1. Définition :

Le Test Post-Coïtal ou test de Hühner tient son nom du médecin qui le décrit dès 1913. Il est réalisé de manière quasi-systématique dans le cadre du bilan d’infertilité.

C’est l’examen de première intention pour explorer un désir de grossesse (dès 6 mois de mariage).

Ce test consiste en l’examen au microscope des spermatozoïdes (SPZ) dans la glaire cervicale quelques heures après un rapport sexuel.

Il permet l’étude de la pénétration des spermatozoïdes dans la glaire cervicale.

Il permet ainsi au praticien :

– de vérifier que le rapport sexuel est complet,

– d’évaluer le nombre de spermatozoïdes présents dans la glaire cervicale,

– d’apprécier la capacité de déplacement et de survie des gamètes mâles dans la glaire.

C’est un examen simple qui se pratique par le gynécologue dans son cabinet ; c’est un prélèvement non douloureux de la glaire, qui est ensuite analysée puis examinée au microscope.

Le TPC est un examen essentiel pour étudier l’ “hospitalité” de la glaire cervicale vis-à-vis des spermatozoïdes du conjoint.

L’état de la barrière cervicale est ainsi décrit en termes fonctionnels, ce test servant de révélateur de la bonne relation entre la glaire et les spermatozoïdes.

Il constitue une des explorations essentielles d’un couple stérile.

Il ne faut pas hésiter à le répéter au cours de plusieurs cycles en cas de stérilité persistante.

Certaines conditions sont à respecter pour pouvoir interpréter correctement ses conclusions.

Cependant, il existe des divergences d’appréciation sur sa valeur réelle, dues à des difficultés de standardisation.

2. Rappel sur la glaire cervicale :

La glaire cervicale est le “mucus” qui se trouve au niveau de l’orifice du col de l’utérus.

Cette glaire a normalement un rôle de protection de la cavité utérine vis à vis des germes se trouvant dans le vagin.

Pendant la majeure partie du cycle menstruel de la femme, cette glaire ne laisse pas passer les spermatozoïdes.

Si la glaire est de bonne qualité et si les sécrétions hormonales de la femme sont normales, cette glaire va se modifier les jours précédents l’ovulation afin que les spermatozoïdes puissent la franchir.

Si la glaire cervicale est de mauvaise qualité ou si les sécrétions hormonales ne sont pas adéquates, la glaire restera “imperméable” aux spermatozoïdes et la rencontre avec l’ovule ne pourra pas se faire.

Il peut également arriver que les spermatozoïdes soient rendus immobiles par la présence d’anticorps antispermatozoïdes. Toutes ces anomalies peuvent être des causes de stérilité ; voilà pourquoi il est primordial d’étudier la glaire cervicale et la mobilité des spermatozoïdes dans cette glaire.

3. Objectifs :

Le TPC permet :

– de vérifier la quantité et la qualité de la glaire cervicale,

– de s’assurer de l’absence d’acidité de la glaire,

– d’évaluer la capacité des spermatozoïdes à pénétrer dans la glaire cervicale en période préovulatoire (en comptant les spermatozoïdes, mobiles et immobiles),

– enfin de vérifier la compatibilité entre les spermatozoïdes et la glaire (“shaking”).

Cet examen est toujours couplé à l’échographie pour confirmer que la patiente est bien en période d’ovulation.

4. Conditions du test :

1) Le moment de la réalisation :

– pour la femme : en période pré-ovulatoire (J13) : un ou deux jours avant la date prévue de l’ovulation, car le maillage de la structure mucoprotéïque de la glaire se resserre dès l’ovulation sous l’effet de la montée de progestérone.

La surveillance de la température est par conséquent une aide précieuse pour l’interprétation, à posteriori.

Un éventuel traitement stimulateur peut améliorer la production de glaire si elle a été constatée insuffisante lors d’un test précédant.

– pour l’homme : après une abstinence sexuelle de 2 à 3 jours avant le rapport servant au test.

