La contraception traditionnelle est hautement contraignante et ne peut être utilisée que par des couples motivés.

1.  Coït interrompu :

C’est une des plus anciennes méthodes de contraception. Il s’agit du retrait du partenaire masculin à l’instant précis où il ressent l’imminence de l’éjaculation.

Il se traduit en consultation par des expressions du type : “nous faisons attention” ou “il se retire“.

Il exige une bonne maîtrise de soi et peut convenir à des hommes bien conditionnés à cette habitude et aimant garder l’initiative de la contraception.

1) Précautions :

Certaines précautions doivent être spécifiées :

– l’éjaculation ne doit pas avoir lieu à la vulve car le sperme pourrait entrer en contact avec la glaire et permettre l’ascension des spermatozoïdes,

– l’homme doit faire une toilette du pénis et “balayer” par une miction le sperme resté dans l’urètre, avant toute nouvelle pénétration. 

Sans cela, malgré sa bonne foi, il risque d’introduire, avec ses sécrétions, des spermatozoïdes encore fécondants dans le vagin de sa partenaire.

2) Echecs du coït interrompu :

Ils sont assez nombreux, malgré ces précautions, pour plusieurs raisons :

– il peut déjà y avoir des spermatozoïdes dans le liquide “du désir” (liquide séminal pré-éjaculatoire), donc au début du rapport,

– certains hommes ne perçoivent pas l’imminence du premier jet (particulièrement riche en spermatozoïdes) et se retirent trop tard,

– et surtout, parce que les couples, connaissant mal le moment de fécondité, pratiquent le coït interrompu de temps à autre au gré du hasard.

Cette méthode est à déconseiller aux éjaculateurs précoces et aux femmes anxieuses qui ne peuvent se détendre de peur que l’homme ne se retire à temps.

Les femmes sachant pouvoir faire confiance à leur partenaire, peuvent, s’il sait attendre leur plaisir, s’en trouver satisfaites.

Certaines femmes pensent qu’il n’y a pas d’orgasme possible sans perception de l’éjaculation, d’autres ressentent une frustration plus affective que sexuelle lors de la désunion trop précoce et trop brusque.

3) Efficacité :

Elle est médiocre : taux d’échec : 19 % (autrement dit 19 % des femmes utilisatrices seront enceintes dans l’année).

4) Innocuité totale

5) Acceptabilité :

Elle est critiquable : elle prive le couple d’une pleine satisfaction sexuelle.

6) Risques de la méthode :

– Les sécrétions masculines pré-éjaculatoires contiennent fréquemment des spermatozoïdes,

– le contrôle masculin précis est difficile à réaliser,

– la méthode peut avoir un impact émotionnel négatif chez l’un ou les deux partenaires.

7) Avantage :

Le seul avantage offert par la méthode est qu’elle est applicable en toute circonstance et qu’elle ne coûte rien.

2. Méthodes d’abstinence périodique :

Elles sont basées sur le principe d’identification de la période fertile, et ont pour principe que la femme n’est fécondable que quelques jours par mois, jours encadrant l’ovulation qui est unique pour chaque cycle.

L’ovule n’étant fécondable que 24 à 48 heures, passé ce délai, le risque disparaît. Par contre, les spermatozoïdes déposés dans les voies génitales féminines lors d’un rapport ayant précédé ce moment “privilégié” peuvent survivre (dans les glandes endocervicales en particulier) pendant trois jours et parfois davantage.

Cette continence périodique est peu efficace, très astreignante et entraîne de longues périodes de continence, source de difficultés conjugales.

Il s’agit donc de reconnaître le moment de l’ovulation.

• Il en existe trois variantes :

– la méthode du calendrier,

– la méthode des températures,

– la méthode de la glaire cervicale. 

1) Méthode du calendrier (ou méthode Ogino-Knauss) :

Ogino et Knauss ont proposé une méthode basée sur l’étude de la longueur des cycles des 6 à 12 derniers mois.

En effet, si la date des règles a été soigneusement relevée durant un laps de temps important, les cycles les plus longs et les plus courts peuvent être mis en évidence.

L’abstinence est de rigueur pendant la période où l’ovulation peut survenir, avec rapports autorisés seulement pendant “la période physiologique d’infécondité”. 

• La méthode Ogino repose sur trois suppositions :

– l’ovulation a lieu 14 jours avant les règles suivantes,

– les spermatozoïdes survivent 3 jours et l’ovule 48 heures dans les voies génitales,

– Il y a une ovulation par cycle. 

• Les calculs sont effectués de la manière suivante :

. Premier jour de fertilité = 10 + (longueur du cycle le plus court – 28 jours),

. Dernier jour de fertilité = 17 + (  ”     ”     ”     ”     ”     ”     ”     long – 28 jours). 

