1. Définition :
La colposcopie est l’examen du vagin et du col utérin réalisé à l’aide d’une loupe binoculaire montée sur un statif, et dont le but est d’en déceler les anomalies éventuelles, anomalies mises en évidence par un frottis préalable.
En effet, tout frottis dont le résultat n’est pas satisfaisant doit obligatoirement être contrôlé par cet examen colposcopique afin de diriger la biopsie éventuelle.
NB : une colposcopie peut être faite de première intention devant un col d’aspect inhabituel.
A l’origine, la colposcopie a été conçue comme une méthode de dépistage des lésions précancéreuses du col de l’utérus. Dans ce rôle, elle a été supplantée par les frottis qui sont actuellement le seul moyen utilisable pour un vrai dépistage de masse. Mais parce qu’elle permet une étude topographique des lésions cervico-vaginales, elle est devenue l’examen-clé dans le diagnostic et le traitement des condylomes, des dysplasies et des cancers débutants.
2. Appareil de colposcopie :
Les caractéristiques optiques de la loupe binoculaire sont adaptées à la situation profonde des organes à examiner. La distance frontale optimale doit être de 225 à 250 mm.
L’appareil doit être équipé de deux grossissements :
– Au faible grossissement (x 5 environ), un champ d’au moins 50 mm permet de voir tout le col et une partie du vagin.
– Le fort grossissement (x 15 environ) est utilisé pour examiner les vaisseaux et localiser la jonction pavimento-cylindrique, en particulier lorsqu’elle est située dans l’endocol.
Le statif est un bras articulé permettant de mobiliser facilement la partie optique.
3. Moment de la colposcopie :
– En cas de cycle normal, la colposcopie sera faite entre le 8ème et le 12ème jour du cycle.
– La contraception orale œstroprogestative rend la glaire opaque et visqueuse. Elle sera remplacée par une pilule séquentielle pendant un cycle. L’examen sera fait à la fin de la phase purement œstrogénique du traitement.
– Après la ménopause, 25 microgrammes d’Ethinylestradiol par jour pendant 8 à 10 jours donneront un mucus abondant et clair.
– Après hystérectomie totale, l’examen du fond vaginal peut être fait n’importe quand, sous œstrogènes en cas de doute sur la trophicité de l’épithélium pavimenteux.
* Conditions pour une colposcopie facile et fiable :
Le col ne doit pas être traumatisé par des explorations ou par des contacts récents :
– au moins cinq jours après des rapports sexuels ou un toucher vaginal,
– deux semaines après une exploration endo-utérine, frottis…,
– six semaines après une biopsie du col.
La colposcopie sous action œstrogénique facilite l’examen du canal cervical et permet de localiser la jonction pavimento-cylindrique dans plus de 85 % des cas.
Les muqueuses pavimenteuses et glandulaires du col sont des récepteurs hormonaux ; il est possible par une action œstrogénique pure, naturelle ou artificielle, sans action progestative associée, de se placer dans les conditions optimales pour un examen facile : sous œstrogènes, l’épithélium pavimenteux est épais et bien chargé en glycogène ; la muqueuse glandulaire sécrète un mucus abondant et limpide qui facilite l’exploration du canal cervical et la recherche de la jonction pavimento-cylindrique qui est le temps essentiel de l’examen.
* Quel œstrogène choisir ?
L’action œstrogénique doit être courte mais forte. C’est pourquoi, en l’absence de contre-indication, on utilisera l’Ethinylestradiol de préférence aux œstrogènes à action prolongée mais faible tels que ceux utilisés dans le traitement de la ménopause.
4. Pratique de la colposcopie :
– Cet examen effectué lors d’une consultation dure environ quinze minutes.
– La patiente est en position gynécologique.
– Le médecin introduit un spéculum pour exposer le col de l’utérus ; ce dernier est soigneusement nettoyé à l’aide d’une compresse ou d’un coton.
– Il dispose de plusieurs possibilités d’agrandissement pour observer les détails.
– Pour être efficace, la colposcopie doit être faite par un observateur entraîné connaissant bien l’histopathologie cervico-vaginale afin de comprendre ce qu’il voit.
5. Examen proprement dit :
La colposcopie comporte l’examen de l’exocol et du vagin et, si possible, du canal cervical.
Il comporte habituellement trois étapes :
– Examen sans préparation ;
– Examen après application d’acide acétique à 3 % ;
– Examen après application de Lugol (solution iodée) à 2 %, appelé test de Schiller.
