L’anorexie mentale se manifeste en général au moment de l’adolescence à la suite d’un conflit psychoaffectif.
Elle associe des troubles graves du comportement alimentaire et l’aménorrhée secondaire.
La triade classique est bien connue, avec dans l’ordre successif : la restriction volontaire de l’alimentation, la perte de poids et l’aménorrhée.
Elle est à la croisée des aménorrhées par anomalies pondérales et des aménorrhées psychogènes.
1. Cliniquement :
Cette maladie est caractérisée par l’association de 3 symptômes chez une jeune fille de 15 à 25 ans, de niveau intellectuel élevé, souvent fille unique et studieuse :
– l’anorexie,
– l’amaigrissement volontaire rapide (refus d’alimentation de cause psychiatrique),
– l’aménorrhée secondaire, qui peut persister malgré la reprise de poids.
La cachexie, avec troubles métaboliques graves, hypoglycémie, insuffisance hypophysaire globale acquise, peut mettre en jeu la vie de la patiente.
2. Examens paracliniques :
– Le bilan hormonal objective un hypogonadisme hypogonadotrophique (estradiolémie, FSH et LH plasmatiques basses), celui-ci est secondaire à une anomalie de la sécrétion pulsatile de LH-RH.
– les tests aux progestatifs et au citrate de clomifène sont sans effet ; une hémorragie de privation est provoquée par la prise d’estroprogestatifs prouvant l’intégrité de l’endomètre.
– Les autres anomalies endocriniennes constatées (élévation du cortisol, baisse de la DT3 [D-triiodothyronine]) sont secondaires à la dénutrition par modification de la masse grasse.
3. Conséquences :
Les conséquences de la carence alimentaire et de l’aménorrhée sur la densité osseuse ont été étudiées.
Il existe une réduction de la masse osseuse avec un risque de fracture ; cette ostéoporose est vérifiée par absorptiométrie biphotonique.
L’ostéoporose ne régresse apparemment pas lors de la reprise du poids et la disparition de l’aménorrhée, mais n’est pas non plus évolutive.
La diminution de la densité osseuse a une meilleure corrélation avec la durée de l’aménorrhée qu’avec la durée de l’anorexie.
4. Traitement :
Il est long et difficile et repose essentiellement sur la prise en charge psychiatrique.
Ce n’est pas l’aménorrhée qu’il faut traiter en premier mais l’état psychologique.
Si l’aménorrhée ne cède pas à la reprise du poids et à l’amélioration psychologique, on peut être amené à donner temporairement un traitement estroprogestatif substitutif.
Nb : Le contexte familial doit être parfaitement étudié : les parents, tout en étant partiellement responsables, ne sont pas conscients de leurs erreurs relationnelles et doivent modifier leurs comportements, sans pour cela se culpabiliser.