1. Qu’est-ce que la protéinurie ?

La protéinurie correspond à la présence de protéines dans les urines qui n’en contiennent qu’une quantité très faible à l’état normal (moins de 150 mg/24 h).

Comme la présence de sang dans les urines (hématurie), la protéinurie est le plus souvent retrouvée lors de visites médicales systématiques (scolaires, universitaires, médecine du travail, armée, grossesse, vaccination…), par les bandelettes urinaires, chez des personnes asymptomatiques.

Une protéinurie peut être liée à des causes diverses.

Lorsqu’elle est abondante (supérieure à 3.000 mg/24 h ou 3 g/24 h) : elle est le plus souvent liée à une maladie du glomérule rénal.

Lorsqu’elle est moins importante, elle peut être en lien avec une atteinte d’autres régions du rein.

Dans tous les cas, la protéinurie est, sauf exception, le témoin d’une anomalie ou d’une maladie rénale, et un bilan s’impose.

La protéinurie se mesure en grammes (g) ou milligrammes (mg) par litre d’urine, ou, mieux, par jour (24 heures). Ce dernier résultat nécessite un recueil précis des urines sur 24 heures.

Il existe une protéinurie physiologique de 100 à 150 mg/24 heures chez l’adulte.

On parle de protéinurie permanente si elle est retrouvée à chaque dosage ; de protéinurie intermittente si elle disparaît à certains moments de la journée ou d’un bilan à l’autre à plusieurs semaines d’intervalle.

La plupart du temps, la protéinurie est découverte sans aucun signe associé.

Lorsqu’elle est abondante, la protéinurie peut s’accompagner d’œdèmes du visage et des membres et d’une baisse du taux des protéines dans le sang.

2. Physiopathologie :

Bien que la membrane basale glomérulaire soit une barrière très efficace, les plus grandes molécules (par exemple la plupart des protéines plasmatiques, principalement l’albumine), une petite quantité de protéines traverse les membranes basales capillaires dans le filtrat glomérulaire. Certaines de ces protéines filtrées sont dégradées et réabsorbées par les tubules proximaux, mais certaines sont excrétées dans l’urine.

La limite supérieure de l’excrétion urinaire de protéine normale est de 150 mg/jour, qui peut être mesurée lors d’une collecte d’urine des 24 h ; pour l’albumine, elle s’élève à 30 mg/jour.

Une excrétion d’albumine entre 30 et 300 mg/jour (20 à 200 µg/min) est considérée comme étant une microalbuminurie et des taux plus élevés sont qualifiés de macroalbuminurie.

3. Quels mécanismes ?

Il existe quatre types de mécanismes expliquant une protéinurie :

– une altération de la membrane des glomérules (partie filtrante des reins),

– une modification du débit sanguin rénal (fièvre, effort, hypothermie, insuffisance cardiaque…),

– une infection des voies urinaires,

– une diminution de la réabsorption des protéines par les tubules (conduits de l’urine après le filtre).

4. Comment l’évaluer ?

1) Bandelette urinaire : 

Les urines sont recueillies dans un récipient propre et sec.

La lecture se fait après une minute sur une échelle colorimétrique.

La bandelette est plus sensible à l’albumine qu’aux autres protéines.

Des urines alcalines ou très concentrées peuvent donner un résultat faussement positif.

2) Protéinurie des 24 heures : 

Elle demande un recueil précis de toutes les urines d’une journée.

Elle est un reflet plus juste de l’importance de la perte urinaire des protéines.

Une infection urinaire ou une hématurie abondante peuvent fausser le résultat.

Il faut jeter les urines du premier matin du recueil puis recueillir la totalité des urines dans une bouteille en plastique, y compris celles de la première miction du lendemain matin.

Protéinurie-microalbuminurie : Fiche pratique labo

La protéinurie est l’une des anomalies urinaires les plus fréquentes. Le dépistage par l’utilisation de bandelettes réactives est simple et très répandu. Les résultats doivent être confirmés par des méthodes plus spécialisées de quantification et de caractérisation de cette protéinurie.

Selon son importance, on distingue la protéinurie physiologique, la microalbuminurie ou présence d’albumine en faible quantité dans l’urine, non détectable par les bandelettes réactives classiques, et, enfin, la protéinurie avérée.

Indications :

– L’existence d’une protéinurie est souvent le seul signe d’une atteinte rénale, mais elle peut également être un signe d’alerte important d’une maladie générale.

– La présence d’une microalbuminurie précède l’apparition de la protéinurie avérée.

Conditions de prélèvement :

– Le prélèvement d’urine doit être effectué à distance de tout événement susceptible d’interférer ou d’augmenter la protéinurie : épisode infectieux, exercice physique, station debout prolongée.

RECUEIL DANS UN RÉCIPIENT EN PLASTIQUE STÉRILE, OU A DÉFAUT PROPRE.

– Trois types de recueils sont possibles : recueil des urines de 24 heures dont on prélève une aliquote (résultat en mg/24 h) ; recueil sur une période plus courte (μg/min) ou sur une miction (mg/l).

Sur une miction, le recueil est plus facile, mais les résultats présentent une variabilité plus forte. C’est pourquoi il est conseillé de rapporter le résultat de la protéinurie à celui de la créatininurie, prise comme base d’expression constante.

• Dans la mesure du possible, le prélèvement doit être conservé à + 4° C avant envoi au laboratoire.

La congélation n’est pas conseillée.

Valeurs usuelles :

La protéinurie physiologique est inférieure à 100 mg/24 h ; elle est principalement composée d’albumine et de protéines de l’arbre urinaire.

La protéinurie est dite pathologique si elle est permanente et supérieure à 100 mg/24 h.

– La microalbuminurie : son expression varie en fonction du mode de recueil urinaire.

proteinurie 3

Interprétation :

– La protéinurie fonctionnelle, en général modérée, intermittente, survient dans des situations particulières.

En général, pas de lésion rénale associée.

Elle survient lorsque le flux sanguin rénal est accru (effort physique, fièvre…), ce qui fournit des quantités accrues de protéines pour le néphron, ce qui implique une augmentation de protéines dans les urines (habituellement < 1.000 mg/24 h).

– La protéinurie permanente peut avoir plusieurs étiologies :

1) Protéinurie par atteinte rénale :

. glomérulaire, la plus fréquente, liée à une altération de la membrane basale glomérulaire (perméabilité glomérulaire accrue) ; cette perméabilité permet aux quantités importantes de protéines plasmatiques (parfois de très grandes quantités) de passer dans le filtrat ;

. tubulaire, par défaut de réabsorption tubulaire (tubules proximaux) des protéines filtrées au niveau glomérulaire ;

. mixte, où les deux mécanismes précédents sont associés.

2) Protéinurie par atteinte de l’arbre urinaire, urétérale ou vésicale.

3) Protéinurie de surcharge, liée à la présence d‘une protéine plasmatique circulant en très grande quantité (dysglobuline du myélome, par exemple), et éliminée dans l’urine.

– La présence d’une microalbuminurie constitue un marqueur précoce de la survenue de complications rénales et extrarénales au cours de différentes pathologies chroniques, comme le diabète, l’hypertension artérielle, les maladies cardio-vasculaires.

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