1. Définition :

On désigne par bouffée de chaleur la sensation de chaleur intense et brutale ressentie au niveau du visage, du cou et du buste, souvent accompagnée de rougeurs cutanées et de sueurs diurnes et/ou nocturnes.

Cette sensation peut durer de quelques minutes à quelques heures et survenir pendant la journée ou la nuit, ce qui peut nuire à la qualité du sommeil et engendrer de la fatigue, des troubles et variations d’humeur (irritabilité, nervosité…).

Chez la femme, les bouffées de chaleur apparaissent souvent à la préménopause et s’aggravent à la ménopause, mais elles peuvent également se manifester chez les hommes et les femmes en période de règles lorsqu’il y a un déficit d’œstrogènes.

Ces épisodes peuvent être inconfortables et altérer la qualité de vie.

La fréquence des bouffées est variable selon les individus.

Les bouffées de chaleur sont liées à un déséquilibre hormonal et apparaissent souvent à la ménopause et durant les règles lorsqu’il y a un déficit d’œstrogènes.

Elles peuvent survenir au cours de la journée ou de la nuit, et se déroulent classiquement en trois phases :

– une première phase inconstante d’aura ou prodrome (frissons, tremblements, malaise, vertiges),

– une deuxième phase, avec sensation de chaleur débutant au niveau du thorax et des épaules, puis s’étendant au cou et à la face avec apparition de rougeurs et de sueurs,

– la phase de résolution avec hypersudation, palpitations et retour à l’état normal.

2. Physiopathologie des bouffées de chaleur :

1) Mécanismes sous-jacents :

L’une des causes est un déséquilibre hormonal et, plus particulièrement, un déficit en œstrogènes.

Les œstrogènes jouant un rôle clé dans la régulation de la température du corps, les bouffées de chaleur sont observées chez les patientes jeunes qui ont subi une ovariectomie ou ont pris des traitements anti-hormonaux adjuvants lors d’un traitement contre le cancer du sein.

Leur baisse entraîne une instabilité du centre de thermorégulation situé dans l’hypothalamus, qui perçoit à tort une surchauffe du corps et déclenche des mécanismes de refroidissement tels que la vasodilatation et la sudation.

Ce déséquilibre hormonal se manifeste de même chez l’homme à l’andropause, en raison de la baisse de testostérone, chez les patients atteints d’hyperthyroïdie, ou encore chez les patients souffrant de diabète (en cas d’hypoglycémie, le corps va se mettre à transpirer abondamment).

Enfin, des bouffées de chaleur peuvent aussi être observées lors de la grossesse, après un repas trop riche, ou encore en raison d’un stress important.

2) Facteurs contributifs :

Plusieurs facteurs peuvent influencer la fréquence et l’intensité des bouffées de chaleur :

– facteurs hormonaux : les variations des niveaux d’œstrogènes sont les principaux déclencheurs,

– facteurs de style de vie : le tabagisme, l’obésité, l’alimentation épicée, et la consommation d’alcool peuvent aggraver les symptômes,

– facteurs psychologiques : le stress et l’anxiété peuvent également jouer un rôle.

3. Diagnostic :

– Le diagnostic des bouffées de chaleur est clinique et repose principalement sur les symptômes rapportés par la patiente.

Les caractéristiques typiques incluent une sensation soudaine de chaleur, des rougeurs cutanées, et des épisodes de sudation.

Une évaluation clinique approfondie permet de différencier les bouffées de chaleur d’autres conditions médicales telles que l’hyperthyroïdie ou les troubles anxieux.

– Bilan hormonal :

On va mesurer le taux d’œstrogènes chez la femme et le taux de testostérone chez l’homme, mais aussi taux de FSH chez l’homme comme chez la femme.

Le but est de détecter une éventuelle ménopause précoce ou un déséquilibre hormonal.

Un dosage de TSH est préconisé en cas de suspicion d’une dysthyroïdie.

4. Traitement :

Le traitement des bouffées de chaleur dépend de la fréquence et de l’intensité des épisodes, ainsi que des contraintes médicales et des préférences personnelles des femmes.

Voici quelques options couramment utilisées :

1) Traitement hormonal :

a) Traitement hormonal de la ménopause (THM) :

Le THM est l’option de traitement de première ligne pour les bouffées de chaleur sévères.

Il consiste à administrer des œstrogènes, seuls ou en combinaison avec des progestatifs, pour compenser la baisse hormonale.

Le THM a prouvé son efficacité dans la réduction des bouffées de chaleur et améliore également d’autres symptômes ménopausiques comme les troubles du sommeil et les douleurs articulaires.

Avantages :

– Réduction significative des bouffées de chaleur.

– Amélioration de la qualité de vie.

Risques :

– Augmentation du risque de cancer du sein, d’accidents vasculaires cérébraux, et de maladies cardiovasculaires.

– Effets secondaires potentiels comme les nausées, les maux de tête, et les saignements vaginaux.

b) Modulateurs Sélectifs des Récepteurs aux Œstrogènes (SERM) :

Les SERM, tels que le raloxifène, offrent une alternative pour les femmes qui ne peuvent pas utiliser le THM. Ils agissent en modulant les récepteurs aux œstrogènes dans différents tissus, fournissant des effets bénéfiques sur les bouffées de chaleur sans certains des risques associés au THM.

