Les vaginoses bactériennes sont aussi appelées les vaginites non spécifiques (VNS) ou vaginites à Gardnerella Vaginalis ou “malodeur vaginale”…
La vaginose, ou vaginose bactérienne, est un déséquilibre de la flore microbienne du vagin. Elle se caractérise par la disparition des lactobacilles et la multiplication de bactéries anaérobies tels que le Gardnerella vaginalis.
Il ne s’agit pas d’une infection sexuellement transmissible ; elle témoigne plutôt d’un déséquilibre de la flore vaginale avec disparition de l’effet protecteur du bacille de Döderlein.
Ces vaginites sont dues le plus souvent à Gardnerella vaginalis associé souvent à d’autres espèces.
Elles représentent environ 40 % des infections génitales féminines basses.
Elles ne sont pas “spectaculaires”, mais pour les femmes qui en sont affligées, leur symptôme essentiel, la “malodeur” est un fait réel qu’elles n’arrivent pas à occulter par déodorants et parfums.
1. Pathogénie :
Les vaginoses bactériennes constituent un groupe hétérogène d’infections vaginales caractérisées par la disparition de la flore lactique vaginale (bacille de Döderlein) et la prolifération isolée ou associée d’agents infectieux très divers (Gardnerella vaginalis, germes anaérobies, vibrions, mycoplasmes).
L’absence de polynucléaires, l’absence d’infections “spécifiques” (Trichomonas, Candida, gonocoque, Chlamydia) et la similitude des signes cliniques ont entraîné le regroupement de ces différentes infections sous le terme de vaginites non spécifiques, terme remplacé, depuis 1984, par celui de vaginoses bactériennes.
Le rôle pathogène de Gardnerella vaginalis est controversé, car l’infection correspond en fait à une concentration accrue de germes normalement présents dans le vagin (anaérobies) qui s’accompagne d’une disparition du lactobacille.
Germes responsables ou associés :
1) Gardnerella vaginalis :
Avant l’année 1980, il était dénommé Hæmophilus vaginalis. Ces bactéries se présentent comme des bâtonnets pléomorphes ou des coccobacilles, anaérobies facultatives. La paroi de ces bactéries ressemble à celle des bactéries Gram positif, mais du fait de la faible épaisseur de la paroi, la coloration apparaît Gram négatif ou Gram positif ou Gram variable.
Gardnerella vaginalis se localise de façon normale au niveau de la flore vaginale de la femme. Cette bactérie peut parfois, dans certaines conditions, devenir pathogène et provoquer une vaginose bactérienne (vaginite non spécifique mais terme peu adéquat car le suffixe “ite” signifie “inflammation” alors qu’il n’y a pas d’inflammation dans cette vaginose) soit comme seul germe pathogène décelé, soit en association avec d’autres bactéries : Mobiluncus.
En effet, Gardnerella vaginalis est retrouvé dans 92 % des vaginoses bactériennes (où sa quantité est multipliée par 100 !)
2) Germes anaérobies :
Certains des germes anaérobies de la flore vaginale (Bacteroides, Mobiluncus, Peptostreptococcus) et bacilles Gram positifs sont retrouvés en concentrations très élevées dans les vaginoses bactériennes (elle est plus de 1000 fois supérieure à celle observée à l’état normal).
La fréquence élevée des infections mixtes à G. vaginalis et à germes anaérobies (75 % des VNS) s’explique par une symbiose biochimique entre ces bactéries (la production d’amine par les anaérobies entraîne une augmentation de pH favorable à la croissance de Gardnerella vaginalis).
Dans 5 à 10 % de ces infections, on retrouve une prolifération de germes anaérobies uniquement.
3) Mycoplasmes : Mycoplasma Hominis
Quelque soit les bactéries concernées, il s’instaure un écosystème capable d’élaborer des amines responsables d’une hyper-desquamation de la muqueuse, parfois de réactions allergiques locales et de l’odeur désagréable des sécrétions génitales.
De nombreux facteurs ont été incriminés pour expliquer cette modification de la flore bactérienne : traitements médicamenteux (antibiotiques, antiviraux, immunosuppresseurs), déficit immunitaire acquis, irrigations vaginales, modifications hormonales, diabète, corps étrangers (dispositif intra-utérin, tampon, diaphragme), utilisation de spermicides.
Cependant l’origine réelle des déséquilibres de l’écosystème vaginal reste mal connue.
2. Clinique :
Les plaintes de la patiente sont variables :
– Le symptôme majeur est la “malodeur vaginale” associée à des leucorrhées peu ou moyennement abondantes blanchâtres à grisâtres, malodorantes.
Ces pertes ont la propriété d’être très malodorantes (odeur de poisson avarié).
