1. Symptomatologie :
Elle associe chancre et adénopathie.
– Incubation moyenne : 3 semaines (1 à 12 semaines).
– Chancre : il est le plus souvent génital (grandes ou petites lèvres, vagin, col) ; c’est une exulcération unique, rosée, superficielle, indolore, non inflammatoire, de 5 à 15 mm de diamètre, bien limitée, à bords arrondis, unique à base indurée, à fond propre, laissant sourdre une sérosité.
Le liquide s’écoulant du chancre est extrêmement contagieux.
La lésion se développe généralement à l’endroit où s’est produit le contact initial.
Le chancre commence par une papule, puis se transforme en une érosion superficielle donnant l’ulcère typique ; c’est toujours une exulcération génitale, unique plus souvent que multiple, dont le seul caractère séméiologique vraiment évocateur est l’induration.
Elle se traduit par l’impossibilité de plisser entre deux doigts la surface de l’ulcération qui ne fait qu’un bloc avec l’induration sous-jacente.
Le liquide s’écoulant du chancre est extrêmement contagieux.
Son siège peut être atypique chez la femme : dans la cavité buccale, la région anorectale et a fortiori hors muqueuses.
– Le chancre s’accompagne après quelques jours d’une adénopathie régionale, unilatérale ou bilatérale, non inflammatoire, mobile, elle aussi non douloureuse.
Il s’agit en fait de multiples petits ganglions centrés par un plus volumineux.
Sous traitement : cette réaction ganglionnaire disparaît après le chancre.
Sans traitement : elle régresse spontanément, mais après plusieurs mois.
Nb : Une adénopathie volumineuse et très inflammatoire évoque beaucoup plus un chancre mou ou une lymphogranulomatose vénérienne qu’une syphilis.
Si le chancre touche le col ou le rectum, les ganglions concernés de la région iliaque ne sont pas palpables.
Le chancre cicatrise spontanément en 2 à 6 semaines, mais la progression de la maladie se poursuit.
Nb : La majorité des chancres touchent les localisations anogénitales :
– chez la femme : il siège le plus souvent sur les grandes ou petites lèvres, vagin, col utérin (où il passe alors inaperçu),
– chez l’homme : sillon balanopréputial, base de la verge, scrotum, pubis, méat urétral…
D’autres localisations atypiques sont possibles : cavité buccale (pharynx, langue, autour des lèvres), région anorectale et a fortiori hors muqueuses.
La localisation anorectale, plus fréquente chez l’homosexuel, prend la forme d’une fissure anale ou de suintements sanguinolents douloureux.
Les chancres peuvent aussi être vus sur les doigts, les mamelons, et au niveau d’autres zones diverses.
Les chancres des doigts peuvent apparaître plus érosifs et être douloureux.
* Des chancres atypiques peuvent être observés : multiples, nains, géants, surinfectés (inflammatoires et douloureux), mixtes (associés à un chancre mou).
Les chancres chez des sujets déjà contaminés peuvent être de petite taille et rester sous la forme d’une papule.
La phase primaire s’accompagne d’une diffusion septicémique du tréponème, pouvant évoluer vers des lésions de syphilis secondaire et parfois tertiaire.
Au début de la roséole, le chancre a disparu (ou presque).
2. Diagnostic :
– Ultra-microscope à fond noir. Faux négatif si antibiothérapie locale ou générale ; faux positif exceptionnel avec autres spirochètes (bouche) si le laboratoire est inexpérimenté.
– Sérologie qui sera répétée à J15 (FTA, TPHA).
3. Diagnostics différentiels :
– Le diagnostic différentiel d’un ulcère génital devrait inclure l’herpès génital.
Classiquement, les ulcères herpétiques sont multiples, superficiels et, s’ils sont vus précocement, vésiculaires. Ils sont souvent douloureux. Cependant, des présentations atypiques peuvent ne pas être différenciables du chancre syphilitique.
L’herpès génital est plus courant par ordre de fréquence que la syphilis. Donc, l’herpès génital est actuellement la cause la plus fréquente de “chancre typique”.
– Les ulcères du chancre mou sont habituellement douloureux, souvent multiples, fréquemment exsudatifs, non indurés, et avec adénopathie inflammatoire.
– Le lymphogranulome vénérien peut produire une petite lésion papulaire associée à une adénopathie régionale.
– Les autres situations qui doivent être distinguées comprennent le granulome inguinal, le carcinome épidermoïde, les infections fongiques superficielles, les lésions (érosions) traumatiques et le lichen plan.
La distinction finale dans la plupart des cas est faite sur la base de l’examen au microscope à fond noir, qui est positif seulement dans la syphilis.
>> En pratique, toute ulcération génitale, surtout si elle est indolore, doit faire évoquer de principe une syphilis primaire.