1. Epidémiologie et facteurs de risque :

– Rareté : le cancer épidermoïde du vagin représente environ 1 à 2 % des cancers gynécologiques et 1 pour 50 cancers du col utérin.

– Age moyen : il survient principalement chez les femmes âgées de plus de 60 ans, avec un pic d’incidence entre 60 et 70 ans.

– Facteurs de risque :

. Pessaire vaginal : l’irritation chronique liée à un pessaire mal adapté ou porté sur le long terme est un facteur de risque reconnu.

. Infection par le HPV (virus du papillome humain) : bien que moins fréquent que dans le cancer du col, certains sous-types de HPV (notamment 16 et 18) sont impliqués dans la carcinogenèse vaginale.

. Antécédents de néoplasie intraépithéliale vulvaire ou vaginale (VIN, VaIN).

. Tabagisme et immunodépression (VIH, greffes).

. Radiothérapie pelvienne antérieure (pour un autre cancer gynécologique).

2. Présentation clinique :

1) Symptômes :

– Métrorragies : saignements vaginaux spontanés ou provoqués (rapports sexuels, examen gynécologique).

– Leucorrhées purulentes : écoulements malodorants, parfois hémorragiques, évoquant une surinfection.

– Douleurs pelviennes ou dyspareunie (rapports douloureux).

– Symptômes urinaires (dysurie, hématurie) ou digestifs (constipation) en cas d’extension locale.

2) Examen clinique :

– Lésion ulcéreuse ou bourgeonnante, souvent saignante au contact.

– Localisation préférentielle : paroi postérieure du vagin (1/3 supérieur).

– Surinfection fréquente (aspect inflammatoire, écoulement purulent).

3. Diagnostic :

1) Examen clé : biopsie de la lésion pour analyse histologique.

– L’histologie confirme le carcinome épidermoïde (kératinisant ou non kératinisant).

– Immunohistochimie : marqueurs comme la p40 ou la p63 pour confirmer l’origine épidermoïde.

2) Bilan d’extension :

– IRM pelvienne : évalue l’extension locale (vessie, rectum) et ganglionnaire (ganglions pelviens et inguinaux).

– TDM thoraco-abdomino-pelvien : recherche de métastases à distance.

– PET-scan : utile pour les stades avancés ou en cas de suspicion de récidive.

4. Classification :

Utilisation de la classification FIGO (similaire à celle du cancer du col utérin).

5. Prise en charge thérapeutique :

1) Traitement localisé (lésions limitées) :

a) Chirurgie :

– Exérèse locale large pour les petites lésions (< 2 cm).

– Vaginectomie partielle ou totale si la lésion est étendue.

– Curage ganglionnaire (pelvien et/ou inguinal) en fonction du stade.

b) Radiothérapie exclusive :

– Alternative à la chirurgie pour les patientes inopérables.

– Curiethérapie vaginale + radiothérapie externe.

2) Traitement des lésions du 1/3 supérieur du vagin :

Approche similaire au cancer du col utérin :

– Radiothérapie concomitante à la chimiothérapie (cisplatine) pour les stades IB2 à IVA.

– Chirurgie (hystérectomie élargie + vaginectomie) pour les stades précoces.

3) Traitement des stades avancés/métastatiques :

a) Chimiothérapie palliative :

– Protocoles à base de cisplatine + 5-FU ou carboplatine + paclitaxel.

– Immunothérapie (pembrolizumab) en cas de tumeur MSI-H ou dMMR (rare).

b) Soins de support :

Prise en charge de la douleur, des saignements, et des infections.

6. Pronostic et suivi :

1) Pronostic :

– Survie à 5 ans : ~ 40-50 % pour les stades précoces, < 20 % pour les stades avancés.

– Facteurs de mauvais pronostic : taille tumorale > 4 cm, envahissement ganglionnaire, extension aux organes adjacents.

2) Suivi :

– Examen clinique tous les 3-6 mois pendant 2 ans, puis annuel.

– IRM pelvienne en cas de suspicion de récidive.

– Frottis vaginaux pour dépister une récidive ou une néoplasie intra-épithéliale.

7. Dépistage et prévention :

1) Dépistage :

– Frottis vaginaux chez les femmes à risque (antécédents de VaIN, radiothérapie pelvienne).

– Colposcopie en cas de lésion suspecte.

2) Prévention :

– Vaccination anti-HPV (efficace contre les sous-types 16 et 18).

– Arrêt du tabac.

– Surveillance des patientes porteuses de pessaire (changer régulièrement, éviter les irritations chroniques).

8. Points clés à retenir :

AspectDétails
ÉpidémiologieRare, femme âgée (> 60 ans), lié au pessaire ou au HPV.
SymptômesMétrorragies, leucorrhées purulentes, lésion ulcéreuse/bourgeonnante.
DiagnosticBiopsie + IRM pelvienne + bilan d’extension.
TraitementChirurgie/radiothérapie (1/3 supérieur = approche « cancer du col »).
PronosticLié au stade : survie à 5 ans de 40-50 % (stades précoces).

 

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