Le médecin est heureusement plus souvent confronté aux “petits ennuis” de santé qu’à des pathologies graves, et la consultation prénatale n’échappe pas à la règle. Il se souviendra cependant :

– que certaines incommodités bénignes sont très éprouvantes,

– qu’un dérangement banal peut dissimuler une complication réelle. 

Il y a des femmes qui disent ne jamais si bien se porter que lorsqu’elles attendent un enfant ; elles découvrent qu’elles sont enceintes seulement parce que leurs règles s’arrêtent, et leur grossesse se poursuit sans trouble ni malaise jusqu’à l’accouchement. Mais dans d’autres cas, les modifications que la grossesse impose à l’organisme s’accompagnent d’ennuis ou malaises divers. 

Ces malaises varient en nature et en intensité avec le stade de la grossesse : ils apparaissent surtout au début et à la fin. 

De ce point de vue, la grossesse se divise en trois périodes :

– La première est celle de l’adaptation. Cette période dure les trois premiers mois : la grossesse “s’installe”, l’organisme s’adapte. Il réagit plus ou moins vivement. Des troubles peuvent apparaître, qui disparaîtront complètement vers le troisième mois dans la plupart des cas, mais ces troubles rendent parfois le début de la grossesse un peu pénible. Les nausées et les vomissements en sont l’exemple le plus fréquent.

– La deuxième période est celle de l’équilibre. Elle s’étend jusqu’au septième mois : les corps de la mère et de l’enfant semblent parfaitement adaptés l’un à l’autre. Les troubles ont généralement cessé. L’utérus n’est pas encore assez volumineux pour être gênant. Les risques d’avortement sont réduits au minimum. C’est la période la plus agréable de la grossesse.

– La troisième période de la grossesse, qui correspond au troisième trimestre, voit apparaître des troubles dus à deux causes : d’abord au fait que l’enfant en se développant prend de plus en plus de place dans l’utérus, ce qui peut entraîner, par exemple, fatigue et varices ; ensuite au fait que l’organisme se prépare à l’accouchement : ainsi, par exemple, les modifications du bassin qui sont souvent douloureuses.

Cette troisième période est celle de la lassitude, celle où l’on éprouve vraiment le besoin de se reposer.

Table des matières

1. Nausées et vomissements :

Si les nausées, parfois accompagnées de vomissements, sont fréquentes, elles ne se produisent quand même que dans 50 % des cas. Chez certaines, ce désagrément survient à chaque grossesse ; chez d’autres pas systématiquement.

Les nausées apparaissent en général vers la 3ème semaine, elles persistent rarement au-delà du 4ème mois.

Rien n’est plus variable et capricieux que les nausées et vomissements de la grossesse, qu’il s’agisse du moment où ils se produisent ou de la cause qui les provoque.

Les nausées surviennent souvent le matin à jeun dès le lever (hypoglycémie ?) et disparaissent après le petit déjeuner ; mais elles persistent parfois pendant la matinée, ou même toute la journée.

Parfois les nausées surviennent sans raison ; parfois, au contraire, elles sont dues à des odeurs précises (tabac ou certains aliments), odeurs pas nécessairement désagréables mais intensifiées jusqu’à la nausée par l’effet des estrogènes actifs (dominants en début de grossesse) sur le centre de l’olfaction.

Il arrive aussi que certains aliments, sans provoquer de nausées, inspirent seulement du dégoût.

Les nausées s’en vont souvent comme elles sont venues ; dans d’autres cas, elles ne s’arrêtent qu’après un vomissement, qui soulage : vomissement facile, sans effort, fait d’eau, de bile ou d’aliments, suivant l’heure de la journée.

Il est courant de constater dans ces cas un léger amaigrissement de 1 à 3 kg qui ne doit pas affoler la patiente. 

L’expérience prouve qu’à terme la prise pondérale attendue est atteinte.

Que faire lorsqu’on a des nausées ? Plusieurs précautions peuvent se révéler efficaces.

