La tératologie est une branche de l’anatomie et de la physiologie qui a pour objet l’étude des anomalies chez les êtres vivants, surtout de celles qui sont véritablement des “monstruosités”.                                               

1. Monstres unitaires anormaux : 

Les caractères anormaux sont soit somatiques, soit sexuels ; ces anomalies peuvent aussi être associées chez le même individu et former des syndromes complexes. Ces monstres ont des organes absents, surnuméraires ou anormaux.   

1) Caractères somatiques :

Les doigts peuvent être le siège d’anomalies. La polydactylie est la présence de doigts supplémentaires : elle apparaît par mutation chez de nombreux mammifères, homme compris.

En Arabie, la tribu des Foldi, à la fin du siècle dernier, ne comprenait que des sujets à six doigts et six orteils. La syndactylie, ou soudure des doigts, est héréditaire.

La brachydactylie, dans laquelle les doigts sont anormalement courts, est due à un gène qui dérègle l’embryogenèse.

2) Anomalies des membres :

Des anomalies portant sur les membres, ou l’absence de ceux-ci, sont plus rares. Ces monstruosités peuvent être dues à l’étranglement d’un membre par un repli de l’amnios, mais plus souvent ce sont des anomalies de l’os qui en sont responsables. L’hérédité intervient aussi, comme le prouve le cas des jumeaux qui présentent la même anomalie. Ces monstruosités sont les suivantes : membres antérieurs et postérieurs très réduits, à tel point que mains et pieds semblent s’insérer sur le tronc (monstre phocomèle).  

Les hémimèles ont les segments proximaux des membres normaux, mais l’avant-bras et la jambe sont réduits à des moignons privés de main ou de pied, mais parfois terminés par un ou plusieurs doigts rudimentaires.               

Les ectromèles sont caractérisés par l’absence totale, ou presque, des membres antérieurs et postérieurs. L’ectromélie s’observe chez de nombreux mammifères (cheval, mouton, porc, cobaye) et semble parfois héréditaire et il y eut même des exemples de familles humaines ectromèles.                       

Dans d’autres cas, les membres inférieurs sont soudés : c’est la symélie. Cette réunion entraîne l’atrophie d’organes vitaux et les monstres syméliens ne sont donc pas viables.

D’après le degré de fusion des membres, on distingue : les symèles, chez lesquels les deux membres sont réunis en un membre unique, mais double et terminé par deux pieds ; les uromèles, qui présentent un membre terminé par un pied unique ; les sirénomèles enfin, qui ont le membre terminé par une sorte de moignon.  

3) Organes “ratés” ou manquants :

Les célosomiens sont caractérisés par une éventration plus ou moins étendue (et toujours compliquée de diverses anomalies des membres) des organes urogénitaux ou d’autres organes du tronc. Ces monstres naissent vivants, mais meurent tôt après la naissance.  

Les exencéphaliens ont l’encéphale plus ou moins déformé et incomplet, souvent placé, au moins en partie, hors de la boîte crânienne. On distingue les notencéphales, dont l’encéphale est situé en grande partie hors de la boîte crânienne et derrière celle-ci, et les hyperencéphales, dont l’encéphale est situé en grande partie hors et au-dessus du crâne. Ces monstres meurent peu après la naissance.             

Les anencéphaliens sont caractérisés par l’absence d’encéphale ; la moelle épinière manque également en totalité ou en partie. Le crâne est largement ouvert au-dessus, et le canal rachidien offre généralement l’aspect d’une gouttière presque plate, faisant suite à la base du crâne, et renfermant un amas de sérosités. Très rare chez les animaux, l’anencéphalie ne l’est pas chez l’homme : ces monstres peuvent vivre quelques jours.

Les anomalies portant sur les organes génitaux existent aussi : elles sont à l’origine des hermaphrodites ou bisexués.

Le syndrome de Klinefelter et celui de Turner sont provoqués par des anomalies caryotypiques.                 

Un même individu peut présenter une série de monstruosités ; par exemple, l’hydrocéphalie, la polydactylie, le spina-bifida et le bec-de-lièvre sont parfois associés chez le même sujet.                                                    

2. Monstres doubles :

Ces monstres doubles, dits autositaires, sont composés de deux individus égaux en développement et jouissant d’une égale activité physiologique. Réunis par un seul point du corps, ils vivent chacun d’une vie presque distincte. Dans d’autres cas, ils sont plus intimement confondus et chacun concourt à la nutrition et à l’accomplissement des diverses fonctions nécessaires à la vie commune. La plupart de ces monstres animaux ou humains sont peu viables.                                                 

On distingue six grands groupes de monstres autositaires. Les eusomphaliens, monstres composés, réunis à l’extrémité céphalique ou à l’extrémité pelvienne, mais ayant chacun leur ombilic et autres organes distincts. 

Les monomphaliens, caractérisés par la réunion de deux sujets presque complets, mais ayant l’ombilic commun, généralement du même sexe : tels sont les “siamois”.

Les sycéphaliens, à deux corps distincts au-dessous de l’ombilic, intimement unis au-dessus, et surmontés d’une tête plus ou moins manifestement double.

Les monocéphaliens, présentant une seule tête n’offrant aucune trace de duplicité et surmontant deux corps confondus d’une manière plus ou moins intime.

Les sysomiens, présentant deux corps réunis, confondus plus ou moins intimement et que surmontent des têtes totalement séparées. Les monosomiens, essentiellement caractérisés par l’unité du corps.                       

3. Origine des monstruosités :

Certaines anomalies tératologiques sont d’origine génétique ; d’autres sont dues à des facteurs externes. Mais, surtout, des interactions entre le caryotype et l’environnement sont à l’origine de la plupart des monstruosités. Dans tous les cas interviennent une inhibition du développement et l’anomalie dépendra du stade auquel se produit cette inhibition.

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