2) Traitements non hormonaux :

Souvent prescrits seuls, ces traitements peuvent être associés au THM. Les plus fréquents sont :

a) Antidépresseurs :

Trois antidépresseurs (gabapentine, paroxétine et venlafaxine) pourraient réduire de façon significative les bouffées de chaleur, mais ils ont des effets secondaires (nausées, insomnie, sécheresse buccale) et aucun n’a, pour l’instant, d’autorisation de mise sur le marché dans cette indication.

Ils sont particulièrement utiles pour les femmes qui ne peuvent pas utiliser les traitements hormonaux.

b) Antiépileptiques :

Le gabapentin, un médicament antiépileptique, s’est montré efficace pour réduire les bouffées de chaleur, en particulier chez les femmes atteintes de cancer du sein qui ne peuvent pas prendre de THM.

Effets secondaires possibles : somnolence,  étourdissements, fatigue.

c) Clonidine :

La clonidine (Catapressan ®) : 1/2 cp/j en continu, est un antihypertenseur central qui peut également être utilisé pour traiter les bouffées de chaleur.

Bien que son efficacité soit moins prononcée que celle des traitements hormonaux, elle peut être une option pour les femmes pour lesquelles les traitements hormonaux sont contre-indiqués.

Effets secondaires possibles : bouche sèche, somnolence, constipation, hypotension orthostatique (baisse de la pression artérielle en position debout).

d) Autres :

Bêta-alanine (Abufène ®) [boite de 30] : 1 ou 2 cp par jour.

Si nécessaire, la posologie peut être augmentée à 3 cp par jour.

La durée du traitement est de 5 à 10 jours jusqu’à disparition des troubles.

Le traitement peut être renouvelé en cas de réapparition des bouffées de chaleur.

3) Compléments alimentaires :

– Soja : les isoflavones du soja peuvent avoir un effet œstrogénique et aider à réduire les bouffées de chaleur, mais leur efficacité est faible et leur usage est déconseillé chez les femmes ayant des antécédents de cancer du sein.

– Graines de lin : associées au houblon, elles peuvent aider à réduire les bouffées de chaleur.

– Vitamine E : pourrait être efficace, mais ne doit pas être prise plusieurs mois.

4) Traitements naturels :

a) Phytothérapie :

Certaines plantes qui contiennent des phytoestrogènes sont également des remèdes naturels particulièrement indiqués pour apaiser les bouffées de chaleur.

– C’est le cas de la sauge (marîmiyyah), l’actée à grappes (cimicifuga racemosa), le trèfle rouge, l’angélique chinoise et du houblon.

– L’effet œstrogénique des isoflavones du soja reste le plus étudié : les résultats sur les bouffées de chaleur sont assez faibles et varient selon les femmes. Par précaution, ces produits sont déconseillés à celles qui ont des antécédents de cancer du sein. Il est recommandé de ne pas se supplémenter sans avis médical plus de six mois et de pas prendre plus d’un milligramme par jour de phyto-œstrogènes par kilo de poids corporel (exemple : 60 mg pour 60 kg).

b) Homéopathie :

Des remèdes tels que Belladonna 9CH et Amylium nitrosum 9CH peuvent aider à soulager les bouffées de chaleur.

c) Acupuncture :

L’acupuncture est une pratique de médecine traditionnelle chinoise qui a montré des résultats prometteurs dans la réduction des bouffées de chaleur chez certaines femmes.

Les mécanismes exacts par lesquels cette médecine douce pourrait réduire les bouffées de chaleur ne sont pas entièrement compris, mais il est suggéré qu’elle pourrait moduler les neurotransmetteurs et les hormones impliqués dans la thermorégulation.

Inconvénients : nécessite plusieurs séances pour être efficace ; les résultats peuvent varier d’une personne à l’autre.

d) Techniques de relaxation :

Les techniques de relaxation, telles que la méditation, le yoga, et les exercices de respiration profonde, peuvent aider à réduire le stress et l’anxiété, qui sont souvent des déclencheurs de bouffées de chaleur. En réduisant le stress, ces techniques peuvent améliorer la qualité de vie et potentiellement réduire la fréquence et l’intensité des bouffées de chaleur.

Inconvénient : nécessite une pratique régulière et un engagement.

5) Modifications du style de vie :

Une bonne régulation de la température du corps passe essentiellement par l’observation d’une bonne hygiène de vie :

– Il s’agit d’adopter une nutrition et une alimentation saine et équilibrée, sans abuser d’épices, de sucres, d’excitants (café, thé, alcool, tabac), d’aliments riches en matières grasses ; une bonne hydratation est essentielle.

– Augmentation de l’apport en phytoestrogènes : les aliments riches en phytoestrogènes (comme le soja, les graines de lin, et les légumineuses) peuvent offrir un soulagement.

– La pratique d’un sport au quotidien ou d’une activité physique régulière (environ 30 minutes par jour) ; elle doit être adaptée à l’état de santé. Elle améliore la santé générale et le bien-être, réduit l’anxiété et améliore le sommeil.

– Enfin, il faut autant que possible éviter de s’exposer à la chaleur (atmosphères chaudes) et aux situations de stress. Et si besoin, pratiquer des activités comme la méditation ou le yoga pour apprendre à gérer son stress.

5. Conclusion :

Les bouffées de chaleur sont un symptôme courant mais souvent perturbant de la ménopause et peuvent également affecter d’autres populations. Le traitement de ce symptôme repose sur une approche personnalis

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