2) Le rapport sexuel :

– doit avoir lieu quelques heures (en pratique 4 à 8 heures) avant le test (le rapport sera fait de bon matin (entre 3 h et 6 heures du matin), sans utiliser de lubrifiant,

– doit être suivi d’une période de repos allongé pour la femme d’une durée minimale de 30 minutes,

– ne doit être suivi d’aucune toilette vaginale avant le recueil de glaire,

– la toilette sera donc uniquement externe après le rapport (eau + savon),

5. Technique :

1) Première étape :

Echographie (endovaginale) pour s’assurer que la femme est en période ovulatoire (présence d’un bon follicule ou d’un corps jaune avec petit épanchement pelvien).

2) Deuxième étape : recueil de glaire :

– mise en place d’un spéculum adapté,

– prélèvement d’éventuelles sécrétions vaginales à l’écouvillon pour analyse cytobactériologique (ECB),

– nettoyage de l’exocol (“mouchage”) par un tampon cotonneux pour éviter la contamination par les sécrétions vaginales,

– aspiration de la glaire endocervicale (Aspiglaire, pipette de Braun, cathéter stérile monté sur seringue, seringue à insuline, seringue à tuberculine sans aiguille…),

– le recueil est analysé par le gynécologue immédiatement (ou bien transmis au laboratoire le plus tôt possible),

– étalement de la glaire sur la lame, mesure de l’acidité (avec la bandelette urinaire, case du pH),

– examen immédiat au microscope entre lame et lamelle (objectif 40) (grossissement 400 fois),

– enfin lecture instantanée à côté de la patiente, à qui on peut montrer le résultat.

En tout et pour tout l’examen prend au maximum 2 à 3 minutes.

Nb :  Parfois on a recours à deux prélèvements (exocol, endocol).

3) Transport de la glaire (si pratiqué dans un labo) :

– ne pose aucun problème après obturation de l’extrémité du dispositif type Aspiglaire par un bouchon, pour éviter la déshydratation,

– il faut également veiller à réduire au maximum la quantité d’air présente dans le dispositif de prélèvement.
Pendant le prélèvement, on pourra apprécier :

– l’ouverture du col : entrouvert (l), ouvert (2), béant (3),

– son abondance : faible (l), moyenne (2), importante (3),

– sa limpidité : eau de roche (3), opalescente (2), trouble (l),

– sa filance: 1-2 cm (l), 2-4 cm (2), du col à la vulve (3).

L’addition des différentes notes permet d’établir le score d’Insler :

Nul : 0 – 3, Insuffisant : 4 – 7, Bon : 8 – 10, Excellent : 11-12.

4) Examen proprement dit :

Si la glaire n’est pas acide (pH = 7 ou 8) : on  commence l’examen sous microscope : on recherchera :

– la présence, en nombre anormal, de germes, de cellules, de polynucléaires,

– l’absence ou la présence de spermatozoïdes en nombre suffisant, ainsi que leurs types de mobilité,

– l’ensemble des arguments permettra de conclure à la positivité ou la négativité du test.

La lecture en direct ne prend que quelques secondes (maximum 1 minute), le résultat du test est donc instantané.

Les résultats seront à rapprocher de ceux du spermogramme pour poursuivre l’investigation.

S’il y a un problème au TPC (acidité, shaking…) : il faut traiter et REFAIRE LE TPC le cycle suivant.

6. Résultat :

Le résultat doit comporter : le jour du cycle, le délai depuis le coït, le degré de dilatation du col, de l’abondance, de la filance, de la transparence de la glaire ; la densité de spermatozoïdes par champ, le pourcentage de spermatozoïdes mobiles progressifs, non progressifs (avec précision du caractère éventuellement oscillant) et immobiles”, ainsi que le pH.

1) TPC négatif :

Absence totale de spermatozoïdes dans la glaire.

– S’assurer qu’il y a bien eu un rapport sexuel normal ; test à refaire après avoir contrôlé le spermogramme.

– En cas de spermogramme normal : la glaire ou l’interaction glaire-spermatozoïdes est vraisemblablement en cause :

. il pourra s’agir d’une acidité importante de la glaire…il faudra refaire le TPC après toilette bicarbonatée.

. si pas d’acidité (glaire optimale) : un test de pénétration croisée in vitro doit être prescrit en laboratoire spécialisé (pour savoir si l’anomalie provient du sperme ou de la glaire).

