1. Généralités :

Les microdélétions du chromosome Y sont des pertes de petites régions d’ADN sur le chromosome Y qui peuvent entraîner des problèmes de fertilité et d’autres complications chez les hommes.

Ces microdélétions sont généralement associées à des azoospermies sécrétoires ou oligospermies sévères (< 1 M/ml).

Il existe plusieurs régions spécifiques du chromosome Y où des microdélétions sont connues pour se produire.

Ces microdélétions portent sur une partie du bras long du chromosome Y (Yq), appelée locus AZF (Azoospermia Factor).

Au sein du locus AZF, on distingue les 3 sous régions AZFa, AZFb et AZFc sur lesquelles portent les microdélétions par ordre de fréquence croissant.

Les délétions peuvent être situées sur une ou sur plusieurs régions.

2. Epidémiologie :

La fréquence des microdélétions du chromosome Y varie selon la population étudiée.

Les études ont montré que les microdélétions du chromosome Y sont plus courantes chez les hommes infertiles que dans la population générale.

Dans la population générale, la prévalence est estimée à environ 1 %. Cependant, chez les hommes présentant une azoospermie, la fréquence des microdélétions du chromosome Y peut atteindre jusqu’à 15-20 %. 

3. Diagnostic :

La recherche de microdélétions du chromosome Y est envisagée devant la découverte d’une oligospermie sévère ou d’une azoospermie sur le spermogramme effectué dans le cadre d’un bilan d’infertilité.

Elle est généralement réalisée par une méthode appelée PCR multiplexe spécifique du chromosome Y (ou multiplex PCR Y-SNP). Voici les étapes générales du processus :

1. Prélèvement d’échantillon : un échantillon de sang, de salive ou de tissu est prélevé sur le patient.

2. Extraction de l’ADN : l’ADN est extrait de l’échantillon prélevé à l’aide de techniques appropriées. Il existe différentes méthodes disponibles pour extraire l’ADN, et elles peuvent varier en fonction du type d’échantillon utilisé.

3. Préparation de l’échantillon d’ADN : l’ADN extrait est préparé pour la PCR multiplexe spécifique du chromosome Y. Cela peut impliquer l’amplification de régions spécifiques du chromosome Y, qui sont connues pour contenir des microdélétions associées à des troubles génétiques.

4. PCR multiplexe spécifique du chromosome Y : il s’agit d’une technique qui permet d’amplifier plusieurs régions d’ADN en une seule réaction.

5. Analyse des résultats : les produits de la PCR sont ensuite analysés par électrophorèse sur gel ou par d’autres méthodes d’analyse de l’ADN. Cela permet de déterminer si des microdélétions sont présentes dans les régions amplifiées du chromosome Y. Résultat : en 9 jours maximum. Prix : 160 €.

Nb : une biopsie testiculaire permet la recherche de spermatozoïdes dans le testicule, en cas d’azoospermie.

Les profils histologiques sont variables en fonction de la région sur laquelle portent les délétions :

– Sous région AZFa : absence totale des cellules de la lignée germinale (Sertoli cell only syndrome, de type I).

– Sous région AZFb : arrêt de maturation de la spermatogenèse au niveau spermatocytaire (Spermatogenic Arrest).

– Sous région AZFc : plusieurs tableaux sont possibles, allant de l’azoospermie avec présence de quelques cellules germinales (Sertoli cell only syndrome, de type II) à une oligospermie. Les chances de retrouver des spermatozoïdes à la biopsie testiculaire dans ce cas est d’environ 50 %.

Les délétions complètes des régions AZFa, AZFb, AZFb+c sont toujours associées à une azoospermie.

En cas de délétions partielles, il est possible de retrouver une oligospermie sévère.

4. Mode de transmission :

Le mode de transmission est lié au chromosome Y (ne se transmet qu’aux garçons), avec une pénétrance variable (le pourcentage d’expressivité de la maladie est variable). Les délétions héritées du père sont des cas rares à cause de l’infertilité qu’elles provoquent et la faible chance de conception spontanée. Il s’agit le plus souvent de délétions “de novo”.

5. Conseil génétique :

Lorsque des spermatozoïdes matures sont retrouvés dans le sperme ou dans le testicule (par biopsie testiculaire), il est possible d’avoir recours aux techniques de PMA de type ICSI (Intracytoplasmic Sperm Injection) avec sperme éjaculé ou sperme testiculaire (TESE, Testicular Sperm Extraction).

Si l’enfant à naître est un garçon, il peut hériter les délétions du chromosome Y et présenter également une infertilité une fois arrivé à l’âge adulte.

6. Traitement :

Le couple doit bénéficier d’une consultation de conseil génétique avant d’être inclus dans un protocole de PMA par ICSI. Certains points seront alors évoqués :

– Peu de recul pour identifier les risques encourus de ces techniques dans ce contexte ;

– Risque de stérilité pour les enfants de sexe masculin ;

– Nécessité d’un suivi de ces enfants après la naissance ;

– Intérêt d’une congélation préventive du sperme du fils d’un homme porteur de délétions du chromosome Y après la puberté afin de préserver ses possibilités de concevoir.

En l’absence de spermatozoïdes retrouvés, le couple peut avoir recours à une insémination artificielle ou à une FIV avec sperme de donneur…

Les microdélétions de l’Y et stérilité

Trois zones situées sur le bras long du chromosome Y jouent un rôle important dans la spermatogenèse. Des délétions de l’une ou plusieurs de ces zones sont corrélées avec des troubles importants de la spermatogenèse. 

Elles existent chez bon nombre de patients présentant une oligospermie sévère ou une azoospermie sécrétoire.

La transmission de l’anomalie à la descendance mâle devient possible du fait de l’ICSI, avec les mêmes troubles de la spermatogenèse.

La recherche des microdélétions n’est cependant pas possible partout en routine.

Pour plus de détails :

Le diagnostic des microdélétions du chromosome Y peut être fait à l’aide de différentes techniques de laboratoire. Voici les principales méthodes utilisées :

  1. Analyse de caryotype : cette technique permet de visualiser les chromosomes sous un microscope pour détecter d’éventuelles anomalies structurales. Cependant, les microdélétions du chromosome Y ne sont pas toujours visibles avec cette méthode car elles sont souvent trop petites.

  2. Analyse par PCR : cette méthode permet d’amplifier spécifiquement une région du chromosome Y et de détecter les microdélétions en utilisant des amorces spécifiques. Il existe plusieurs kits commerciaux disponibles pour cette analyse.

  3. Hybridation in situ en fluorescence (FISH) : cette technique utilise des sondes fluorescentes spécifiques du chromosome Y pour visualiser les microdélétions. Les sondes se lient spécifiquement aux régions d’intérêt et peuvent être détectées à l’aide d’un microscope à fluorescence.

  4. Analyse par séquençage de nouvelle génération (NGS) : cette méthode permet de séquencer l’ensemble du chromosome Y pour détecter les microdélétions. Elle offre une résolution plus élevée que les autres méthodes, mais peut être plus coûteuse et nécessite une expertise en bio-informatique pour analyser les données.

Il est important de noter que le diagnostic des microdélétions du chromosome Y peut être complexe et nécessite souvent une combinaison de ces techniques pour obtenir des résultats précis. De plus, il est recommandé de consulter un généticien ou un spécialiste pour interpréter les résultats et fournir des conseils appropriés.

Chromosome Y
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