Le prélèvement bactériologique au laboratoire est loin d’être toujours obligatoire ; il sera prescrit :
– d’emblée :
. femme jeune avec risque d’IST, endocervicite, urétrite, contage vénérien,
. s’il existe des signes cliniques d’infection du haut appareil,
. si l’examen montre un frottis sale sans trichomonas ni levures ; les prélèvements seront faits au niveau de l’urètre et de l’endocol,
– en seconde intention : échec d’un premier traitement, récidives fréquentes.
Si le prélèvement ne peut être fait au laboratoire, il existe des milieux de transport utilisables à demander au laboratoire.
INTERPRETATION DE L’EXAMEN AU LABORATOIRE :
Le prélèvement qui arrive au laboratoire va subir différentes étapes au cours de son analyse. Les informations recueillies au cours de ces étapes sont indissociables pour interpréter le résultat.
1. Examen extemporané (à l’état frais) :
Une partie de l’échantillon est placé entre lame et lamelle et observée au microscope :
– les Trichomonas flagellés mobiles sont immédiatement repérés,
– les levures bourgeonnantes avec filaments pseudo-mycéliens sont le signe d’une infection mycosique,
– la flore lactobacillaire immobile si elle est prédominante,
– les germes très mobiles en vol de moucheron sont typiques de Mobiluncus,
– les leucocytes sont visibles ainsi que les cellules épithéliales.
2. Cytologie :
On utilise la lame colorée au MGG et on repère sur ce frottis :
– les cellules épithéliales,
– la présence ou l’absence de polynucléaires, signe d’une réaction inflammatoire,
– la présence ou l’absence de Trichomonas,
– la présence ou l’absence de « clues cells » ; cellules épithéliales recouvertes de bactéries coccobacillaires,
– la présence ou l’absence de levures ou de filaments mycéliens.
3. Mise en culture :
Les milieux de culture sont choisis en fonction des exigences nutritives des agents recherchés.
Les bactéries isolées feront l’objet d’un test de sensibilité aux antibiotiques.
L’interprétation des cultures doit se faire avec prudence car l’erreur, quant au rôle infectieux du ou des agents isolés, est fréquente.
Il faut d’abord éliminer les agents pathogènes spécifiques de la sphère génitale (trichomonas vaginalis, gonocoque, chlamydia).
* La mise en culture sur milieux gélosés permet essentiellement :
– d’isoler le gonocoque afin d’établir un diagnostic de certitude, de rechercher la bêtalactamase, de réaliser un antibiogramme,
– d’isoler les espèces prédominantes aérobies (on ne recherche pas la anaérobies en routine) : streptocoques, staphylocoques dorés, entérobactéries…,
– d’avoir une idée semi quantitative de la flore présente.
Cette recherche s’accompagne de la réalisation d’un antibiogramme quand le germe est présent en grande quantité; c’est au médecin de juger de l’utilité d’un traitement antibiotique.
La recherche de mycoplasmes faisant appel à des milieux particuliers, n’est pas faite systématiquement et pourtant elle s’intègre parfaitement dans l’étude de l’écosystème vaginal (seuil de pathogénicité pour les Mycoplasmes égal à 104 UFC/ml).
Nb : Pour les bactéries de la flore vaginale, originaires du périnée et de l’intestin (entérobactéries, staphylocoques, streptocoques), on exige pour les incriminer dans les leucorrhées infectieuses, une nette prédominance dans les cultures, une forte réaction inflammatoire et le remplacement des Lactobacilles (flore de Döderlein) par ces agents.
En somme, la prescription d’un traitement face à une leucorrhée infectieuse ne doit se faire que si le tableau clinique évoque fortement un agent étiologique précis.
4. Avantages du prélèvement bactériologique au laboratoire :
Voici les principaux avantages du prélèvement bactériologique au laboratoire :
– Identification des bactéries responsables d’une infection : ce qui est essentiel pour guider le traitement antibiotique approprié.
– Antibiogramme pour orienter le traitement : une fois les bactéries identifiées, un antibiogramme peut être réalisé pour déterminer leur sensibilité aux différents antibiotiques, permettant ainsi de choisir le traitement le plus efficace.
– Détection précoce des infections : le prélèvement bactériologique permet de détecter rapidement la présence d’une infection, avant même l’apparition de symptômes manifestes, facilitant une prise en charge précoce.
5. Conclusion :
L’analyse microbiologique des prélèvements génitaux est complexe et d’interprétation délicate car elle est fortement gênée par une flore vaginale riche et variée dont certains agents sont saprophytes, d’autres opportunistes.
Afin de garantir la fiabilité de ce type d’analyse, il faut :
1- Que les prélèvements soient effectués avec soin.
2- Qu’une fiche de renseignements complète soit dûment remplie.
3- Que les techniques spécifiques permettant de mettre en évidence tous les agents infectieux incriminés dans une infection génitale soient disponibles au niveau de tout laboratoire de microbiologie +++.
