Environ 1 % des nouveau-nés ont une anomalie génétique et 0,4 % ont une anomalie chromosomique.

– Les anomalies génétiques résultent soit d’une mutation sur un seul gène (hérédité monofactorielle ou mendélienne), soit d’atteintes multigéniques (hérédité multifactorielle).

S’il existe environ 4.000 altérations génétiques connues ou suspectées, il est possible de dépister environ 170 d’entre elles en anténatal (Roth, 1992).

– Les aberrations chromosomiques surviennent lors de la méiose ou des tout premiers stades de développement du zygote. Elles portent sur le nombre des chromosomes (trisomie 13, 18, 21, syndrome de Turner…) ou sur leur structure (délétion, translocation…).

1. Qui dépister : identification des situations à risque :

– Antécédent personnel ou familial de maladie génétique (héréditaire) ;

– Antécédent personnel ou familial d’aberration chromosomique ;

– Antécédent personnel ou familial de malformation congénitale ;

– Antécédent personnel ou familial de mort-né malformé ou polymalformé ;

– Consanguinité (cousin germain) ;

– Age maternel supérieur à 35 ans.

1) Maladies génétiques (héréditaires) :

On distingue les génopathies mendéliennes des génopathies métaboliques par leur mode différent de diagnostic.

a) Génopathies mendéliennes :

Elles sont dépistables par une étude en génétique moléculaire utilisant l’ADN fœtal comme matériel biologique.

– Maladies autosomiques dominantes : achondroplasie, chorée de Huntington, maladie de Marfan, myotonie de Steinert : 50 % de la descendance est atteinte.

– Maladies autosomiques récessives : mucoviscidose, drépanocytose, thalassémies. Les enfants sont a priori indemnes si l’autre parent est indemne, mais tous seront conducteurs de la maladie. En revanche si l’autre parent est hétérozygote, 25 % des enfants seront atteints. Si les pathologies sus-citées peuvent être diagnostiquées, peu le sont encore actuellement. Pour certaines de ces maladies, le dépistage des hétérozygotes est possible par biologie moléculaire. D’où l’importance du conseil génétique préconceptionnel.

– Maladies liées au sexe : myopathie de Duchenne-Becker, hémophilie, syndrome de l’X fragile… Elles se transmettent essentiellement par les femmes (liées à l’X). Les fils sont atteints une fois sur deux, les filles sont conductrices une fois sur deux. Un diagnostic est souvent possible, soit par analyse de l’ADN sur cellules fœtales (biopsie de trophoblaste, amniocentèse), soit, à défaut, par diagnostic de sexe (le diagnostic de sexe masculin faisant proposer une interruption médicale de grossesse avec un risque de 1 sur 2 que le fœtus soit sain).

b) Génopathies métaboliques :

Exemples : hémophilie A et parfois B, hémochromatose, hyperplasie congénitale des surrénales…

Elles sont dépistables par analyse d’activité enzymatique et parfois par l’élimination urinaire fœtale d’un métabolite spécifique. Elles peuvent également avoir une transmission mendélienne.

2) Aberrations chromosomiques : trisomies 13, 18, 21, monosomie X (syndrome de Turner), Klinefelter XXY…

Nb : En cas de trisomie 21 libre dans la fratrie : le risque de récurrence est de 1 % ; il justifie un caryotype précoce en cours de grossesse.

3) Antécédent de malformations communes :

Le rôle joué par les facteurs génétiques dans leur survenue est mal connu.

Elles obéissent généralement à l’hérédité multifactorielle.

L’estimation du risque est empirique, fondée sur l’expérience acquise dans des situations comparables. 

Il est en général faible (inférieur à 5 %), sauf s’il y a plusieurs cas dans la famille.

– Prenons l’exemple de la fente labio-palatine : sa fréquence dans la population générale est de 1/1.000. Si les parents indemnes ont eu un enfant atteint, le risque de récurrence pour une nouvelle grossesse est de 4 % et de 9 % si deux enfants ont été atteints. Le dépistage se fait par échographie : le diagnostic est facile pour une fente labiale et beaucoup plus difficile pour une fente palatine isolée. C’est parfois un signe de polymalformations.

– Autre exemple : les défauts de fermeture du tube neural : dans la population générale, le risque de spina-bifida ou d’anencéphalie est de 1/1.000. Chez les parents qui ont eu un enfant atteint, le risque de récurrence est de 7 à 8/1.000.

