association avec l’hormonothérapie pour les cancers métastatiques à récepteurs hormonaux positifs et HER2-négatifs.

b) Lapatinib (Tyverb ®) :

Inhibiteur de tyrosine kinase ciblant à la fois les récepteurs HER2 et EGFR (récepteur du facteur de croissance épidermique).

Il est utilisé en cas de cancer du sein métastatique, HER2 surexprimé, en cas de résistance aux autres anti-HER2, souvent en association avec la chimiothérapie.

c) Autres :

Palbociclib (Ibrance ®) et Ribociclib (Kisqali ®) : inhibiteurs des kinases CDK4/6, utilisés avec l’hormonothérapie pour les cancers localement avancés ou métastatiques, RH+ et HER2-négatifs.

3) Inhibiteurs de PARP :

Ces médicaments ciblent les cellules cancéreuses qui ont des mutations dans les gènes BRCA1 ou BRCA2 ; ces gènes sont impliqués dans la réparation de l’ADN endommagé.

Les inhibiteurs de PARP inhibent l’action de l’enzyme PARP, qui est essentielle à la réparation de l’ADN.

En bloquant cette voie de réparation, les cellules cancéreuses qui ont ces mutations ne peuvent pas survivre et meurent.

Ils sont indiqués en monothérapie pour les cancers du sein localement avancé ou métastatique HER2 négatif avec mutations BRCA, en seconde ligne après échec d’autres chimiothérapies.

4) Antiangiogéniques :

Ces médicaments bloquent le développement des vaisseaux sanguins (angiogenèse) nécessaires à la croissance tumorale en ciblant le facteur VEGF (vascular endothelial growth factor).

a) Bévacizumab (Avastin ®) :

Anticorps monoclonal anti-VEGF, utilisé pour certains cancers du sein métastatiques en association avec la chimiothérapie, administré par perfusion.

b) Sacituzumab govitecan (Trodelvy ®) :

Anticorps conjugué à une chimiothérapie, indiqué pour les cancers du sein métastatiques triple négatif.

 

Tableau récapitulatif

Classe thérapeutique

Exemples de médicaments

Indications principalesMécanisme d’action

Inhibiteurs de l’HER2

Trastuzumab, Pertuzumab, T-DM1Cancers HER2 + (15-20 % des cancers du sein)Bloque les récepteurs HER2, freine la croissance tumorale

Inhibiteurs de kinases

Évérolimus, Lapatinib, Palbociclib, RibociclibCancers RH+ / HER2- avancés/métastatiquesBloque la division cellulaire
Inhibiteurs de PARPTalazoparib, OlaparibCancers avec mutation BRCA1/2, cancers HER2- avancé / métastatique avec mutation BRCAInhibe la réparation de l’ADN dans les cellules tumorales
AntiangiogéniquesBévacizumab, Sacituzumab govitecanCancers métastatiques, triple négatifEmpêche la formation de vaisseaux sanguins tumoraux

4. Mécanisme d’action :

Les thérapies ciblées bloquent des mécanismes spécifiques des cellules cancéreuses.

Le traitement est plus ciblé sur la tumeur, son efficacité est donc plus importante, avec moins de risque d’effets secondaires.

Les thérapies ciblées sont souvent associées à la chimiothérapie, la chirurgie ou la radiothérapie pour augmenter les chances de guérison et limiter les rechutes.

Elles sont administrées principalement par perfusion (d’environ 30 minutes), parfois par voie orale, selon un rythme variable (hebdomadaire ou toutes les 3 semaines), souvent pendant un an.

5. Indications :

Les indications des thérapies ciblées sont :

– Cancer du sein HER2 positif, adjuvant ou métastatique.

– Cancer hormono-dépendant, avancé ou métastatique.

– Cancer triple négatif métastatique (pour certaines molécules).

– Cancers avec mutation BRCA1/2.

6. Effets secondaires :

Moins fréquents et moins graves que ceux de la chimiothérapie, mais possibles : troubles cardiaques (trastuzumab), digestifs, cutanés, hypertension (bévacizumab), troubles de la cicatrisation…

Certains traitements nécessitent un suivi cardiaque régulier.

7. Conclusion :

Les thérapies ciblées dans le cancer du sein sont des traitements spécifiques qui visent à attaquer les cellules cancéreuses de manière plus précise que la chimiothérapie.

Elles sont adaptés au profil moléculaire de la tumeur (HER2, récepteurs hormonaux, mutations BRCA).

Elles représentent une avancée majeure pour le traitement du cancer du sein, offrant des traitements plus efficaces et mieux tolérés, adaptés au profil génétique de chaque tumeur.

Elles améliorent les taux de guérison et la qualité de vie, tout en étant généralement utilisées en complément des traitements traditionnels.

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