Cette odeur nauséabonde peut être permanente ou présenter des recrudescences au moment de certaines périodes de la vie génitale (lorsque le milieu vaginal est alcalinisé) : période péri-ovulatoire, prémenstruelle, utilisation de produits alcalins, rapports sexuels (pH du sperme alcalin).
Absence de prurit et rareté de la dyspareunie (mais un prurit, une irritation vulvo-vaginale peuvent accompagner la leucorrhée (allergie à certaines amines ?)).
– Spéculum : leucorrhées blanchâtres à grisâtres, malodorantes, homogènes, collant aux parois vaginales ; elles sont bulleuses comme celles que l’on remarque dans les vaginites à Trichomonase. Les signes inflammatoires sont discrets ou absents ++.
3. Diagnostic positif :
Des tests simples vont permettre un diagnostic de quasi-certitude :
– un pH vaginal supérieur à la normale (> 5) (alors que le pH normal ≈ 4),
– le test à la potasse (+) : une goutte de KOH à 10 % mise au contact avec une goutte de sécrétion vaginale sur une lame de verre dégagera brutalement une odeur caractéristique de “poisson pourri” (Snif-test),
– l’examen direct au microscope des sécrétions vaginales diluées dans du sérum physiologique confirme le diagnostic et révèle :
. la quasi-disparition du lactobacille,
. une absence de leucocytes (inconstante),
. un aspect de “cellules indicatrices” (Clue-cells) : nombreuses cellules épithéliales desquamées, en amas, dont la surface est recouverte d’une multitude de petits bacilles Gram négatif ; en telle quantité que le contour des cellules est peu net ou absent. Ces cellules ne sont présentes qu’en cas d’infection et non de portage simple.
– Il existe des ponctuations dans les cellules (Giemsa).
– Les cultures du prélèvement vaginal sur milieux spécifiques sont difficiles et peu utiles ; elles confirment le diagnostic de gardnerellose isolée ou associée aux anaérobies.
Le rôle du laboratoire consistera plus à éliminer une autre IST qu’à isoler et identifier G.Vaginalis +++.
L’examen microscopique direct des leucorrhées à l’état frais et le test à la potasse permettent de distinguer les trois groupes de vaginoses bactériennes.
Les clue-cells sont caractéristiques des infections à G. vaginalis.
Le test à la potasse positif témoigne d’une prolifération excessive de germes anaérobies (tableau I).
4. Complications :
1) Pendant la grossesse :
La gravité de cette maladie se révèle pendant la grossesse puisque la vaginose bactérienne peut être responsable d’avortements spontanés, de prématurité, de RPM, d’infections fœtales, de RCIU, et enfin d’infections chez la mère en suite de couche (endométrite).
2) En dehors de la grossesse :
L’ascension des germes du vagin vers le haut appareil génital féminin peut être à l’origine d’une maladie inflammatoire pelvienne.
Bien que la vaginose bactérienne n’est pas une IST, elle serait liée à une plus grande fréquence des IST (comme le SIDA) en abaissant les défenses naturelles prodiguées par les lactobacilles.
Elle serait aussi à l’origine de salpingites qui sont délétères sur le plan de la fertilité.
5. Traitement de la vaginose bactérienne :
On pourrait penser qu’une maladie génitale, de la vulve et du vagin, entraînant des pertes blanches pourrait se traiter par des ovules ou des crèmes comme les mycoses vaginales. Mais non. Le traitement efficace de la vaginose bactérienne se prend en comprimés, car les traitements locaux ne sont pas efficaces :
– Métronidazole : FLAGYL ® 500 :
. 1 cp 2 fois par jour +++ pendant 7 jours, ou bien,
. 4 cp en une prise.
– Tinidazole : FASIGYNE ® 500 : 4 cp en une prise.
Dans les cas où ces médicaments sont contre indiqués, on peut prescrire un antibiotique de la famille des bêta-lactamine (pénicilline ou céphalosporine) pendant 7 jours.
Les récidives sont hélas fréquentes, un traitement plus long est alors prescrit.
Le ou les partenaires sexuels devront être traités aussi pour éviter toute forme de récidive.
Lorsque la vaginose bactérienne concerne la femme enceinte, il est important qu’un traitement soit mis en œuvre préalablement à l’accouchement car elle peut potentiellement accroître les risques de survenue d’une RPM ou d’une endométrite du post-partum.
