1. Introduction :
La cervicite à gonocoque est une inflammation du col de l’utérus provoquée par un germe pathogène appelé le gonocoque (Neisseria gonorrhoeae).
Il s’agit d’une IST très répandue à travers le monde, considérée comme la deuxième IST bactérienne la plus fréquente après l’infection à Chlamydia trachomatis.
Elle nécessite toujours un traitement adéquat pour éviter des complications qui peuvent être graves (stérilité, GEU, maladie inflammatoire pelvienne).
2. Agent pathogène : Cf chapitre spécial
3. Epidémiologie : Cf chapitre spécial
4. Physiopathologie : Cf chapitre spécial
5. Clinique :
1) Caractéristiques générales de la gonococcie féminine :
– Elle est le plus souvent ASYMPTOMATIQUE (50-80 % des cas).
Ce point est crucial, car il explique pourquoi la gonococcie féminine est souvent sous-diagnostiquée et peut entraîner des complications à long terme : infertilité tubaire, douleurs pelviennes chroniques, risque accru de GEU, transmission silencieuse aux partenaires.
– Période d’incubation :
. Durée : 2 à 7 jours (en moyenne 3-5 jours).
. Variabilité : Peut aller jusqu’à 14 jours.
– Signes fonctionnels rares :
Les manifestations cliniques bruyantes (cervicite/urétrite aiguë avec leucorrhées purulentes et malodorantes) sont exceptionnelles chez la femme, contrairement à l’homme.
2) Signes fonctionnels fréquents (souvent sous-estimés) :
– Dysurie discrète : gêne ou douleur légère à la miction, souvent ignorée ou attribuée à d’autres causes (infections urinaires banales, irritations).
– Pollakiurie : augmentation de la fréquence mictionnelle.
– Leucorrhée jaunâtre : souvent considérée comme « banale », purulente, jaunâtre, parfois verdâtre, mousseuse, d’abondance variable ; elle peut être malodorante.
– Métrorragies : saignements intermenstruels ou post-coïtaux (20 % des cas).
– Douleurs pelviennes basses : pesanteur, inconfort.
A noter : Cette leucorrhée peut être le seul signe d’alerte, d’où l’importance d’un dépistage systématique en cas de suspicion.
3) Examen clinique : résultats variables
a) Inspection vulvaire :
– Généralement normale.
– Parfois : érythème vulvaire, œdème.
b) Examen au spéculum :
– Normal dans 35-50 % des cas : l’absence de signes visibles ne permet pas d’exclure l’infection.
– Signes positifs à rechercher :
. Écoulement endocervical +++ : leucorrhées purulentes, jaunâtres, mousseuses ou homogènes, parfois sanglantes ou malodorantes (signe le plus constant en cas d’anomalie).
. Cervicite :
. Col érythémateux, œdématié.
. Ectropion inflammatoire.
. Friabilité (saignement au contact).
c) Toucher vaginal :
– Recherche de signes de complications :
. Endométrite : douleur à la mobilisation utérine.
. Salpingite : masse latéro-utérine douloureuse, empâtement annexiel.
. Péritonite pelvienne : défense, douleur intense.
– Souvent normal en l’absence de complications.
d) Autres :
– Écoulement urétral : rare (5 % des cas), obtenu par pression de l’urètre.
– Bartholinite : tuméfaction douloureuse d’une glande de Bartholin (uni ou bilatérale).
e) Examen général :
Recherche de complications systémiques (10-20 % des femmes consultent à ce stade tardif) :
– Arthrite gonococcique : monoarthrite ou oligoarthrite asymétrique.
– Syndrome arthrite-dermatite : lésions cutanées (pustules, vésicules).
– Atteinte hépatique : périhépatite de Fitz-Hugh-Curtis.
– Septicémie : fièvre, frissons (rare).
f) Examen du partenaire :
Rechercher systématiquement une atteinte chez le(s) partenaire(s) :
– Urétrite chez l’homme (plus souvent symptomatique).
– Pharyngite, rectite asymptomatiques.
⚠️ CRUCIAL : Un examen clinique normal n’exclut pas l’infection.
4) Associations infectieuses fréquentes :
– Co-infections IST (très fréquentes) :
. Chlamydia trachomatis : 40-50 % des cas +++.
. Trichomonas vaginalis : 10-20 % des cas.
. Mycoplasmes génitaux : mycoplasma genitalium, Ureaplasma.
. Syphilis : dépistage systématique recommandé.
. VIH : risque de transmission accru (×3 à ×5).