Comme les nausées et les vomissements surviennent surtout quand l’estomac est vide, il est conseillé :

– si possible de prendre son petit déjeuner au lit, puis de rester allongée un quart d’heure avant de se lever,

– à ce petit déjeuner, de manger un aliment protéiné : œufs, laitages (yaourts ou fromage)…

– si ce n’est pas possible : au moins prévoir des biscuits secs ou des fruits à grignoter avant de se lever,

– dans la journée de faire des repas légers, nombreux, selon l’appétit et le goût du moment : les mets froids, moins odorants, sont mieux supportés (5 à 6 petits repas par jour),

– de manger lentement et d’éviter les aliments difficiles à digérer tels que graisses cuites, chou, chou-fleur,

– d’éviter les plats gras, les odeurs de friture, les agrumes et les épices,

– d’avoir une alimentation plus solide que liquide,

– et enfin d’éviter les odeurs mal tolérées, qu’elles soient professionnelles (cosmétiques, fromages, épices) ou domestiques, attachées au mobilier, tapis, vêtements, voiture, et… à la cuisine.

 

Si, malgré ces précautions, les nausées et vomissements persistent, il est préférable de les traiter rapidement, sans attendre leur installation complète. Les comprimés sont parfois… vomis, il faut donc commencer la journée par un suppositoire, et poursuivre par les comprimés. Quand ça ne suffit pas, il ne faut pas hésiter à utiliser la voie injectable (Primpéran ®) le matin.

Les nausées et vomissements disparaissent spontanément vers la fin du 3ème mois. Lorsqu’ils persistent au-delà de cette date, ce n’est pas normal (chercher alors une cause indépendante de la grossesse).

 

Exceptionnellement, les vomissements peuvent devenir très fréquents et très abondants, et être responsables d’un amaigrissement important (plus de 5 kg sur quelques jours), d’une déshydratation imposant une hospitalisation. Cette hospitalisation se fera en chambre seule, l’obscurité sera maintenue, les visites interdites. Une perfusion assurera les besoins vitaux puis une réalimentation progressive sera instituée.

Cet isolement a, d’autre part, l’avantage de couper momentanément les ponts avec l’ambiance familiale, qui peut, dans de tels cas, avoir une action nocive, car souvent les vomissements graves ont une cause psychique.

A signaler également que parfois, en fin de grossesse, nausées et vomissements réapparaissent : pas plus qu’au début, ils ne doivent inquiéter.

Fleche droite 2 Voir aussi : Vomissements gravidiques

2. Salivation excessive (ptyalisme) :

Au cours de la grossesse, la salivation est souvent abondante, sans qu’on puisse trouver une explication satisfaisante à ce phénomène. Cette salivation devient parfois si considérable qu’elle atteint un litre, ou même plus, par jour.

C’est une véritable maladie qui gêne considérablement la femme obligée de déglutir et de cracher sans cesse.

Heureusement, le ptyalisme est beaucoup moins fréquent que les nausées.

Cette salivation exagérée cesse en général vers le 5ème mois.

Elle est résistante à tout traitement et récidive à chaque grossesse.

3. Aérophagie, douleurs et brûlures d’estomac :

La grossesse entraîne une certaine paresse de tous les muscles de l’appareil digestif, qu’il s’agisse de l’estomac, de l’intestin ou de la vésicule biliaire. En même temps, les sécrétions de certaines glandes dont le rôle est important dans la digestion (foie et pancréas) sont modifiées. Le résultat, c’est que très souvent la future mère a des digestions lentes et difficiles, qu’elle se sent lourde après les repas, qu’elle a des ballonnements, l’impression d’avoir le tube digestif plein d’air. A ces malaises s’ajoutent souvent des sensations d’aigreurs, de brûlures, de douleurs au niveau de l’estomac.

Tout cela est évidemment désagréable, mais il y a certaines précautions efficaces à prendre pour atténuer ces différents malaises.

D’abord, il ne faut pas trop manger +++, et faire plusieurs petits repas plutôt que les deux repas traditionnels.

