1. Généralités :

Les microdélétions du chromosome Y représentent une des causes génétiques les plus fréquentes de l’infertilité masculine. Cette cause concerne plus précisément les azoospermies ou oligospermies sévères d’origine sécrétoire.

Ces microdélétions portent sur une partie du bras long du chromosome Y (Yq), appelée locus AZF (Azoospermia Factor).

Au sein du locus AZF, on distingue les sous régions AZFa, AZFb et AZFc sur lesquelles portent les microdélétions par ordre de fréquence croissant.

Les délétions peuvent être situées sur une ou sur plusieurs régions.

2. Epidémiologie :

La prévalence des microdélétions du chromosome Y dans la population générale est estimée à 1/2500. Elles concernent toutes les populations, sans être liées à des facteurs ethniques. Le degré d’infertilité peut s’aggraver avec l’âge par une baisse progressive du nombre des spermatozoïdes, notamment dans les délétions de la région AZFc.

3. Diagnostic :

La recherche de microdélétions du chromosome Y est envisagée devant la découverte d’une oligospermie sévère ou d’une azoospermie sur le spermogramme effectué dans le cadre d’un bilan d’infertilité.

Le diagnostic est fait par caryotype sanguin (effectué par simple prise de sang) avec PCR (amplification des gènes concernés).

Il n’existe pas de signes cliniques visibles ou d’autres symptômes chez les hommes porteurs de délétions du chromosome Y, en dehors de l’infertilité.

Une biopsie testiculaire permet la recherche de spermatozoïdes dans le testicule, en cas d’azoospermie. Les profils histologiques sont variables en fonction de la région sur laquelle portent les délétions :

– Sous région AZFa : absence totale des cellules de la lignée germinale (Sertoli cell only syndrome, de type I).

– Sous région AZFb : arrêt de maturation de la spermatogenèse au niveau spermatocytaire (Spermatogenic Arrest).

– Sous région AZFc : plusieurs tableaux sont possibles, allant de l’azoospermie avec présence de quelques cellules germinales (Sertoli cell only syndrome, de type II) à une oligospermie. Les chances de retrouver des spermatozoïdes à la biopsie testiculaire dans ce cas est d’environ 50 %.

Les délétions complètes des régions AZFa, AZFb, AZFb+c sont toujours associées à une azoospermie.

En cas de délétions partielles, il est possible de retrouver une oligospermie sévère.

4. Mode de transmission :

Le mode de transmission est lié au chromosome Y (ne se transmet qu’aux garçons), avec une pénétrance variable (le pourcentage d’expressivité de la maladie est variable). Les délétions héritées du père sont des cas rares à cause de l’infertilité qu’elles provoquent et la faible chance de conception spontanée. Il s’agit le plus souvent de délétions “de novo”.

5. Conseil génétique :

Lorsque des spermatozoïdes matures sont retrouvés dans le sperme ou dans le testicule (par biopsie testiculaire), il est possible d’avoir recours aux techniques de PMA de type ICSI (Intracytoplasmic Sperm Injection) avec sperme éjaculé ou sperme testiculaire (TESE, Testicular Sperm Extraction).

Si l’enfant à naître est un garçon, il peut hériter les délétions du chromosome Y et présenter également une infertilité une fois arrivé à l’âge adulte.

6. Traitement :

Le couple doit bénéficier d’une consultation de conseil génétique avant d’être inclus dans un protocole de PMA par ICSI. Certains points seront alors évoqués :

– Peu de recul pour identifier les risques encourus de ces techniques dans ce contexte ;

– Risque de stérilité pour les enfants de sexe masculin ;

– Nécessité d’un suivi de ces enfants après la naissance ;

– Intérêt d’une congélation préventive du sperme du fils d’un homme porteur de délétions du chromosome Y après la puberté afin de préserver ses possibilités de concevoir.

En l’absence de spermatozoïdes retrouvés, le couple peut avoir recours à une insémination artificielle ou à une FIV avec sperme de donneur…

Les microdélétions de l’Y et stérilité

Trois zones situées sur le bras long du chromosome Y jouent un rôle important dans la spermatogenèse. Des délétions de l’une ou plusieurs de ces zones sont corrélées avec des troubles importants de la spermatogenèse. 

Elles existent chez bon nombre de patients présentant une oligospermie sévère ou une azoospermie sécrétoire.

La transmission de l’anomalie à la descendance mâle devient possible du fait de l’ICSI, avec les mêmes troubles de la spermatogenèse.

La recherche des microdélétions n’est cependant pas possible partout en routine.

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