L’examen prénuptial conserve un réel intérêt de santé publique en terme de dépistage et d’éducation. Certains réflexes sont bons à conserver chez une femme qui se met en couple et désire une grossesse, comme par exemple la vérification de sa sérologie rubéole, un éventuel bilan IST, une supplémentation vitaminique en acide folique et une aide au sevrage tabagique.

Le bilan préconceptionnel est indispensable à connaître par tout futur médecin et médecin digne de ce nom.

1. Introduction :

Le certificat prénuptial était obligatoire pour le mariage civil (en France) jusqu’en 2007.

Les objectifs de l’examen prénuptial étaient :

– Bilan médical de chacun des futurs époux ;

– Prévention obstétricale : dépistage des situations à risque d’infection congénitale (rubéole et toxoplasmose +/- HIV, syphilis et hépatites virales), et d’immunisation sanguine fœto-maternelle ;

– Education du couple sur l’hygiène de vie, les infections sexuellement transmissibles (IST), les méthodes contraceptives, la grossesse.

2. Bilan préconceptionnel :

1) Interrogatoire :

Recueil des facteurs de risque pouvant avoir un impact sur la fertilité ou sur la survenue de complications obstétricales :

– Consanguinité du couple ;

– Facteurs de risque généraux : âge < 18 ans ou > 35 ans ;

– Maigreur ou au contraire surpoids et obésité ;

– ATCD médicaux (maladies infectieuses) et antécédents de transfusion sanguine ;

– Chirurgicaux, en particulier chirurgie abdomino-pelvienne ;

– Gynéco-obstétricaux : malformation utéro-vaginale, ATCD obstétricaux de grossesse pathologique (HTA, diabète gestationnel, complication thromboembolique), ATCD d’herpès génital ;

– Familiaux : ATCD (en particulier chez sa mère) de prééclampsie, de diabète de type 2, d’accidents thromboemboliques, de cancer, de pathologies héréditaires, d’hémoglobinopathies…

– Origine géographique, profession, mode de vie, tabagisme, alcool, toxiques…

– Prise de médicaments potentiellement tératogènes.

Consultation du carnet de santé ⇒ Statut vaccinal, en particulier rubéole, mais aussi rougeole, varicelle, coqueluche et grippe.

2) Examen clinique :

– Poids, taille, calcul de l’indice de masse corporelle ;

– Tension artérielle ;

– Examen gynécologique avec palpation des seins et frottis cervico-utérin de dépistage (si ≥ 3 ans).

3) Examens complémentaires :

– Détermination du groupe sanguin, Rhésus + groupe sanguin du père si Rhésus négatif chez la future mère ;

– Sérologies toxoplasmose, rubéole ;

– Proposer au couple un bilan de dépistage des IST : sérologie HIV, hépatite B, syphilis et PCR Chlamydiae sur 1er jet urinaire.

3. Mesures préconceptionnelles :

1) Mesures adaptées aux résultats du bilan clinique et paraclinique :

– En cas de traitement connu comme étant à risque tératogène dans le cadre d’une pathologie chronique (ex : épilepsie, HTA), substituer par un médicament pour lequel on a le plus de recul.

– En cas de pathologie chronique (ex : diabète, épilepsie), programmer la grossesse après avoir équilibré au mieux la patiente.

– Selon l’origine géographique du couple, pensez à prescrire une électrophorèse de l’hémoglobine. Par exemple, la thalassémie dite “mineure” est très fréquente dans les populations du pourtour méditerranéen et en cas d’hétérozygotie des deux parents, une éventuelle thalassémie homozygote chez leur enfant serait gravissime.

– En cas de facteurs de risque (âge ≥ 35 ans, IMC ≥ 25 kg/m2, antécédent familial au 1er degré de diabète, antécédent personnel de diabète gestationnel ou de macrosomie), dépistage du diabète de type 2 par une glycémie à jeun.

– Recherche d’agglutinines irrégulières si ATCD de transfusion.

– Orientation si besoin vers une consultation préconceptionnelle spécialisée en cas d’antécédents spécifiques (ex : maladie chronique, infertilité, ATCD de grossesse pathologique ou de malformation).

– Des antécédents familiaux de malformation, de maladie héréditaire imposent une consultation de conseil génétique.

2) Vaccinations :

– Vaccination contre la rubéole de toute femme dont la sérologie est négative ⇒ éviter toute grossesse dans les 2 mois suivant la vaccination.

– En l’absence d’antécédent de varicelle (après une éventuelle sérologie), il est recommandé de vacciner contre la varicelle toute femme avec un désir de grossesse. Une contraception de 3 mois est recommandée après chacune des 2 doses de vaccin requises.

– S’assurer d’une vaccination efficace du couple et de l’entourage contre la coqueluche ⇒ rappel de vaccination dans le cas contraire.

– La vaccination maternelle anti-grippale est recommandée en cas de pathologie maternelle respiratoire, cardiologique ou vasculaire, neurologique, néphrologique, de déficit immunitaire ou de diabète.

3) Mesures hygiéno-diététiques :

– Conseils diététiques en cas de surpoids avec régime alimentaire équilibré (plus grande morbidité materno-fœtale en cas de surpoids et d’obésité ainsi qu’en cas de maigreur).

– Inciter au sevrage tabagique, arrêt des toxiques (drogues, alcool).

– Diminuer la consommation de caféine à moins de 5-6 tasses par jour (café, sodas).

– Supplémentation vitaminique en acide folique (0,4 mg/j) jusqu’à 12 SA afin de prévenir le risque d’anomalies de fermeture du tube neural. 

– Recherche des situations de précarité et/ou de vulnérabilité (ex : violence domestique) et proposer un accompagnement psycho-social.

– Evaluation du risque professionnel et de la pénibilité du travail.

A RETENIR
Examen prénuptial / BIian préconceptionnel

L’obligation d’un examen prénuptial avant le mariage civil a été supprimée par la loi.

Cependant, un médecin dont une patiente se met en couple avec un désir de grossesse doit continuer à remplir une mission de prévention et de dépistage en réalisant un bilan IST et un bilan préconceptionnel auprès de patientes ayant un désir de grossesse : 

● Recueil des facteurs de risque pouvant avoir un impact sur la fertilité ou sur la survenue de complications obstétricales (interrogatoire+++, examen clinique (TA, IMC) et gynécologique (FCV)) ;

● Mise à jour des vaccinations :

o Vaccination contre la rubéole chez la femme si sérologie négative et éviter toute grossesse dans les 2 mois suivant la vaccination,

o Vaccination contre la varicelle en l’absence d’antécédent de varicelle, contraception de 3 mois après chaque dose de vaccin (2 doses au total),

o S’assurer d’une vaccination efficace du couple contre la coqueluche, et envisager un rappel de vaccination dans le cas contraire.

● Régime amaigrissant en cas de surpoids ou obésité ;

● Arrêt des toxiques : alcool, tabac, cannabis et limiter la consommation de caféine ;

● Prescription d’une supplémentation vitaminique de la femme par acide folique (0,4 mg par jour en l’absence d’antécédents) pour la prévention des anomalies de fermeture du tube neural ;

● S’assurer de l’absence de contre-indications à une grossesse : équilibre pré-conceptionnel d’un diabète préexistant (Hb glycosylée < 6,5 %), absence de traitement tératogène en cours ;

● Orientation si besoin vers une consultation pré-conceptionnelle spécialisée en cas d’antécédents spécifiques (ex : maladie chronique, infertilité, antécédents de grossesse pathologique).

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