Puis, il faut éviter :

– les aliments gras et épicés,

– les aliments qui fermentent (choux-fleurs, choux, légumes secs, haricots, asperges, fritures),

– les aliments difficiles à digérer, comme tous les plats en sauce,

– les assaisonnements au vinaigre, les excitants (café ou thé), les agrumes (oranges) et les boissons gazeuses.

Alors que manger ? Des grillades, des légumes verts bouillis assaisonnés de beurre ou d’huile non cuits, et des fruits.

 

Il arrive que certaines femmes se plaignent de régurgitations acides ou pyrosis (brûlures qui remontent de l’estomac vers la gorge et la bouche, le long de l’œsophage).

Ce phénomène est dû à la hernie hiatale fonctionnelle quasi constante en fin de grossesse (béance du cardia).

Les régurgitations se révèlent en position couchée ou lorsqu’on se penche en avant (signe dit “du lacet de chaussure”).

Il faut en plus des conseils cités plus haut :

– ne pas s’allonger immédiatement après manger et,

– surélever la tête du lit ou ajouter un oreiller pour éviter le reflux des sécrétions gastriques.

Le traitement doit intervenir avant l’instauration de lésions de l’œsophage : médicaments antiacides ou pansements gastriques (gels).

4. Constipation :

Au cours de la grossesse, la constipation est très fréquente. A cela deux explications : d’une part, la compression exercée par l’utérus gravide sur le tractus digestif gênant la progression du bol alimentaire, et d’autre part, l’hypotonie des fibres musculaires lisses des conduits, conséquence de l’action de la progestérone dont les taux sont considérablement augmentés durant la grossesse (la meilleure preuve en est que la constipation apparaît souvent très tôt, avant que l’utérus ne soit assez développé pour exercer une compression quelconque).

Il est nécessaire de lutter contre la constipation :

– d’abord, faire de l’exercice physique : souvent, une demi-heure de marche par jour suffit à régulariser les fonctions intestinales, mais aussi natation, gymnastique douce ;

– ensuite, veiller à l’alimentation :

. manger suffisamment de légumes verts (notamment des salades et des épinards), de fruits (en particulier prunes, raisins et poires),

. prendre des laitages (tels que lait caillé et yaourts),

. manger du pain de son,

. privilégier les haricots, les lentilles, le riz brun, l’huile d’olive,

. les pruneaux crus, ou cuits sans ajouter de sucre, sont aussi très recommandés,

– aller à la selle régulièrement, sans attendre d’en avoir envie.

Ce qui est souvent efficace, c’est simplement de boire le matin au réveil un verre de jus de fruits frais (orange en hiver, raisin en été), ou simplement un verre d’eau fraîche, et un quart d’heure après, de prendre le petit déjeuner (riche en fibres : pain complet, flocons d’avoine, figues, dattes, pruneaux trempés la veille dans de l’eau bouillante). Puis, boire plusieurs fois par jour de grands verres d’eau, entre les repas, et au moins un litre de liquide par jour.

En ce qui concerne les traitements : les gels rectaux conviennent aux constipations basses (Microlax ® souvent plus efficace que les suppositoires à la glycérine).

5. Hémorroïdes :

Ce sont des varices des veines du rectum et de l’anus : elles forment des excroissances douloureuses, plus ou moins tendues, qui peuvent donner une pénible impression de démangeaison. Elles apparaissent surtout pendant la deuxième moitié de la grossesse. Lors de l’émission des selles, il est possible que les hémorroïdes saignent.

Le traitement comprend habituellement :

– la lutte contre la constipation qui aggrave les hémorroïdes,

– éviter les épices,

– des applications locales de pommade et de suppositoires.

Il est conseillé de s’asseoir sur des chaises dures.

Même avec un bon traitement, les hémorroïdes risquent de s’aggraver dans les jours qui suivent l’accouchement ; puis elles disparaissent, du moins en grande partie.

6. Varices :

Les varices sont la conséquence d’une dilatation anormale des parois des veines.

Elles apparaissent surtout dans la deuxième moitié de la grossesse, et elles ont tendance à s’aggraver à chaque grossesse.

