Due au parasite Sarcoptes scabiei hominis, la gale se transmet par contact sexuel direct (ce qui en fait une IST) ou par l’intermédiaire du linge et de la literie.

La triade symptomatique comporte les lésions de grattage, dues au prurit rapidement généralisé, le sillon et la vésicule perlée. Cette dernière, située à l’extrémité du sillon, est provoquée par l’acarien.

L’évolution spontanée ne se fait pas vers la guérison.

Le traitement consiste à traiter tous les membres de la famille par badigeonnage du corps avec un produit type Ascabiol et à désinfecter linge et literie (Aphtiria ®).

 1. Définition :

La gale est une dermatose fréquente cosmopolite prurigineuse et contagieuse due à un acarien Sarcoptes scabiei.

On distingue plusieurs formes cliniques : la gale ordinaire de l’adulte et du grand enfant, la gale du nourrisson et la gale de la personne âgée ou du sujet immunodéprimé.

 2. Agent pathogène et cycle :

Sarcoptes scabiei recouvre plusieurs sous-espèces d’ectoparasites dont une seule cosmopolite est spécifique de l’homme : S. scabiei var. hominis. Les autres sous-espèces, animales, sont susceptibles de passer sur l’homme, d’amorcer leur développement sans pouvoir s’y maintenir.

L’acarien se présente sous une forme globuleuse à tégument plissé, de couleur brune à grisâtre. L’adulte mesure 200 à 350 μm, la femelle est plus grande que le mâle. Il est muni de 4 paires de pattes très courtes. 

Les 2 paires antérieures, orientées vers l’avant, se terminent par des ventouses appelées ambulacres. Les 2 paires postérieures, orientées vers l’arrière, se terminent chez la femelle par de longues soies (poils) ; elles se terminent chez le mâle par des soies sur la 3ème paire et par des ambulacres sur la 4ème paire.

Les sarcoptes s’accouplent sur leur hôte ; le mâle meurt après l’accouplement tandis que la femelle fécondée s’enfonce dans la peau en creusant une galerie entre la couche cornée et la couche de Malpighi. Dans ce tunnel, communément appelé sillon, elle avance de 1 à 2 mm par jour en se nourrissant de la couche cornée et de l’exsudat de la couche de Malpighi. Tout en progressant, elle pond 1 à 2 œuf(s) par jour pendant environ 1 mois et meurt.

Les œufs éclosent dans l’épiderme en 3 à 4 jours et donnent chacun une larve à 6 pattes (hexapode).

Chaque larve subit des mues successives pour devenir nymphe puis adulte mâle ou femelle en 10 à 15 jours. Après accouplement, les femelles fécondées recommencent un nouveau cycle sur le même hôte ou sur un autre hôte.

La transmission d’hôte à hôte s’effectue lors d’un contact cutané direct ou plus rarement par l’intermédiaire d’objets de toilette (gants, serviette), de vêtements ou de la literie. Il peut s’agir d’une infection nosocomiale ou sexuellement transmissible. Il se passe ainsi environ 3 semaines depuis la ponte de l’œuf jusqu’à l’apparition d’un nouvel acarien adulte capable de pondre à son tour ou capable de passer sur un nouvel hôte. Un sujet devient donc contaminant dès la 3ème semaine après avoir été lui-même contaminé. Il est donc important de faire une enquête autour du malade pour rechercher la source de contamination et les sujets pouvant être à leur tour infestés : conjoint, famille, entourage proche, nourrice, crèche…

L’infestation initiale passe habituellement inaperçue mais sensibilise le sujet qui développe une réaction prurigineuse dès la deuxième pénétration d’acariens dans la peau. Ainsi, lorsque le prurit apparaît, le sujet est déjà contagieux. En dehors de l’hôte, le sarcopte reste infestant de 24 à 48 heures.

 3. Symptomatologie :

1) Gale commune de l’adulte :

L’incubation est de 3 semaines en cas de primo-infection.

Le diagnostic est d’abord clinique et épidémiologique : le patient consulte pour un prurit qui touche souvent plusieurs personnes d’une même collectivité.

Le prurit est le premier signe ; il est continu, diurne et nocturne ; la nuit, il est plus intense et empêche de dormir. Il est tenace, le sujet n’arrête pas de se gratter y compris devant le médecin. Souvent localisé au début aux espaces interdigitaux, il s’étend rapidement aux poignets, aux coudes, aux aisselles, aux plis abdominaux, inguinaux, fessiers et au fourreau de la verge (chancre scabieux).

L’éruption est caractérisée par le sillon scabieux, lésion spécifique sinueuse, de quelques millimètres de long, située dans la couche cornée de l’épiderme. Elle représente le trajet de l’acarien femelle pendant sa ponte. L’une des extrémités, renflée en tête d’épingle, repère la position de la femelle adulte, le reste du sillon est occupé par les œufs. Les vésicules perlées sont des petites élevures translucides grisâtres reposant sur une base érythémateuse ; elles ne contiennent pas de parasite. 

En effet, l’examen, effectué avec des gants, retrouve des papules, des vésicules et des lésions de grattage, parfois surinfectées. 