. Virus HPV : condylomes présents dans 5 % des cas.
– Inflammation vulvovaginale associée (20 % des cas) :
. Trichomonas : 10 %.
. Candida albicans : 7 %.
. Vaginose bactérienne : 7 %.
. Flore polymicrobienne : bactéries opportunistes.
6. Diagnostic positif : Cf chapitre spécial
7. Complications : Cf chapitre spécial
8. Traitement : Cf chapitre spécial
9. Prévention : Cf chapitre spécial
10. Conclusion :
La cervicite gonococcique représente un enjeu majeur de santé publique en raison de sa fréquence, de son caractère fréquemment asymptomatique et de ses complications potentiellement graves.
Le diagnostic précoce repose sur un examen clinique minutieux et une confirmation microbiologique systématique, notamment par PCR, permettant une prise en charge adaptée face à l’émergence croissante des résistances aux antibiotiques.
L’antibiothérapie probabiliste doit désormais privilégier la ceftriaxone par voie parentérale, conformément aux recommandations actuelles.
Le traitement systématique des partenaires sexuels et le dépistage des co-infections, notamment à Chlamydia trachomatis, sont essentiels pour limiter la transmission et prévenir les complications.
Prévention des infections à Chlamydia trachomatis et Neisseria gonorrhoeae
Analyse structurée du chapitre prévention :
1. Traitement systématique des partenaires sexuels :
– Objectif : rompre la chaîne de transmission et éviter les réinfections.
– Modalités :
. Pour le Gonocoque (Neisseria gonorrhoeae) :
. Ceftriaxone (Rocéphine ®) : 1 injection intramusculaire (IM) unique de 500 mg.
. Pour le Chlamydia (Chlamydia trachomatis) :
. Doxycycline : 100 mg, 2 fois par jour, pendant 7 jours.
. Cible :
. Tous les partenaires sexuels récents de la patiente (jusqu’à 60 jours avant le diagnostic, qu’il y ait des symptômes ou non).
2. Mesures de prophylaxie individuelle :
– Hygiène des mains et du linge (en phase aiguë) :
. Hygiène rigoureuse des mains.
. Changement quotidien des sous-vêtements et collants.
– Comportement sexuel :
. Abstinence sexuelle jusqu’à guérison microbiologique (ou au moins guérison clinique clairement documentée).
. Utilisation systématique du préservatif si abstinence impossible.
3. Dépistage et suivi des IST associées :
– Bilan initial systématique :
. Sérologies : Syphilis (VDRL, TPHA), VIH, VHB, VHC.
. Recherche d’autres IST selon les facteurs de risque.
– Suivi sérologique de la syphilis :
. Si l’antibiothérapie reçue n’est pas active sur le tréponème : répéter la sérologie à 1 et 3 mois.
. Si une bêtalactamine a été administrée : pas de contrôle prolongé nécessaire.
– Guérison clinique contrôlée : confirmation microbiologique (PCR de contrôle après J14) uniquement en cas de :
. Symptômes persistants.
. Patiente enceinte.
. Traitement non conforme.
. Atteinte rectale ou pharyngée.
4. Consultations de suivi :
– A J3 (si symptômes persistants) :
. Adapter le traitement selon l’antibiogramme si besoin.
– A J7 (systématique si situation à risque) :
. Vérifier la guérison clinique.
. Contrôle biologique seulement si contexte à risque, symptômes persistants ou résistance suspectée.
. Donner le résultat des sérologies et poursuivre les conseils de prévention.
– Prévenir la réinfection :
. Insister sur la nécessité de traiter les partenaires, respecter l’abstinence ou une protection stricte.
. Eduquer sur l’importance du dépistage élargi.
5. Points clés à retenir :
– Priorité : traitement des partenaires pour éviter la récidive et la transmission.
– Hygiène : mesures simples (mains, linge) à respecter durant l’infection aiguë.
– Abstinence ou protection : jusqu’à guérison confirmée ou au moins absence totale de symptômes.
– Dépistage élargi : indispensable (syphilis, VIH, hépatites, autres IST).
– Suivi adapté : consultation à J3 si symptômes, à J7 si situation à risque pour confirmer la guérison.
– Information et prévention : sensibilisation sur l’usage du préservatif et l’importance du suivi des partenaires.
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GonococcieGonococcie
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Urétrite (masculine)Urétrite (masculine)
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Principaux antibiotiques (utilisés dans les infections génitales)Principaux antibiotiques (utilisés dans les infections génitales)