1) A l’origine des varices, on retrouve trois causes :

– d’abord, une mauvaise qualité du tissu qui constitue la paroi des veines (souvent héréditaire),

– la station debout prolongée (cas de certaines professions),

– enfin, la grossesse elle-même joue un rôle en distendant anormalement les parois des veines.

2) Les varices peuvent s’accompagner de troubles variés :

– sensation de pesanteur, de chaleur, de gonflement, de tension  plus ou moins douloureuse des jambes,

– parfois, les varices donnent des fourmillements ou des crampes.

Ces troubles sont accentués par la station debout, la fatigue et la chaleur.

Ils sont évidemment plus importants en fin de journée.

3) Complications :

Il est très rare que les varices se compliquent au cours de la grossesse : le classique ulcère variqueux, ne se voit que dans les varices très anciennes et est exceptionnel chez les femmes en âge d’être enceintes.

La phlébite superficielle, au niveau d’une varice, est également très rare ; elle est caractérisée par l’apparition assez brutale de douleurs et de modifications de la varice (gonflement, rougeur, chaleur).

Enfin, l’exceptionnelle hémorragie par rupture de varice n’est pas grave. Une seule chose à retenir : il ne faut pas placer de garrot, mais exercer une compression sur le point qui saigne.

En règle générale, hormis le souci esthétique, les varices n’ont pas de caractère de gravité. Après l’accouchement, elles disparaissent, au moins en partie. Mais elles ont tendance à réapparaître, et surtout à disparaître moins complètement, lorsqu’il y a d’autres grossesses.

4) Peut-on prévenir les varices ?

Dans une certaine mesure, on peut prévenir l’apparition des varices en prenant diverses précautions, qui ont toutes le même but : faciliter la circulation du sang dans les veines des jambes :

– éviter de rester debout trop longtemps : certains travaux professionnels et les travaux de ménage sont donc en cause (il faut, dans toute la mesure du possible, faire les travaux assise plutôt que debout),

– prendre l’habitude de marcher une demi-heure par jour, bien chaussée, en évitant les talons trop hauts. D’ailleurs, même sans penser au risque de varices, la marche est de toute façon le meilleur exercice pendant la grossesse,

– éviter ce qui peut comprimer les veines : chaussettes ou bottes trop serrées, bas avec des bandes élastiques,

– dormir les jambes un peu surélevées, en mettant sous les pieds du lit deux cales en bois (ou bien mettre sous les pieds un oreiller),

– il est conseillé également de s’étendre dans la journée, avec les jambes surélevées.

 

Si des varices sont déjà apparues, il est recommandé, en plus :

– d’éviter de se tenir près d’une source de chaleur, radiateur, poêle ou cheminée, car la chaleur gonfle les veines ; pour la même raison, les bains de soleil sont contre-indiqués,

– d’éviter les bains trop chauds : l’idéal est l’eau à la température du corps (37°),

– de porter des bas ou collants spéciaux qui soulagent bien : il y a deux sortes de bas : les bas dits “de maintien”, et les “bas à varices”. Les seconds, assez inesthétiques, ne sont à porter que dans les cas de varices très importantes.

Détail pratique mais qui a son importance : il est recommandé de mettre ses bas (et de les ôter) en étant allongée, car dans cette position, les veines sont moins gonflées.

5) Et les veinotoniques ?

Ils ont peu d’action sur la constitution des varices elles-mêmes. En revanche, ils peuvent être efficaces contre les troubles entraînés par les varices : pesanteur, chaleur, lourdeur…

Quant aux traitements destinés à supprimer les varices (par injections locales ou intervention chirurgicale), il ne saurait en être question pendant la grossesse. D’abord parce que ces traitements risquent d’être dangereux, ensuite, parce que, spontanément, les varices disparaissent plus ou moins complètement après l’accouchement.

Les interventions se font en général entre trois et six mois après le retour de couches.