La topographie est évocatrice ; l’éruption affecte les espaces interdigitaux des mains, la face antérieure des poignets, les coudes, l’emmanchure antérieure, la région ombilicale, la convexité des fesses, la face interne des cuisses.  

Le visage et le cou sont respectés ; le dos, la paume des mains et la plante des pieds sont rarement atteints. 

Le sillon scabieux, lésion sinueuse de 5 à 15 mm, légèrement surélevée et se terminant par une vésicule perlée, est pathognomonique mais rarement retrouvé. 

2) Gale du nouveau-né et du nourrisson :

– Chez le nouveau-né, la symptomatologie peut apparaître dans la deuxième quinzaine de vie. Elle est alors parfois trompeuse : le prurit est remplacé par une grande agitation, les lésions sont souvent profuses, eczématiformes, mais touchant avec prédilection les creux axillaires sous forme de nodules, les paumes et les plantes où elles sont parfois bulleuses. 

– Le nourrisson atteint de gale est agité, il pleure constamment et dort peu. Il présente des lésions vésiculeuses, souvent surinfectées, siégeant au niveau des aisselles, de l’ombilic et des fesses. Ces lésions peuvent s’étendre aux bras, à la poitrine, aux cuisses. Elles touchent de manière caractéristique la plante des pieds (vésiculo-pustules +++) et épargnent habituellement les doigts.

Les prélèvements sont difficiles à réaliser et le diagnostic repose le plus souvent sur la clinique et la notion de contage familiale.

3) Gale hyperkératosique et croûteuse (sujet âgé) :

En raison de l’absence relativement fréquente du prurit chez le sujet âgé, la gale passe longtemps inaperçue chez ces sujets. Les parasites et les lésions prolifèrent rapidement et la peau se recouvre de formations croûteuses, squameuses, parfois épaisses, blanc-jaune souffre.

Les lésions peuvent se généraliser à toute la surface cutanée, y compris le visage, le dos, la paume des mains et la plante des pieds.

Cette forme croûteuse ou hyperkératosique, jadis appelée “gale norvégienne” très contagieuse, reste, curieusement, non prurigineuse alors que les parasites pullulent ; elle est responsable d’épidémies dans les centres de gériatrie et les services d’hospitalisation long séjour.

La richesse en sarcoptes des prélèvements effectués sur n’importe quelle lésion, explique la grande contagiosité de cette affection.

4) Gale profuse (immunodéprimé) :

Elle est rencontrée chez l’immunodéprimé et ressemble à celle du sujet âgé ; les lésions sont diffuses (éruption papulo-squameuse généralisée très prurigineuse), mais sans l’hyperkératose.

Les sillons typiques sont difficilement retrouvés. 

L’évolution peut se faire vers la forme croûteuse ou hyperkératosique dite “gale norvégienne”. 

4. Diagnostic biologique :

Un prélèvement cutané est souvent nécessaire pour confirmer le diagnostic.

Le prélèvement parfois orienté grâce à un dermatoscope est effectué par un biologiste qui choisira des lésions susceptibles de contenir des parasites : un sillon scabieux ou, le plus souvent, de petites desquamations de moins de 2 mm, non surinfectées et que l’on retrouve plus facilement au niveau des espaces interdigitaux ou sur les poignets.

Sont également souvent parasitées les lésions autour des mamelons chez la femme et les lésions génitales, ou chancre scabieux, chez l’homme.

Le prélèvement est alors effectué en grattant à l’aide d’un vaccinostyle : il faut gratter jusqu’au sang pour déloger les parasites. Le produit de grattage est ensuite déposé dans une goutte d’huile à immersion sur une lame porte-objet. Il est recouvert d’une lamelle et examiné au microscope à faible grossissement (x 10). Les acariens, leurs œufs ou leurs déjections sont alors aisément repérés. L’huile empêche la dispersion des squames et des parasites.

5. Traitement :

1) Traitement anti-scabieux :

Le patient infesté et son entourage doivent être traités en même temps.

Le traitement de la gale dans sa forme habituelle peut faire appel à un traitement oral ou à un traitement local. 

Il est important de se conformer strictement au mode d’emploi du produit, variant en fonction de l’âge, et de vérifier les effets indésirables et les contre-indications.

En présence d’un cas de gale, le traitement local est le plus souvent utilisé. Cependant en collectivité et à l’hôpital le traitement par voie orale est privilégié, en raison de sa facilité d’emploi, notamment lorsqu’ il y a un grand nombre de patients à traiter. 

En cas de gale croûteuse, le traitement per os est recommandé associé à un traitement local. Une deuxième dose du traitement per os et/ou un traitement local peuvent être nécessaires.

a) Traitement local :

Le traitement local repose sur l’application d’un produit anti-scabieux. 

Actuellement 2 principes actifs sont utilisés : pyréthrinoïde de synthèse (Sprégal ®) en pulvérisations sur tout le tégument et benzoate de benzyle (Ascabiol ®). 

