1. Qu’est-ce qu’un conseil génétique ?
C’est une consultation avec un généticien, qui va INFORMER LE COUPLE sur :
– le risque de transmission d’une maladie génétique,
– le risque que l’enfant exprime la maladie,
– la maladie génétique et ses conséquences : l’anomalie génétique responsable, le mode de transmission, l’évolution de la maladie,
– les possibilités d’un diagnostic anténatal,
– les éventuels traitements et aides disponibles.
2. Indications d’un conseil génétique :
1) Demande en dehors de toute grossesse : cas le plus fréquent :
– âge maternel avancé (≥ 38 ans),
– anomalie génétique ou chromosomique chez l’un des parents,
– antécédent familial de maladie génétique,
– antécédent d’un ou plusieurs enfants vivants malformés ou porteurs d’une maladie génétique,
– en cas d’échec de la reproduction (stérilité, fausses couches à répétition, enfants morts-nés, décédé après la naissance),
– lors d’une union consanguine.
2) Demande en cours de grossesse:
– souvent trop tardivement (valeur de l’information),
– exposition à un agent tératogène (rubéole, toxoplasmose…) au cours d’une grossesse.
3. Evaluation du risque :
Elle nécessite :
– un diagnostic précis de l’affection : les sujets atteints doivent être examinés soigneusement (examen clinique, examens biologiques, radiologiques, photographiques),
– une étude soigneuse du mode de transmission avec constitution d’un arbre généalogique complet (inclure les sujets décédés et les grossesses interrompues),
– les sujets hétérozygotes sains doivent être dépistés si cela est possible,
– un fœtus ou un nouveau-né décédé doit être soigneusement examiné : compte-rendu morphologique et photographies, radiographies du squelette, prélèvements biologiques avec, entre autres, caryotype sur sang intracardiaque ou fibroblastes, autopsie minutieuse avec l’accord des parents.
Un diagnostic précis de l’affection doit être obtenu car des maladies cliniquement très proches peuvent avoir des modes de transmission différents.
Selon les cas :
– Pour l’hérédité monofactorielle : les risques de transmission sont déduits des lois générales de la génétique formelle ; certaines affections sont accessibles au diagnostic anténatal.
– Pour l’hérédité multifactorielle : existent des modèles et des données statistiques, le risque de récurrence étant variable selon les régions.
– La consanguinité : augmente le risque de transmission des caractères autosomiques récessifs et multifactoriels.
– Le risque de récurrence d’une trisomie 21 libre est estimé à 1 %.
Les conséquences du conseil génétique dépendent de différents facteurs (statistique, gravité de la maladie, thérapeutiques possibles, diagnostic anténatal) et de la compréhension du conseil par le couple. Le conseil génétique doit être indicatif mais aussi directif avec explication soigneuse de tous les risques.
4. Le conseil :
Il se fera en fonction :
– du risque encouru (mode de transmission, pénétrance et expressivité, coefficient de parenté, fréquence du gène dans la population),
– de la gravité de l’affection et de l’existence ou non d’un traitement,
– en tenant compte de la composition de la famille (sujets déjà atteints, nombre d’enfants normaux),
– pour une affection grave, à risque de récurrence élevé, sans traitement efficace et sans diagnostic prénatal (ou devant le refus des parents de le pratiquer), il sera conseillé aux parents de ne plus avoir d’enfants [mais les progrès récents sont tels dans le domaine de la génétique, que le couple doit rester en contact avec le généticien].
L’information doit être loyale, objective et compréhensible.
5. Cas particuliers :
1) Infertilité :
Un nombre important de maladies génétiques est responsable d’hypofertilité ou d’infertilité :
– aneuploïdies des chromosomes sexuels (syndrome de Turner, syndrome de Klinefelter) ou anomalies structurelles des autosomes,
– ménopause précoce chez les femmes porteuses d’une prémutation de l’X fragile,
– oligo ou azoospermie ou une agénésie des canaux déférents chez certains hommes porteurs de microdélétions du chromosome Y ou porteurs de mutations du gène CFTR.
Il est donc important que les couples en demande de PMA aient accès à un conseil génétique.
2) Avortements à répétition :
Une histoire d’avortements spontanés à répétition (> 3) motive un bilan qui doit inclure une demande de caryotype et donc un conseil génétique.
En effet, un remaniement chromosomique équilibré chez un des deux membres du couple peut expliquer des fausses couches à répétition.
3) Consanguinité :
Un conseil génétique doit être proposé aux couples ayant un lien de parenté.
Les couples consanguins ont un risque augmenté d’avoir un enfant atteint d’une maladie génétique récessive. En effet, les deux parents sont à risque d’être tous les deux porteurs sains d’une mutation héritée du même ancêtre commun.
Une anamnèse familiale aussi précise que possible est indispensable.
De plus, le risque de malformations congénitales estimé à 2 % pour la population générale est doublé pour un couple consanguin.
Un suivi échographique détaillé de la grossesse est important.
Enfin, certains couples consanguins sont plus à risque pour certaines maladies génétiques en fonction de leur origine géographique et/ou ethnique.
Un dépistage spécifique est discuté lors du conseil génétique.
6. Conseil génétique et anomalies chromosomiques : Cf chapitre spécial
Le conseil génétique demande :
– du temps et de la disponibilité (le généticien va s’aider d’un arbre généalogique du couple sur 3 générations afin de dépister le cas index et d’en déduire le mode de transmission de la maladie),
– une bonne connaissance des maladies génétiques,
– beaucoup de psychologie (voir éventuellement les partenaires séparément si l’on suspecte des renseignements erronés, des secrets cachés).