Au cours de la grossesse, il n’est pas rare de voir, associées aux varices ou précédant leur venue, des dilatations beaucoup plus fines, rosées, rouges, ou bleu-violet, dues à la dilatation de vaisseaux capillaires. Ces dilatations qui forment un fin réseau, ou même une véritable plaque, disparaîtront au moins en grande partie après l’accouchement.

6) Varices vulvaires :

Souvent très importantes, ces varices vulvaires peuvent être cause de douleurs à la marche ou lors des rapports sexuels.

Ces varices disparaissent complètement après l’accouchement sans jamais laisser de séquelles.

En attendant, il n’y a pas de traitement à faire, sauf des soins locaux qui peuvent apporter un certain soulagement :

– bains de siège froids (sécher en tapotant et sans frotter, puis talquer modérément à sec),

– application de crème à l’oxyde de zinc (oxyplastine ®).

7. Mastodynies :

Les mastodynies de début de grossesse sont très fréquentes.

Les seins augmentent habituellement de volume dès la 5ème SA, ils sont tendus, sensibles au moindre effleurement et les mamelons sont douloureux. Ce phénomène est dû à l’action des estrogènes sur le sein.

L’augmentation brutale et importante du taux d’estrogènes dans le sang provoque une multiplication des éléments constitutifs de la glande mammaire et un œdème du tissu conjonctif responsable du phénomène douloureux.

Au deuxième trimestre disparaît la tension mammaire et si les seins restent volumineux ils ne sont plus douloureux.

8. Démangeaisons :

Elles sont banales et sans danger quand elles sont limitées à certaines zones du corps, souvent déshydratées et sur le point de se fendre de vergetures.

En général, les démangeaisons ne sont pas accompagnées d’éruptions ; le plus souvent elles sont limitées à l’abdomen ; elles peuvent être très intenses, et entraîner des lésions de grattage.

Plus rarement, elles sont dues à des modifications du fonctionnement du foie (prurit gravidique) : elles apparaissent alors au troisième trimestre, et sont parfois intenses ; elles sont plus importantes sur le ventre, les membres, les doigts et les orteils. Elles n’intéressent jamais le dos.

Si elles sont associées à une éruption de boutons ou de petites bulles, il est conseillé de consulter un dermatologue.

Le traitement de ces démangeaisons est étiologique.

Les pommades cortisoniques peuvent être efficaces mais elles doivent être maniées avec une grande prudence ; en effet, elles favorisent la formation de vergetures dont on sait qu’elles se développent particulièrement entre le 6ème et le 8ème mois.

9. Vergetures :

A partir du 5ème mois, la peau perd naturellement de son élasticité. Des marbrures roses risquent d’apparaître sur le ventre, les seins et les cuisses. Tactique anti-vergetures :

– Ne pas grossir trop brusquement.

– Massage chaque jour avec de l’huile d’amande douce ou une crème nourrissante.

Les crèmes anti-vergetures vendues en pharmacie sont très efficaces.

10. Troubles urinaires :

1) Pollakiurie :

La femme enceinte ressent une envie fréquente d’uriner (pollakiurie), surtout au début et à la fin de la grossesse : ce phénomène s’explique :

– au début parce que la vessie subit l’influence des hormones sécrétées en quantité importante (le taux élevé de progestérone concourt au relâchement du muscle sphinctérien),

– à la fin, parce que la capacité vésicale est réduite par l’expansion du volume utérin et par la compression en fin de grossesse de la vessie par la formation du segment inférieur et la descente de la tête dans la cavité pelvienne.

Pour éviter ces envies fréquentes d’uriner, la future mère a tendance à boire moins, surtout le soir pour ne pas être dérangée la nuit.

Si vraiment l’envie fréquente d’uriner devenait trop gênante : on pourra prescrire des médicaments antispasmodiques, souvent efficaces.

