Chez la femme, les accidents cardio-vasculaires sont rares mais dramatiques ; les maladies cardio-vasculaires représentent la première cause de décès chez la femme, et c’est en réduisant le risque lipidique que l’on réduit ce risque cardio-vasculaire.
1. Généralités :
1) Risques cardio-vasculaires :
a) Thromboses veineuses :
Le risque de thrombose veineuse est multiplié par 4 lors de la prise d’EP.
Les facteurs aggravants sont les antécédents familiaux, l’alitement, le tabac, l’âge et l’obésité.
Le risque apparaît dès le début de l’utilisation et disparaît quelques mois après l’arrêt.
Initialement, c’est la responsabilité des estrogènes de synthèse qui a été mise en cause ; ceux-ci provoquent en effet, une tendance accrue à l’hypercoagulabilité, augmentent la synthèse des facteurs VII, VIII, X et peuvent diminuer le taux d’antithrombine III.
Ainsi, on a pu mettre en évidence qu’il était possible de diminuer le risque cardio-vasculaire en diminuant la dose des estrogènes.
Les pilules ont vu alors la dose d’estrogène passer de 50 à 30 µg d’EE.
C’est l’apparition des progestatifs de 3ème génération en 1985 qui a permis, en raison de leur caractère plus puissant et moins androgénique, d’aller jusqu’à 20, puis 15 µg d’EE avec les dernières pilules mises sur le marché.
b) Accidents artériels :
Les œstroprogestatifs multiplient par 3 le risque d’accident coronarien.
Même en diminuant les doses d’estrogènes à 30 µg d’EE, on s’est aperçu que ceci n’avait pas d’effet sur la fréquence des accidents artériels. La fréquence de ces accidents est très faible, mais ceux-ci sont souvent dramatiques.
Il semble établi aujourd’hui qu’il existe une corrélation entre la posologie des progestatifs de synthèse et la fréquence des accidents artériels.
2) Patientes à risque :
a) Facteurs de risque (cardio-vasculaires) : Cf chapitre spécial
b) Sélection de l’œstroprogestatif le moins à risque :
– L’apparition des progestatifs de 2ème génération (lévonorgestrel) a permis de réduire considérablement la posologie des progestatifs, mais cette molécule conservait des effets métaboliques néfastes, en particulier modification du lipidogramme et diminution de la tolérance aux glucides.
– L’apparition des progestatifs de 3ème génération (désogestrel, gestodène, norgestimate) a constitué une nouvelle étape dans la diminution des posologies de progestatifs de synthèse.
Ces nouvelles molécules de progestatif ont des caractères communs :
– elles sont très faiblement androgéniques (car très faible affinité pour les récepteurs androgènes), ne présentent pas d’effets délétères métaboliques,
– les progestatifs de 3ème génération ne diminuent pas le HDL cholestérol (qui est inversement corrélé au risque d’accidents artériels).
2. Accident vasculaire artériel ou veineux :
– Si l’accident est récent : on prescrira un DIU, des préservatifs, des spermicides.
– Si l’accident est ancien : on prescrira, en plus du DIU, un implant ou un microprogestatif.
3. Antécédent thrombotique artériel ou veineux :
– Les œstroprogestatifs sont contre-indiqués.
– Pour les progestatifs, il ne faut pas employer les formes injectables en cas d’antécédent de thrombose artérielle.
– L’implant ou le DIU contenant du lévonorgestrel et les progestatifs per os sont autorisés et ne modifient pas le profil lipidique, contrairement à l’injection.
– On peut donc prescrire des microprogestatifs, un DIU (avec ou sans lévonorgestrel) ou un implant.
4. Antécédents familiaux thromboemboliques :
Un interrogatoire orienté doit permettre de sélectionner les patientes dites à risque, en fonction de leurs antécédents personnels et/ou familiaux.
1) Thrombose veineuse :
Des antécédents familiaux de thrombose avant 45 ans conduisent à la recherche d’une pathologie thrombophilique prédisposante.
Chez ces femmes ayant des antécédents familiaux thromboemboliques, une étude de l’hémostase est recommandée avant la prescription de la pilule. Elle comprend temps de Quick, temps de céphaline activé, dosage de l’antithrombine III, des protéines C et S et test de résistance à la protéine C activée (recherche d’une mutation du facteur V de Leiden, d’une mutation de la prothrombine), voire dosage de l’homocystéine.