L’application de ces deux colorants fait réagir les cellules anormales qui changent alors de couleur :
1) Examen sans préparation (ou après nettoyage au sérum physiologique) :
Il permet d’étudier les anomalies vasculaires et en particulier la congestion localisée du tissu conjonctif sous-jacent aux lésions qui est très fréquente dans les dysplasies.
Il montre aussi les zones blanches préexistantes à l’action de l’acide acétique (leucoplasies).
2) Examen à l’acide acétique :
Il colore en blanc les cellules anormales ; en effet, il fait blanchir les protéines contenues en abondance dans l’épithélium pavimenteux dysplasique ou néoplasique.
Après examen du vagin et de l’exocol, on applique l’acide acétique dans le canal cervical avec un coton monté puis on examine le canal à la recherche de la jonction pavimento-cylindrique.
Comme écarteur du canal cervical, on utilise la pince à polypes de Palmer.
3) Test de Schiller :
Il est effectué en dernier : on applique sur le col et le vagin un gros tampon de coton bien imbibé de Lugol ; ce dernier colore en brun les cellules normales de l’épithélium pavimenteux (riches en glycogène).
On peut ainsi localiser les zones iodo-négatives, en particulier lorsqu’elles se trouvent sur le vagin.
Pour que la colposcopie soit de qualité “satisfaisante”, la zone de jonction pavimento-cylindrique doit être visible en totalité. Il s’agit de la zone de jonction entre les deux épithéliums.
En effet, les lésions cervicales débutent quasiment toujours dans la zone de transformation, qui sépare l’épithélium exocervical de l’épithélium endocervical. Lorsque sa visibilité fait défaut, l’examen est considéré comme “non satisfaisant”. D’autres aspects font évoquer la présence de cellules anormales : présence de vaisseaux, d’ulcération, d’érosion.
La dernière étape consiste en la pratique d’une biopsie du col, orientée vers la lésion la plus suspecte. On y associe rarement un curetage endocervical.
Les fragments prélevés seront analysés par l’anatomopathologiste, en laboratoire.
Cet examen est indolore puisqu’il ne s’agit que d’une observation ; la douleur n’est liée qu’à la biopsie éventuelle qui, par définition, ne dure qu’un bref instant.
A la fin de l’examen : il faut prévoir une protection intime : le Lugol qui contient de l’iode est un produit qui tâche très fort les vêtements) ; la biopsie peut provoquer un petit saignement, qui s’arrête habituellement en quelques minutes.
La patiente peut continuer une activité normale après l’examen.
S’il y a eu biopsie, les rapports sont déconseillés pendant trois jours, ainsi que les bains, baignoire, piscine.
6. Indications :
La colposcopie est indiquée dans les cas suivants :
– frottis cervico-vaginal de dépistage anormal (présence d’anomalies cellulaires),
– découverte d’une lésion du col utérin (col d’aspect inhabituel, ectropion paraissant atypique), lors d’un examen gynécologique,
– saignement génital inexpliqué, notamment après les rapports sexuels,
– présence de condylomes,
– contrôler les suites d’une intervention pour détecter au plus vite la récidive,
– plus rarement, pertes génitales abondantes surtout colorées, malodorantes ou non.
D’une façon générale, il s’agit de détecter assez tôt et de façon précise les modifications qui apparaissent au niveau des muqueuses qui recouvrent le col de l’utérus.
Donc la grande victoire de la colposcopie, c’est de pouvoir assez souvent détecter au tout début les cancers de cette région, et même les lésions qui prédisposent au cancer.
7. Résultats :
L’examen se termine par la réalisation d’un compte rendu sous forme de cartographie, mentionnant l’aspect, la topographie et le grade des lésions selon la terminologie colposcopique, remis à la patiente et à son médecin traitant.
Le compte rendu est parfois accompagné de photos.
La conclusion définitive n’est donnée qu’après la réception des résultats de biopsie (délai de 7 à 10 jours), lors d’un second rendez-vous. C’est à ce moment que la conduite à tenir est définie.
8. CAT devant une dysplasie cervicale (confirmée à la biopsie) : Cf chapitre spécial
Points clés
– Lors d’une colposcopie, le col ne doit jamais être traumatisé par des explorations ou des contacts récents,
– en cas de cycle normal, l’examen peut être réalisé entre le 8ème et le 12ème jour du cycle,
– après la ménopause, un traitement d’une semaine à raison de 25 µg d’Ethinylestradiol sera prescrit,
– après hystérectomie totale, l’examen peut avoir lieu à n’importe quel moment,
– toute colposcopie doit donner lieu à la réalisation d’un schéma indiquant l’aspect et la topographie des lésions.