2) Incontinence urinaire :

Une incontinence apparaît parfois pendant la grossesse. Elle peut être modérée : difficulté à retenir les urines, ou plus importante : impossibilité de se retenir dès que l’envie survient, ou lors d’une toux, d’un éternuement, d’un effort :

– si cette incontinence apparaît pendant les 6 premiers mois : une rééducation périnéale peut être commencée sans attendre ; cette rééducation est faite par un kinésithérapeute ou un médecin,

– si cette incontinence apparaît pendant les 3 derniers mois : c’est simplement que le fœtus comprime très fort la vessie ; il suffira probablement de faire des exercices pour raffermir le périnée et le sphincter urinaire.

11. Pertes blanches : Cf chapitre spécial

12. Tendances aux syncopes et aux malaises :

1) Malaises d’origine “nerveuse” :

Il arrive que se produisent certains malaises que les futures mères croient d’origine cardiaque : cela va de la simple sensation de “tête qui tourne”, au grand malaise profond et très désagréable : sensation de perte imminente de connaissance, accompagnée de sueurs froides.

Ces troubles n’ont pas de caractère de gravité ; ils sont d’origine nerveuse, car la grossesse retentit toujours plus ou moins sur le système nerveux.

En cas de malaise, la femme doit s’allonger, les pieds surélevés, de manière que le sang afflue vers la tête.

Pour éviter ce genre de troubles, il ne faut pas rester à jeun le matin, éviter les brusques variations de température, ou le séjour dans un local trop chauffé.

2) Effet Poseiro :

En fin de grossesse, certaines femmes lorsqu’elles sont couchées sur le dos, se sentent au bord de la syncope. Pour faire disparaître ce malaise impressionnant, mais sans gravité, il suffit de se coucher sur le côté gauche, ou de s’asseoir à moitié en se calant par des oreillers. Ce malaise très particulier est dû à la compression de la veine cave inférieure par l’utérus.

Pour désagréables et impressionnants qu’ils soient parfois, ces troubles n’ont aucune conséquence.

3) Malaise hypoglycémique :

Il survient presque toujours en fin de matinée (surtout pendant les trois premiers mois de grossesse). Il se traduit par des nausées et une sensation de faim accompagnées de transpiration.

Ce malaise se produit si on a pris un petit déjeuner peu consistant : simple tasse de café ou de thé ; ou si on a mangé surtout des sucres à absorption rapide : sucre, confiture, miel. Ces sucres provoquent une sécrétion d’insuline, qui va à son tour, environ deux heures plus tard, provoquer une hypoglycémie.

Pour prévenir ce phénomène, il convient de fractionner les repas au cours de la journée et surtout d’éviter les longues périodes de jeûne, notamment en prenant un petit déjeuner conséquent (pain, œuf, fromage maigre ou un peu de viande) ; éventuellement à manger vers 10 heures une pomme ou un yaourt. 

13. Essoufflement :

Souvent dans la deuxième moitié de la grossesse, la future mère est vite essoufflée. Monter un étage est une épreuve.

Cette difficulté à respirer s’explique par le fait que l’utérus, en augmentant de volume, repousse la masse abdominale vers le haut et diminue ainsi le volume de la cage thoracique : la future mère a donc moins de place pour respirer et présente une dyspnée plus précoce à l’effort. Elle a l’impression d’étouffer. Cette sensation pourra disparaître lorsque l’enfant descendra pour s’engager dans le bassin.

Pour ne pas souffrir de ce malaise, qui s’accentue surtout au cours des deux derniers mois, il faut réduire le plus possible les efforts physiques (et obtenir une aide familiale pour soulager une mère de famille en difficulté).

Si cette difficulté à respirer devenait trop grande, il faut faire un examen cardio-vasculaire spécialisé.

14. Douleurs :

La grossesse, par les modifications qu’elle entraîne dans tout l’organisme, peut provoquer des douleurs, douleurs se situant à différents niveaux, et se produisant à différentes époques suivant le développement de l’enfant.

Il est normal que le corps s’adaptant à la grossesse, puis se préparant à l’accouchement, tout ce travail ne puisse se faire en silence.

1) Région du bassin :

– Au début de la grossesse, certaines femmes éprouvent une sensation de tiraillement ou de pesanteur au niveau du bas-ventre, sensations comparables à des douleurs de règles, survenant plus volontiers en fin de journée.