L’échographie couplée à l’amniocentèse (dosage de l’α-FP et l’acétylcholinestérase) permet de faire le diagnostic à partir de 14 SA.

4) Antécédent de mort-né malformé :

La conduite à tenir dépend du diagnostic précis à l’issue de cette mort fœtale.

On pourra proposer à la patiente une recherche de malformation par une échographie endovaginale vers 13 SA et une échographie du deuxième trimestre. 

Par ailleurs, un caryotype fœtal peut être fait en fonction du type de malformation.

5) En cas de consanguinité :

Le risque est de voir apparaître une affection autosomique récessive dans la descendance. Il est d’autant plus grand que les conjoints sont les plus proches parents.

Si l’on prend l’exemple d’un hétérozygote pour la mucoviscidose, son risque d’épouser un autre hétérozygote dans la population générale est de 1/22. Si ces deux sujets sont cousins germains dans une famille de mucoviscidosiques, le risque que le deuxième parent soit hétérozygote est de 1/4.

6) Age maternel :

L’âge maternel est un facteur de risque d’aberration chromosomique, en particulier de trisomie 21, mais aussi de trisomie 13 et 18.

En France, le diagnostic prénatal (amniocentèse ou choriocentèse) est proposé systématiquement au-delà de 38 ans (et est remboursé).

2. Moyens diagnostiques des malformations :

1) Clinique :

La clinique permet un dépistage du risque de malformations et non un diagnostic.

– L’interrogatoire recherche les antécédents :

. âge maternel supérieur à 38 ans,

. hérédité de malformations, d’anomalies génétiques ou chromosomiques,

. fausses couches à répétition.

– Une hauteur utérine excessive ou insuffisante pour le terme oriente, dans le premier cas, vers un hydramnios et, dans le deuxième cas, vers un RCIU et/ou un oligoamnios.

– Autres signes d’appel avec risque malformatif accru : grossesse multiple, présentation du siège à terme, rythme cardiaque fœtal pathologique.

2) Paraclinique :

– L’échographie seule peut permettre un diagnostic : les trois échographies recommandées peuvent dépister des malformations :

. en fin de premier trimestre (de 11 à 12 SA) : elle peut dépister certaines malformations et en particulier l’hygroma coli qui peut n’être que transitoire (œdème généralisé du cou par obstruction du système lymphatique) et fait pratiquer une amniocentèse très précoce de dépistage d’une monosomie X ou d’une autre aberration chromosomique,

. au deuxième trimestre (20-23 SA) : dépistage des malformations majeures orientant vers l’interruption médicale de grossesse,

. au troisième trimestre (30-33 SA) : dépistage des malformations qui peuvent êtres prises en charge en néonatalogie (malformations rénales ou cardiaques…).

– En cas d’antécédent de malformation du tube neural :

. dosage de l’alpha-fœtoprotéine : dans le sérum maternel ou le liquide amniotique,

. l’acétylcholinestérase : dans le liquide amniotique.

3. Recommandations :

Afin d’évaluer au mieux un risque d’anomalie congénitale, génétique ou chromosomique, le médecin doit recueillir le maximum d’informations sur les antécédents, le recueil du suivi de grossesses antérieures, les échographies, le compte rendu d’accouchement, le caryotype et/ou les autopsies antérieures.

Il doit proposer et expliquer la nécessité d’un conseil génétique qui pourra seul répondre au pronostic de la grossesse en cours : l’incertitude et le doute sont deux facteurs générateurs d’anxiété qui peuvent être atténués par une réponse précise.

Le conseil génétique doit être fait avant la conception des grossesses suivantes pour permettre une évaluation du risque de récurrence, mettre en place les techniques de prévention et de diagnostic prénatal. Il permet aussi d’envisager des traitements préconceptionnels : équilibration du diabète, acide folique (risque de récurrence de défaut de fermeture du tube neural).

Pour estimer le risque de récurrence dans une famille, le conseil génétique a besoin d’un diagnostic précis du cas index, de l’étude de l’arbre généalogique familial et la connaissance du mode de transmission de l’affection.

Le conseil génétique tente aussi de répondre aux questions importantes que se pose le couple :

– le caractère plus ou moins invalidant de l’affection en cause,

– le pronostic vital,

– l’expressivité variable de l’anomalie au sein d’une même famille,

– la possibilité ou non d’un traitement efficace.

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