Dans tous les cas prendre un bain savonneux ou une douche et réaliser un séchage doux avant l’application du scabicide (sur tout le corps) : celui-ci doit être gardé pendant 24 heures chez les enfants et les adultes, 12 heures chez les nourrissons et les femmes enceintes et 6 à 12 h chez le nourrisson.

Le patient doit prendre un bain ou une douche à la fin du traitement. 

b) Traitement oral :

Il repose sur l’ivermectine (Stromectol ®), en prise unique, à la dose de 200 μg/kg le matin à jeun avec de l’eau sans manger pendant les 2 heures suivantes, soit 1 à 4 cp en fonction du poids. C’est un traitement simple, cependant sa sécurité d’emploi n’est pas établi chez les jeunes enfants de moins de 15 Kg et la femme enceinte ou allaitant. Il est également contre-indiqué en cas d’antécédents d’allergies ou d’affections du système nerveux central. Des intolérances ont été rapportées chez le sujet âgé.

Ce traitement est à renouveler 10 à 15 jours plus tard. Il peut être associé à un traitement local.

Nb : Après le traitement, il persiste un prurit post scabieux, pouvant durer jusqu’à 2 à 4 semaines. Il pourra bénéficier d’applications de crème Eurax ®. Des lésions papulo-nodulaires rouges ou cuivrées prurigineuses réalisent les nodules post-scabieux, granulomes inflammatoires, qui peuvent persister plusieurs semaines ou mois après un traitement efficace. Ils siègent aux aisselles chez l’enfant, ubiquitaires chez l’adulte, en particulier sur la verge chez l’homme. Ils s’affaissent progressivement et ne doivent pas entraîner la répétition d’un traitement antiparasitaire. Certains ont pu préconiser l’injection intralésionnelle de corticoïdes.

2) Prévention : traitement antiparasitaire de l’environnement :

Quel que soit le traitement anti-scabieux utilisé, il est indispensable d’effectuer un traitement antiparasitaire des draps de lit, des couvertures, du linge de toilette, des vêtements, des chaussures du patient mais aussi de son domicile. 

De nombreux échecs thérapeutiques ou de nombreuses recontaminations sont dus à une absence ou une mauvaise désinfection de l’environnement du malade.

Pour un cas de gale commune, un simple bionettoyage de la literie sera réalisée. Il sera étendu au mobilier, rideaux, fauteuils… en cas de gale profuse. 

* Le linge, literie et vêtements seront enfermés hermétiquement dans un sac poubelle avec saupoudrage d’un scabicide de contact (Aphtiria ® poudre, A-PAR ®) pendant 24 heures puis lavé en machine à 60 °C.

Nb : Les textiles ne supportant pas de lavage > 50° doivent être saupoudrés par APHTIRIA ® et enfermés dans un sac plastique pendant 48 heures puis si possible adresser le linge contaminé en blanchisserie sous double emballage (sac plastique fermé, lui-même remis dans un autre sac plastique).

Dans les cas particuliers des enfants en bas âge : ne pas oublier de traiter les peluches (“doudou”) et autres jouets ainsi que la poussette et le landau.

* Le produit scabicide (A-PAR ® ou Phagoacaricide ® pour de plus grandes surfaces) est pulvérisé sur les surfaces à traiter.

Une éviction scolaire de 3 jours après le début du traitement est recommandée dans la gale commune. Il est également recommandé de couper les ongles courts pour éviter un réservoir sous unguéal de parasites et les surinfections.

Enfin, il est indispensable de dépister, pour les traiter, tous les “contacts” (époux, autres enfants).

Traitement antiparasitaire de la gale

Principe actif

Pyréthrinoide de synthèse

Benzoate de benzyl

Nom commercial 

Sprégal ® aérosol

Ascabiol ®

Utilisation

Prendre un bain ou une douche.
Réaliser un séchage doux.

Prendre un bain ou une douche.
Réaliser un séchage doux et appliquer sur peau encore humide.

 

Mettre un masque (patient-soignant) et protéger les yeux.
Pulvériser à 20/30 cm de la peau sur tout le corps de haut en bas.

Appliquer la lotion à l’aide d’un pinceau ou de compresses.

 

Eviter le visage et le cuir chevelu,
les plaies, les muqueuses et les yeux

Eviter le visage et le cuir chevelu, les plaies, les muqueuses et les yeux.

Durée de contact / Applications

Laisser en contact 12 heures y compris sur les mains (pour les adultes) puis rinçage. 

1 à 2 applications

Laisser en contact 24 heures y compris sur les mains (pour les adultes) puis rinçage. 

2 à 3 applications successives

Contre-indications

Chez l’asthmatique ; 

hypersensibilité à un des composants ;

à éviter pendant la grossesse

Allaitement

Effets indésirables

Picotements, irritation cutanée, asthme

Sensation de cuisson immédiate,
eczématisation,

Convulsions

Enfant

Nourrissons < 30 mois : Ne pas utiliser sur le cuir chevelu

Enfant < 2 ans : 1 application.
Laisser en contact maximum 12 heures. Mettre un bandage protecteur sur les mains et les pieds de l’enfant pour éviter l’ingestion du produit (risque de convulsions).

Grossesse

A éviter

Une seule application de durée inférieure à 12 h

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