Ces douleurs inquiètent souvent les femmes parce qu’elles craignent une fausse couche ; en fait, ces douleurs correspondent à de petites contractions utérines occasionnées par des mouvements de l’utérus dans le petit bassin ; elles sont très fréquentes.

En revanche, des douleurs très violentes situées dans la même région, et se produisant également au début de la grossesse, peuvent être le signe d’une menace d’avortement ou d’une GEU.

– Par la suite, le développement de l’utérus déplace vers l’avant le centre de gravité, imposant une lordose compensatrice progressive qui peut engendrer des douleurs lombaires (qualifiées sciatique) ou pelviennes (qualifiées cystite, ou menace d’accouchement prématuré selon les irradiations).

– A la fin de la grossesse, lorsque le bassin se prépare à l’accouchement, ses articulations se relâchent peu à peu. Ce relâchement est parfois très douloureux. La femme le ressent surtout lorsqu’elle fait des efforts, ou lorsqu’elle marche.

Dans ce dernier cas, le toucher vaginal constate que le col n’est pas modifié et localise les zones sensibles : sur les releveurs de l’anus, contracturés, qui croisent latéralement le vagin à 5 cm de la vulve, sur les insertions musculo-ligamentaires endopelviennes et les surfaces osseuses (syndrome de Lacomme).

Pour soulager contractures et douleurs, il y a d’abord le repos ++ et la prescription de sédatif ou de vitamine B6 per os.

2) Jambes :

Là, les douleurs sont fréquentes.

Elles sont évidemment plus importantes lorsqu’il y a des varices.

Parfois, la douleur est ressentie comme une sciatique, c’est-à-dire qu’elle se manifeste à la face postérieure des jambes et des cuisses. Cette douleur est souvent tenace, elle est difficile à soulager. Un traitement à base de vitamines B et aussi de magnésium est parfois efficace.

– Des crampes peuvent survenir à partir du cinquième mois, dans les jambes et les cuisses, mais presque exclusivement la nuit ; elles vont parfois de paire avec une sensation de membres engourdis et de fourmillements des extrémités.

Ces crampes sont parfois si intenses qu’elles réveillent la future mère. Que faire ?

En cas de crampe, la femme doit se lever et se masser la jambe. S’il y a quelqu’un avec elle, elle doit lui demander de lui soulever la jambe et de la lever assez haut. Elle essaiera de tendre son pied dans le prolongement de la jambe, pendant que la personne qui lui tient la jambe forcera en sens inverse pour maintenir le pied perpendiculaire à la jambe.

La crampe passée, il faut faire quelques pas.

Les crampes sont souvent dues à une carence en vitamines B (surtout B6), calcium et magnésium (voir les aliments qui en contiennent).

On pourra aussi prescrire un traitement à base de vitamines B, traitement souvent couronné de succès.

Le traitement par magnésium semble aussi les réduire.

3) Bras :

Là aussi, mais en fin de grossesse, des douleurs peuvent être ressenties : le bras semble lourd et contracté, ou plein de fourmillements.

Ces douleurs apparaissent surtout à la fin de la nuit, lorsqu’on dort les bras sous la tête ou sous l’oreiller.

Voici deux mesures efficaces :

– la nuit, dormez les épaules surélevées par deux oreillers,

– le jour, évitez les gestes qui tirent sur les épaules, tel que porter des objets très lourds.

Ces douleurs sont la conséquence de compressions nerveuses dues aux modifications de la colonne vertébrale qu’entraîne la grossesse.

A signaler aussi : le syndrome du canal carpien, c’est-à-dire des fourmillements de la paume de la main qui surviennent souvent la nuit et peuvent être intenses. Ils sont dus à une compression des nerfs au niveau d’un canal qui se trouve au poignet, et s’arrêtent après l’accouchement. Lorsque ces fourmillements sont trop intenses, le rhumatologue peut faire une injection de corticoïdes dans le canal carpien qui soulage bien.