Nb : Vaginose bactérienne récidivante :
Environ 15 à 30 % des patientes présentent une vaginose bactérienne récidivante un à trois mois après le traitement :
Le traitement des récidives doit associer :
– toujours du Métronidazole (500 mg, per os 2 fois par jour mais pendant 10 à 14 jours),
– à ce traitement on peut ajouter la voie vaginale (gel vaginal ou ovules) pendant 10 jours,
– on peut enfin utiliser l’association ampicilline ou amoxicilline et métronidazole,
– une lutte contre les facteurs favorisants le déséquilibre de la flore vaginale normale (douches vaginales, excès d’hygiène, carences œstrogéniques…),
– en parallèle, reconstituer une flore vaginale normale pourrait améliorer la situation, grâce aux probiotiques vaginaux (riches en lactobacilles). Les Probiotiques sont des lactobacilles “de remplacement”. Dans un premier temps, le probiotique va remplacer la flore naturelle défaillante puis créer les conditions écologiques propices à la recolonisation du vagin par cette flore naturelle.
Remèdes naturels pour le traitement de Gardnerella Vaginalis
Traitement à base de yaourt et de probiotiques :
Le yogourt est un probiotique naturel. Cela signifie qu’il contient beaucoup de bactéries bénéfiques pour le vagin. Selon les experts, manger du yogourt peut aider à introduire des bactéries saines dans le corps. Cela aide à établir un environnement vaginal équilibré et pourrait aider à lutter contre les mauvaises bactéries. Pour obtenir tous les avantages, consommez au moins une portion de yaourt par jour.
Le yogourt contient des probiotiques. Mais il existe de nombreux suppléments probiotiques disponibles. Selon une étude de 2014, il est prouvé que la prise de suppléments probiotiques au quotidien peut aider à traiter et à prévenir la vaginose bactérienne.
Si vous avez une vaginose bactérienne, prenez les probiotiques tous les jours pour aider à traiter et à prévenir de futurs cas d’infections par Gardnerella Vaginalis. Les probiotiques peuvent venir sous forme de comprimés ou de liquides. Si vous avez été traité par un antibiotique, ce médicament peut tuer les bonnes bactéries aussi bien que les mauvaises. Remplacez donc les bonnes bactéries par des suppléments probiotiques et du yaourt.
De nombreux remèdes naturels permettent de venir à bout de cette infection. On y retrouve aussi bien des extraits végétaux que des substances minérales.
Le fenugrec :
Le fenugrec est très bénéfique pour le traitement de Gardnerella Vaginalis. Il aide à améliorer le niveau de pH dans le vagin et à stimuler le système immunitaire pour accélérer le processus de guérison. Pour ce faire, trempez deux cuillères à soupe de graines de fenugrec dans un verre d’eau pendant la nuit. Le matin, buvez cette eau à jeun. Faites-le tous les jours pendant au moins un mois ou jusqu’à ce que vous remarquiez une amélioration de votre état. Alternativement, mélangez une cuillère à café de poudre de fenugrec dans une tasse de yaourt. Mangez-la recette deux fois par jour pendant plusieurs jours jusqu’à ce que vos symptômes disparaissent. Vous pouvez aussi infuser une cuillère à café de graines de fenugrec dans une tasse d’eau chaude pendant environ cinq minutes, filtrer la décoction, y ajouter un peu de miel et boire le breuvage obtenu deux ou trois fois par jour aussi longtemps que nécessaire.
Mesures de prévention efficaces contre Gardnerella Vaginalis :
Traiter l’infection est une bonne idée, mais la prévenir est encore mieux. En évitant certains comportements et en adoptant certains réflexes bénéfiques, il est possible de se prémunir contre Gardnerella Vaginalis.
Le lavage du vagin avec des savons commerciaux (habituellement alcalins) peut provoquer une irritation de la peau, des déséquilibres dans le pH et la microflore et des écoulements vaginaux accrus. Il est préférable d’éviter d’utiliser des produits parfumés comme les lubrifiants ou les tampons parfumés près de votre vagin ou à l’intérieur. Cela pourrait sembler étrange, mais la plupart des dermatologues et des experts recommandent que vous réduisiez la zone génitale irritée pendant plusieurs jours et évitez d’utiliser le savon tout ensemble. Pendant plusieurs jours, essayez de nettoyer votre vagin uniquement avec de l’eau tiède.
Parce que cette affection peut causer une odeur nauséabonde, de nombreuses femmes croient à tort qu’elle est la résultante d’une mauvaise hygiène. C’est un mythe. Le vagin est doté d’un système d’auto-nettoyage qui ne nécessite ni douches, ni savons ou parfums.
Évitez d’avoir des partenaires sexuels multiples. Bien que la vaginose bactérienne ne soit pas une maladie sexuellement transmissible, certaines pratiques sexuelles augmentent le risque de perturbation du pH vaginal. Utilisez également un préservatif pendant les rapports sexuels.