1. Introduction et données épidémiologiques :

– En France, le cancer de l’ovaire demeure une maladie peu fréquente mais grave : environ 5.200 nouveaux cas y sont diagnostiqués chaque année.

– Il concerne principalement les femmes de plus de 50 ans. 

– L’âge médian au diagnostic est d’environ 62 ans, la maladie touchant préférentiellement les femmes ménopausées. Il est rare chez la femme jeune.

– Le cancer de l’ovaire se classe parmi les cancers féminins les moins fréquents (≈ 8ème ou 9ème rang selon les classements) mais fait partie des causes importantes de mortalité.

– En France : l’incidence et la mortalité sont en légère diminution depuis quelques décennies. L’incidence standardisée tend à diminuer grâce à des facteurs tels que l’utilisation accrue des contraceptifs oraux et des modifications dans les expositions hormonales.

– Le pronostic dépend fortement du stade au moment du diagnostic. Beaucoup de cas sont découverts à un stade avancé, ce qui complique le traitement et réduit la survie. La survie nette à 5 ans est autour de 40 % en France.

2. Classification et origine histologique :

– Environ 90 % des cancers de l’ovaire sont épithéliaux : carcinomes séreux, endométrioïdes, mucineux, à cellules claires. Les 10 % restants correspondent aux tumeurs germinales, stromales, tumeurs rares.

– Le carcinome séreux de haut grade (High-Grade Serous Ovarian Carcinoma, HGSOC) reste le sous-type le plus fréquent parmi les formes avancées. De plus, il existe des données récentes suggérant que beaucoup de ces HGSOC proviennent de lésions tubaires (épithélium tubaire distal / STIC) et non directement de la surface ovarienne. Cela a des implications pour les stratégies de prévention.

3. Tableau clinique et diagnostic :

– Le cancer de l’ovaire est souvent asymptomatique aux stades précoces ou présente des signes peu spécifiques (douleurs abdomino-pelviennes, sensation de ballonnement, troubles digestifs, pesanteur pelvienne,  parfois troubles urinaires).

Il n’y a qu’au stade avancé que le diagnostic est facilement évoqué : masse ovarienne avec altération de l’état général, ascite et carcinose péritonéale.

– 75 % des cancers de l’ovaire sont diagnostiqués à un stade évolué (III ou IV de FIGO).

– Le diagnostic de certitude repose sur l’examen anatomo-pathologique après chirurgie ou biopsie.

– Aucun test de dépistage de la population générale n’a jusqu’ici démontré de réduction de mortalité de façon fiable.

4. Facteurs de risque :

a) Facteurs gynécologiques :

– Les situations qui réduisent le nombre d’ovulations exercent un effet protecteur :

. contraception orale (diminution du risque d’environ 20 % pour 5 ans d’utilisation),

. multiparité,

. allaitement maternel.

– A l’inverse, les situations qui augmentent le nombre d’ovulations majorent le risque :

. ménarche précoce (avant 12 ans) ou ménopause tardive (après 55 ans),

. nulliparité,

. première grossesse tardive (après 30 ans),

. infertilité non traitée,

. endométriose, particulièrement pour les cancers endométrioïdes et à cellules claires, surtout en présence d’endométriomes ou de formes sévères.

b) Facteurs héréditaires :

– Antécédents personnels ou familiaux de cancers de l’ovaire, du sein, de l’endomètre ou du côlon.

– Les syndromes héréditaires à transmission autosomique dominante associés à ce cancer :

. syndrome sein-ovaire (mutations BRCA1 +++ et BRCA2),

. syndrome de Lynch (mutations des gènes MMR : MLH1, MSH2, MSH6, PMS2) : association de cancers familiaux de l’ovaire, de l’endomètre, du côlon et du sein,

. plus rarement : mutations RAD51C, RAD51D, BRIP1, PALB2,

. syndrome de Li-Fraumeni (plus rare, risque moindre pour l’ovaire).

c) Facteurs hormonaux :

– Traitement hormonal substitutif (THS) : l’utilisation prolongée (> 5 ans) d’œstrogènes non opposés peut légèrement augmenter le risque, mais ce risque diminue progressivement à l’arrêt.

– A l’inverse, les contraceptifs oraux combinés ont un effet protecteur significatif, persistant plusieurs années après l’arrêt.

d) Facteurs liés au mode de vie et à l’environnement :

– Tabagisme : augmente spécifiquement le risque de tumeurs mucineuses.

– Obésité : rôle modeste mais réel, surtout pour les formes épithéliales chez les femmes ménopausées.

– Expositions environnementales :

. amiante : données limitées,

. talc (utilisé comme poudre intime) : résultats controversés, risque non confirmé dans les analyses récentes,

. perturbateurs endocriniens (phtalates, bisphénol A) : rôle suspecté, mais preuves insuffisantes.

d) Autres facteurs :

– Age : le risque augmente avec l’âge, surtout après 50 ans, avec un pic entre 60 et 70 ans.

– Irradiation pelvienne : facteur de risque probable mais rare.

Remarque : contrairement au cancer de l’endomètre, le cancer de l’ovaire n’est pas hormonodépendant.

5. Pronostic et enjeux cliniques :

– Le diagnostic tardif est un facteur majeur de mauvais pronostic : la cytoréduction chirurgicale optimale, suivie de chimiothérapie, constitue la base du traitement.

– Les thérapies ciblées (PARP inhibiteurs) et les stratégies de maintenance sont particulièrement importantes chez les patientes porteuses de mutations BRCA.

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