1. Objectifs du traitement chirurgical :

1) Principaux :

Historiquement, le traitement visait à retirer totalement la tumeur, la glande mammaire et les ganglions lymphatiques, menant à des interventions très mutilantes (mastectomie radicale élargie).

Cependant, ces opérations n’ont pas amélioré la survie des patientes.

Depuis les années 80, le traitement conservateur (ablation partielle du sein + radiothérapie) est devenu la norme pour les petits cancers.

2) Secondaires :

Ils sont pour but d’améliorer la qualité de vie, préserver l’esthétique et limiter les séquelles fonctionnelles, notamment grâce à des techniques moins agressives et une meilleure prise en charge psychologique.

2. Techniques chirurgicales :

1) Généralités :

– Préparation cutanée : rasage atraumatique de l’aisselle la veille de l’opération après un savonnage rigoureux, douche préopératoire le matin de l’opération.

– Installation : position du bras permettant un accès optimal à l’aisselle, tout en évitant la tension musculaire. L’opérateur s’installe du côté du sein pathologique, face au creux axillaire, l’aide de l’autre côté de la table d’opération.

– Lymphostase : ligature minutieuse des pédicules cellulo-graisseux pour éviter les complications lymphatiques. Cette technique doit être particulièrement rigoureuse en haut, sous la veine axillaire et dans le prolongement supéro-interne. Ces ligatures peuvent être effectuées par fil ou clip, résorbables ou non.

– Soins postopératoires : pas de changement du pansement avant le 3ème jour sauf s’il est souillé de sang, retrait des drains au 6ème jour, kinésithérapie systématique après curage axillaire.

2) Traitements conservateurs :

Tumorectomie large/quadrantectomie + curage axillaire + radiothérapie.

Indiqué pour tumeurs ≤ 3 cm, non rétro-aréolaires.

Permet diagnostic histologique précis et étude des récepteurs hormonaux.

3) Traitements radicaux :

– Mastectomie radicale modifiée (MRM) : ablation du sein, conservation du grand pectoral : opération de Patey puis Madden  : Cf chapitre spécial

– Mastectomie radicale (Halsted) : ablation des deux muscles pectoraux (n’est plus réalisée actuellement).

3. Complications chirurgicales :

1) Complications peropératoires :

Risque faible de blessure vasculaire lors du curage axillaire.

La blessure accidentelle des nerfs du grand dentelé et du grand dorsal est exceptionnelle : elle est à l’origine d’une paralysie musculaire gênante que la suture du nerf ne parvient généralement pas à éviter.

2) Complications post-opératoires immédiates :

a) Lymphorrhée :

Elle est fréquente, peut nécessiter ponction ou drainage : Cf chapitre spécial

b) Hémorragie :

L’hémorragie postopératoire immédiate est très rare ; elle n’est jamais cataclysmique. Mais elle peut justifier une réintervention en urgence pour lier un vaisseau dont la ligature n’a pas tenu.

c) Infections :

Les infections post-opératoires sont exceptionnelles et se résument aux lymphocèles infectées secondairement.

d) Douleurs :

Les douleurs postopératoires sont fréquentes et d’intensité variable. Elles sont parfois difficiles à calmer.

e) Raideurs de l’épaule :

Elles sont dues à une immobilisation prolongée qui ne doit pas exister dans ce type de chirurgie. L’immobilisation est conseillée durant les 3 ou 4 premiers jours pour faciliter l’arrêt de la lymphorrhée. Au-delà, une mobilisation douce et active permet de retrouver une épaule normale en quelques semaines.

3) Complications chirurgicales tardives (Cf. Chapitre du curage axillaire).

4. Indications chirurgicales :

Nous n’envisagerons ici que les protocoles de traitement des malades justifiant un acte chirurgical.

1) Carcinomes infiltrants :

– Petits cancers (stade I et II) : traitement conservateur.

– Cancers ≥ 3-4 cm : mastectomie radicale modifiée.

– En cas de N+ (ganglions positifs) : avant la ménopause : chimiothérapie adjuvante systématique, après la ménopause ou l’âge de 50 ans : tamoxifène. Les N- sont soumis à une simple surveillance.

2) Carcinomes « in situ » :

On distingue deux grands types histologiques :

– CLIS : tumorectomie large + surveillance annuelle.

– CCIS : pronostic plus réservé, leur fréquence augmente avec les campagnes de dépistage.

Dans la moitié des cas, ils sont révélés par des microcalcifications isolées. Leur traitement dépend du type histologique :

. carcinome à petites cellules : traitement conservateur possible : tumorectomie large + curage + radiothérapie,

. grandes cellules/comédo-carcinomes : mastectomie + curage.

3) Récidives locales :

– Après traitement conservateur : mastectomie de rattrapage ou nouveau traitement conservateur selon le cas.

– Après mastectomie : pronostic réservé, chirurgie possible pour confort ou si radiothérapie déjà réalisée.

4) Tumeurs évolutives / inflammatoires :

Ces formes de cancer du sein sont particulièrement graves et donnent lieu très souvent à une diffusion métastatique rapide et non contrôlable. 

Priorité à la chimiothérapie, puis chirurgie « de propreté » possible pour améliorer la qualité de vie.

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