● En cas d’anomalies du bilan d’hémostase : on envisagera plutôt la prescription de microprogestatifs, ou le DIU.
Le recours à l’acétate de chlormadinone (Chlormadinone Sandoz ® 10 mg/j) du 6ème au 25ème jour peut être envisagé, car il a été montré qu’il n’y avait pas d’effets secondaires sur la coagulation dans la maladie lupique.
● En cas d’antécédent thromboembolique : les progestatifs ou un moyen non hormonal peuvent être utilisés. Ils ont un très faible impact sur la coagulation et/ou la fibrinolyse et l’augmentation du risque de thrombose veineuse est non significative.
Les implants d’étonogestrel peuvent être proposés car très peu de modifications des paramètres d’hémostase ont été observées.
Dans les cas litigieux, avec facteurs de risque associés, l’acétate de chlormadinone (Chlormadinone Sandoz ®) peut être utilisé ou, éventuellement le lévonorgestrel (Microval ®).
Les estrogènes par voie orale ou vaginale sont contre-indiqués.
2) Thrombose artérielle :
Les thromboses artérielles sont rares chez les femmes jeunes, sauf en cas de facteurs de risque cardiovasculaire associés (tabac, obésité, HTA, âge > 35 ans, hypercholestérolémie, diabète).
– La contraception œstroprogestative est contre-indiquée car elle entraîne une augmentation du risque de thrombose artérielle, d’infarctus du myocarde et d’AVC lié à l’éthinylestradiol. Le progestatif associé ne modifie pas ce risque.
– Les progestatifs injectables sont contre-indiqués en cas d’antécédent de thrombose artérielle.
– L’implant ou le DIU contenant du lévonorgestrel et les progestatifs per os sont autorisés et ne modifient pas le profil lipidique, contrairement à l’injection.
– Il sera donc préférable d’utiliser un DIU (avec ou sans lévonorgestrel) ou l’implant. La contraception orale progestative est la seule utilisable en cas d’AVC.
5. Contraception et HTA : Cf chapitre spécial
6. Contraception et cardiopathies : Cf chapitre spécial
Rappel sur les thromboses | |
Conséquences d’une thrombose artérielle | AVC, IDM, ischémie aiguë du membre inférieur, ischémie mésentérique… |
Conséquences d’une thrombose veineuse | phlébite superficielle ou profonde (avec risque d’embolie pulmonaire). |
Contre-indications (en rapport avec les problèmes thrombo-emboliques) | |
Pilule estroprogestative | CI absolues : – Antécédents d’accidents thrombo-emboliques veineux ou artériels : phlébite, embolie pulmonaire, infarctus, accident vasculaire cérébral ou oculaire, – affections exposant aux thromboses (veineuses ou artérielles) : Cf thrombophilie CI relative : – Facteurs de risque d’accident thrombo-embolique : varices importantes des membres inférieurs, intervention chirurgicale… |
Microprogestatifs | Accidents thrombo-emboliques veineux récents ou évolutifs. |
Macroprogestatifs | Antécédents thrombo-emboliques. |
Progestatifs injectables | Antécédents thrombo-emboliques veineux (phlébite, embolie pulmonaire) et artériels (AVC, IDM). |
Implant progestatif | Accident thrombo-embolique veineux évolutif. Nb : l’implant peut être utilisé en cas d’antécédent de thrombose. Il doit être retiré en cas d’HTA, apparaissant ou non contrôlée sous traitement, et de thrombose en cours. |
Patchs transdermiques et Anneaux transvaginaux | – antécédents de thrombose veineuse, avec ou sans embolie pulmonaire, – antécédents de thrombose artérielle (AVC, IDM, thrombose rétinienne) ou signes annonciateurs (angine de poitrine, accident ischémique transitoire), – présence de facteur(s) grave(s) ou à risque multiple pour la survenue de thrombose artérielle : . HTA sévère, . diabète avec atteintes vasculaires, . dyslipoprotéinémie héréditaire, . prédisposition héréditaire à la thrombose (veineuse ou artérielle) : Cf thrombophilie |
DIU hormonal | – Thrombose veineuse profonde, – embolie pulmonaire en cours, – cardiopathie ischémique actuelle. |