4) Mal au dos :

Enfin, de nombreuses femmes enceintes se plaignent d’avoir “mal aux reins”.

En fait, il s’agit de douleurs de la colonne vertébrale qui résultent souvent d’une attitude de cambrure exagérée (les femmes enceintes sont très cambrées, surtout à la fin de la grossesse). Ces douleurs sont plus intenses le soir, ou lorsque la femme est fatiguée, ou, enfin, après une station debout prolongée, d’où leur plus grande fréquence dans certaines professions. Elles n’ont aucun caractère de gravité.

Ces douleurs peuvent être améliorées par des exercices physiques (gymnastique), également par la natation (en particulier la nage sur le dos qui est particulièrement efficace).

Quelques conseils préventifs :

– garder une bonne position du corps,

– éviter de rester debout trop longtemps,

– éviter les talons hauts.

15. Troubles du sommeil :

Le sommeil peut être perturbé par la grossesse.

1) Au début de la grossesse :

La future mère ressent souvent un besoin irrésistible de dormir qui peut même la gêner pendant la journée.

2) En fin de grossesse :

Au contraire du début de la grossesse, la femme enceinte perd le sommeil dans la deuxième moitié de la nuit.

Cette insomnie de la fin de la grossesse est due au fait que le fœtus remue de plus en plus, et à l’augmentation des crampes et douleurs variées fréquentes à cette époque.

Comment lutter contre cette insomnie qui risque d’accentuer la fatigue ressentie à la fin de la grossesse ? Quelques moyens simples sont souvent efficaces :

– faire un repas léger le soir,

– éviter les excitants tels que café et thé,

– faire une petite promenade avant le dîner,

– prendre une douche chaude avant de se coucher,

– boire au moment de se mettre au lit une tasse de lait sucré ou de tilleul, ou prendre un verre d’eau sucrée auquel on ajoutera trois cuillerées d’eau de fleur d’oranger,

– essayer aussi des sédatifs légers à base de plantes (comme Passiflorine ® ou Euphytose ®, vendus en pharmacie).

Si aucun de ces moyens n’est efficace, la femme doit demander un médicament pour dormir. Pris à dose normale, et sur prescription médicale, un somnifère ne peut avoir de conséquence fâcheuse ni sur la grossesse ni sur le fœtus.

Attention aux tranquillisants : leur inconvénient majeur est de créer une accoutumance ; il est donc difficile de les arrêter et ces médicaments posent des problèmes de sevrage.

L’insomnie est parfois due à la crainte de l’accouchement qui approche. Il faut en parler avec son entourage.

Parler c’est toujours bon, garder pour soi ses craintes ne fait que les renforcer. Et la tranquillité d’esprit, c’est ce qui permet d’arriver détendue à l’accouchement.

16. Changements d’humeur :

De nombreuses femmes voient leur caractère changer pendant la grossesse : elles deviennent irritables, anxieuses ou très émotives. Même lorsqu’elles sont heureuses d’attendre un enfant, elles ont parfois des idées moroses qui les étonnent.

Il peut y avoir de nombreuses raisons à ces modifications du caractère : peur des changements qu’entraîne dans toute famille une naissance, angoisse d’avoir un enfant anormal, peur de l’accouchement.

De telles craintes sont compréhensibles, surtout s’il s’agit d’une primipare. Tout est encore inconnu pour la patiente, tout lui semble mystérieux dans ce qui se passe et dans son corps et dans son esprit.

Il faut en parler avec le mari, pour surmonter ensemble ces craintes.

Si le mari n’est pas là, il faut en parler à une amie ou une sœur, et elle découvrira avec soulagement que ces craintes ont été les leurs.

 

Voici donc terminée la liste des malaises courants que peut provoquer une grossesse. Cette liste peut paraître longue.

Il y a des femmes qui traversent leur grossesse sans la moindre gêne, pendant que d’autres vont de vomissements en nausées, et de nausées en douleurs variées. Ces différences correspondent d’ailleurs souvent à des différences de tempérament.

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