Les anticorps antispermatozoïdes (ACAS) sont des molécules protéiques qui se fixent sur une certaine zone du spermatozoïde. Une fois agglutinées, ces anticorps peuvent interférer avec l’activité des spermatozoïdes de différentes manières.

Ils peuvent :

– immobiliser les spermatozoïdes (asthénospermie),

– causer une agglutination entre ceux-ci,

– limiter leur capacité de traverser la glaire cervicale,

– ou les empêcher de pénétrer l’ovocyte.

Les anticorps antispermatozoïdes peuvent apparaître chez les femmes et chez les hommes.

Leur recherche est de plus en plus systématique, même si elle ne débouche pas encore sur des thérapeutiques très efficaces. Elle a au moins le mérite d’expliquer une infécondité du couple.

1. Quand les rechercher ?

Pour certains toujours, car leur présence permet d’expliquer environ 10 % des stérilités masculines.

On les recherchera de préférence s’il existe des antécédents de traumatisme du testicule, de vasectomie, d’IST itératives, s’il existe de nombreux agglutinats au spermogramme ou si le TPC est mauvais.

Leur origine est mal connue ; chez l’homme, ils semblent être formés par auto-immunisation.

Chez la femme, il semble plutôt s’agir d’un problème d’iso-immunisation mais le processus est encore mal connu.

2. Classification :

Les chercheurs classifient ces anticorps spéciaux par type (IgA, IgG et IgM) ainsi qu’en fonction de la manière dont ils se fixent sur les spermatozoïdes (tête, pièce intermédiaire ou flagelle).

Des études indiquent que les anticorps de type IgG, sont plus courants chez les hommes et que ceux de type IgA se retrouvent dans la glaire de la femme.

La fixation des anticorps au niveau de la tête est supposée empêcher la fécondation et la pénétration de l’ovocyte tandis que la fixation au niveau du flagelle est supposée réduire la mobilité.

3. Prélèvements :

– Prélèvement de sperme chez l’homme,

– Prélèvement de glaire cervicale chez la femme,

– Prélèvement de sang veineux. 

– Le recueil de sperme doit être effectué, au laboratoire, dans un récipient stérile, après trois jours d’abstinence sexuelle, et après avoir uriné, fait une toilette minutieuse du méat urétral et s’être bien lavé les mains. Il est aussi demandé de boire beaucoup avant l’examen.

L’examen doit être réalisé à distance d’une infection, d’une fièvre ou d’une intervention chirurgicale, pouvant influencer les résultats.

– Le prélèvement de glaire cervicale est généralement programmé au 13ème ou au 14ème jour du cycle menstruel (période pré-ovulatoire), en ayant pris soin de préciser la durée habituelle des cycles menstruels, un traitement éventuel et, si possible, en ayant pris la température le matin avant le lever depuis le début du cycle (la courbe de température permet de repérer le jour optimal de l’examen).

– Pour le prélèvement de sang, il n’est pas nécessaire d’être à jeun.

Malheureusement, les examens pratiqués et l’identification du type d’anticorps ou le lieu n’aident pas beaucoup à déterminer si une femme va réussir à concevoir ou non.

4. Comment les rechercher ?

La présence d’ACAS est caractéristique des infertilités masculines auto-immunes. 

1) Dans le sperme :

Deux tests sont disponibles :

– Test de dépistage : MAR test (Mixed Antiglobulin Reaction test) sur le sperme frais non traité : il est dit (+) si l’agglutination est > 10 % ; une infertilité immunologique est probable quand elle est > 50 % (la moitié des spermatozoïdes adhèrent aux particules).

– Test de confirmation : test aux immunobilles qui permet de rechercher la présence de deux types d’immunoglobulines, IgG et IgA, à la surface des spermatozoïdes, le plasma séminal et dans le sérum. 

Le MAR test et la recherche des anticorps à la surface des spermatozoïdes ne peuvent être réalisés que si la mobilité des spermatozoïdes est suffisante. 

2) Dans la glaire cervicale :

Parfois, c’est dans la glaire cervicale de la femme que sont recherchés des ACAS : il s’agit alors d’anticorps que développe la femme contre les spermatozoïdes de son conjoint. 

3) Dans le sang :

Plus rarement, la présence d’ACAS est recherchée dans le sang (en mettant en contact le “sérum malade” avec du sperme témoin) ; la méthode la plus utilisée est celle de Friberg.

Il faut savoir qu’il existe une corrélation entre la présence d’ACAS dans le sérum et le sperme chez l’homme ; par contre, chez la femme, il n’existe pas de corrélation.

5. Utilité du test :

Ce test fait partie du bilan d’une infertilité.

La recherche d’anticorps antispermatozoïdes dans le sperme est indiquée en cas de difficulté à procréer, chez un homme opéré de la prostate ou ayant eu des infections génitales, surtout lorsque des anomalies sont observés au spermogramme ou lors du test post-coïtal (TPC). Leur présence témoigne d’une réaction du système immunitaire du patient contre ses propres spermatozoïdes.

6. Interprétation du résultat :

Un test positif signe la présence d’anticorps antispermatozoïdes, évoquant une infertilité dite “immunologique”, c’est-à-dire due à une réaction du système immunitaire d’un conjoint envers l’autre. Cependant, la pénétration des spermatozoïdes dans la glaire cervicale est vraiment altérée, si au moins 50 % des spermatozoïdes sont recouverts d’anticorps.

7. Traitement :

– ACAS + oligospermie chez l’homme : l’unique solution à proposer au couple est soit l’IAC (après lavage du sperme ou amélioration par migration sur gélose), soit l’IAD.

– ACAS chez la femme : des tentatives de traiter cette pathologie en inhibant l’action des anticorps avec des stéroïdes (béthaméthasone en gouttes et à faibles doses) donnent parfois de bons résultats.

En cas d’échecs de ses traitements, l’induction de l’ovulation et une insémination suivie par une FIV avec ICSI semblent être le meilleur traitement actuellement.

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