2) TPC déficient :

Présence de SPZ en quantité normale ou diminuée, immobiles ou peu mobiles.

3) TPC positif :

SPZ vivants et bien mobiles, se déplaçant rapidement en ligne droite :

– positif faible : moins de 5 SPZ mobiles progressifs par champ,

– positif moyen : entre 5 et 10 SPZ mobiles progressifs par champ,

– positif riche : plus de 10 SPZ mobiles progressifs par champ.

La glaire est innocentée : elle n’est pas “hostile” aux spermatozoïdes.

AVANT DE FAIRE LE TPC (examen au microscope) :

– on a vérifié par échographie que la femme est en période d’ovulation (présence d’un bon follicule ou bien d’un corps jaune avec épanchement de liquide dans le cul-de-sac de Douglas,

– que la glaire n’est pas acide par l’examen à la bandelette.

Si une des 2 conditions n’est pas satisfaite : le TPC sera reporté.

● si le TPC est normal : on peut affirmer que :

– la stérilité n’est pas d’origine cervicale,

– le taux d’estrogènes est normal (mais ne préjuge pas de la qualité de l’ovulation ou du corps jaune),

– le sperme est de bonne qualité.

● si le TPC est anormal avec une glaire satisfaisante : il faut demander un spermogramme, sinon si la glaire est mauvaise : répéter le test sous estrogènes.

● si le TPC est anormal malgré une glaire et d’un sperme normaux (ou peu anormaux) : il faut faire des tests de pénétration in vitro.

7. Phénomène dit de “shaking” :

Un phénomène dit de “shaking” (spermatozoïdes frémissants sur place) peut être constaté lors de l’examen de la glaire au microscope.

Le shaking est un terme anglais qui signifie TREMBLEMENTS : il s’agit de spermatozoïdes qui “tremblent” ou oscillent dans la glaire cervicale.

Il faut soupçonner la présence d’une immunisation anti-spermatozoïdes dans la glaire ou le sperme (présence d’anticorps anti-spermatozoïdes), réaliser éventuellement un test croisé puis explorer cette immunisation (recherche de ces anticorps par des tests immuno-enzymatiques).

Ces anticorps bloquent ou perturbent la progression des spermatozoïdes dans la glaire et sont la cause de la stérilité dans beaucoup de cas. Ils peuvent survenir lorsqu’un rapport sexuel a été pratiqué alors que la femme présentait un saignement : début ou fin des règles ou bien saignement en milieu du cycle.

Le traitement est simple : ce sont des corticoïdes à très faibles doses (Bétaméthasone : Célestène ® 7 gttes 2 fois/j, parfois plus) jusqu’à la survenue de la grossesse.

Bien sûr il faut refaire le TPC sous ce traitement pour confirmer que ces “oscillations” des spermatozoïdes ont disparu et que leur trajet est bien en trajet direct.

Il faut rester sous ce traitement jusqu’à la survenue de la grossesse.

8. Conclusion :

Le TPC est un test simple, peu coûteux et non invasif.

Pour peu qu’il soit effectué avec rigueur, il permet souvent d’orienter efficacement la suite des investigations et la thérapeutique.

A ce titre, il doit faire partie du bilan de première intention d’une infertilité du couple.

On ne saurait parler d’infertilité inexpliquée avant la réalisation d’un TPC.

Cependant, il ne remplace pas le spermogramme.

Il constitue aussi un élément d’information pour le couple sur la fameuse période féconde avec prise de conscience de la sécrétion de glaire et de son rôle.

Enfin, il sera parfois le seul acte thérapeutique, les grossesses après TPC n’étant pas rares. 

Points clés

Le test post-coïtal (TPC) est un examen médical essentiel pour les couples rencontrant des problèmes de fertilité. Cette procédure permet d’évaluer l’interaction entre la glaire cervicale et le sperme, afin de déterminer la cause sous-jacente de l’infertilité. 

La glaire cervicale joue un rôle crucial dans la mobilité et la survie des spermatozoïdes, tandis que le sperme doit être de bonne qualité pour assurer une fécondation optimale.

Le TPC permet donc d’évaluer ces deux facteurs en conditions réelles après un rapport sexuel.

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