En pratique, pour un cycle régulier de 28 jours, les rapports sont déconseillés du 10ème au 17ème jour après le début des règles.

Un cycle d’une longueur variant entre 25 et 32 jours devrait imposer l’abstinence du 7ème au 21ème jour, durée que de nombreux couples peuvent trouver intolérable. 

•  Les limites de cette technique sont :

– une date d’ovulation imprévisible d’un cycle à l’autre, y compris chez une femme aux cycles réguliers,

– la survie des spermatozoïdes peut atteindre 5 à 7 jours dans la glaire cervicale,

– deux ovulations sont possibles au cours d’un même cycle,

– et enfin, l’ovulation a lieu 12 à 17 jours avant les menstruations suivantes (14 jours avant dans seulement 18 % des cas).

L’abstinence risque d’être d’autant plus longue que les cycles sont plus irréguliers.

Il s’agit de la méthode naturelle la plus utilisée au monde, mais c’est aussi la moins efficace (IP = 25 %), d’où l’expression “bébés Ogino”. 

2) Méthode des températures :

• Principe : cette méthode est fondée sur :

– l’élévation de la température basale du corps dès l’ovulation, ce qui implique une prise correcte, quotidienne de la température chaque matin au réveil et,

– une abstinence absolue jusqu’au 3ème jour après le décalage thermique. 

• Mode d’emploi :

La température (rectale) doit être prise quotidiennement, avec le même thermomètre, avant le lever et reportée sur un graphique spécial ayant une échelle adaptée.

Une courbe biphasique sera mise en évidence, si le cycle menstruel est normal.

Peu de temps après l’ovulation, la température de base augmente de 4 à 5 dixièmes de degré, et quand la température reste élevée pendant 3 jours, il est certain que l’ovulation a eu lieu et le reste du cycle est une période “sûre”. La courbe ne permet pas de prédire l’ovulation.

Cette méthode seule requiert une longue période d’abstinence (du 1er jour des règles jusqu’au 3ème jour de plateau), et n’est pas interprétable lorsqu’une variation de température est induite par une autre cause.

Elle ne peut être utilisée en cas d’allaitement, de traitement hormonal, d’horaires irréguliers (travail, sommeil).

Les échecs sont en rapport surtout avec l’incapacité de nombreux couples de s’abstenir aussi longtemps qu’il est nécessaire.

Son efficacité en est le reflet : l’IP théorique est de 3 %, mais de 20 % en pratique. 

• Acceptabilité : elle est très médiocre.

Cette méthode est contraignante et la période d’infécondité certaine se limite aux derniers jours du cycle seulement. Les rapports sont déconseillés pendant la première partie du cycle pour deux raisons : l’ovulation peut survenir de façon anticipée et surtout la survie des spermatozoïdes peut dépasser largement les deux ou trois jours habituels.

Cela peut être une méthode très sûre pour des couples méthodiques et scrupuleux, motivés par des impératifs religieux ou moraux, mais elle ne peut convenir qu’à des femmes douées d’un bon équilibre hormonal et en dehors de toute affection fébrile. 

• Variantes : Tests d’ovulation urinaires :

Ils détectent le pic de LH dans les premières urines du matin : l’ovulation a lieu dans les 48 heures suivant le pic de LH dans 97 % des cas.

Intérêt : affirmer la phase post-ovulatoire inféconde, 3 jours après la détection du pic de LH. 

3) Méthode de la glaire cervicale (ou méthode Billings) :

• Principe :

La méthode consiste à vérifier la qualité de la glaire cervicale dans le vagin.   

En effet, la glaire change au cours du cycle ; sa sensation à la vulve et son aspect apprécié entre deux doigts donnent un reflet exact de la fertilité. 

• Mode d’emploi :

Si la femme peut reconnaître une modification dans ses sécrétions vaginales entre les sécrétions cervicales épaisses, tenaces et collantes des périodes pré- et post-ovulatoires et les sécrétions minces, aqueuses et filantes de la période ovulatoire, les rapports peuvent avoir lieu en toute sécurité quand la glaire ovulatoire a disparu.

Une confusion peut provenir de la présence de pertes vaginales dues à une infection ou à l’utilisation de divers médicaments intra-vaginaux.

Le couple doit être abstinent dès l’entrée en période féconde, et jusqu’à 3 jours suivant le jour sommet.

Il s’agit d’une méthode efficace, qui exige un enseignement précis et une motivation importante.

Son IP théorique est de 4 %, et en pratique 8 %.

Nb : L’apprentissage nécessite plusieurs mois d’observation.

AU TOTAL :

Ces techniques traditionnelles, qui sont les moins fiables, méritent d’être décrites pour en montrer les faiblesses, mais également pour permettre de les utiliser “faute de mieux”.

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