La survenue d’une crise d’éclampsie ou d’une prééclampsie impose l’hospitalisation dans un service disposant d’une équipe de réanimation, d’obstétriciens et de pédiatres.
Elle nécessite un traitement d’urgence qui doit être entrepris immédiatement dans l’ordre et le calme.
Ce traitement est double :
– d’abord médical : en urgence,
– puis obstétrical : décision rapide qui sera le véritable traitement +++.
1. Traitement médical :
Il sera au mieux pratiqué par le réanimateur ++.
Ce traitement médical est prioritaire :
1- Assurer la ventilation et l’oxygénation ;
2- Anticonvulsivants ;
3- Sulfate de magnésium pour éviter les récidives ;
4- Antihypertenseurs.
1) Gestes immédiats :
– prendre le pouls, la TA toutes les 5 à 10 mn,
– poser un abord veineux solidement fixé à l’avant-bras,
– désobstruer le carrefour aéropharyngé, luxation du maxillaire inférieur,
– prévoir l’évacuation utérine dans les plus brefs délais.
2) Traitement antihypertenseur immédiat (par voie parentérale) :
– injecter en IVD très lente, en surveillant la respiration : diazépam (Valium ® 10 mg) : 1 amp,
– puis mettre dans la perfusion : 2 autres ampoules de Valium ® 10 mg,
– injecter à la pompe électrique 2 ampoules de Népressol ®.
[Ne pas mettre Valium ® et Népressol ® dans la même perfusion].
3) Adapter ensuite le traitement :
a) Si les convulsions persistent :
– refaire un Valium ® 10 mg en IV très lente et en l’absence de pauses respiratoires,
– en dernier recours : utiliser le sulfate de magnésium (MgSO4),
– surveillance : respiration ++, agitation ou somnolence, pouls, TA,
– en cas de dépression respiratoire : stimuler énergiquement ; si insuffisant : 10 mg de gluconate de Ca en IV lente.
– assistance respiratoire si nécessaire.
b) Si l’HTA ne cède pas :
– refaire un antihypertenseur par voie parentérale,
– mais le véritable traitement sera l’évacuation utérine.
4) Dès que possible :
– poser une sonde à demeure pour :
. recherche de l’albuminurie sur les premières gouttes d’urine,
. estimer la diurèse horaire qui doit être supérieure à 50 ml/h (sinon Lasilix ® : 40 à 80 mg IV),
– bilan d’urgence : groupage, créatinine, plaquettes, TP, TH, fibrinogène, ionogramme sanguin,
– examen clinique rapide recherchant : la vitalité fœtale, le terme, l’existence de contractions utérines, toucher vaginal, signes neurologiques.
Nb : Crise d’éclampsie du post-partum : seulement traitement médical.
Mais si insuffisant : faire une révision utérine très soigneuse.
2. Traitement obstétrical :
Il doit être mené conjointement : c’est l’EVACUATION UTERINE RAPIDE, qu’il faut provoquer, quelque soit le terme.
Préparer pour l’enfant (s’il est encore vivant) : réanimation ++, couveuse.
1) Si l’enfant est mort :
Tenter au maximum le traitement médical pour pouvoir effectuer une voie basse (RAM), mais la césarienne peut être indiquée pour sauvetage maternel.
2) Si l’enfant est encore vivant : Traitement obstétrical selon l’âge gestationnel :
a) Avant 32 semaines :
Décision au cas par cas en fonction de l’état maternel et fœtal.
(Avant 24 semaines : césarienne uniquement en cas de danger maternel imminent ou de récidive des crises).
b) Après 32 semaines :
Césarienne dès que l’état maternel est stabilisé. L’état du nouveau-né est plus altéré si la césarienne est faite avant stabilisation de l’état maternel +++.
3. Soins à l’enfant :
En général, il s’agit d’un prématuré avec SFA : réanimation.
4. Après l’accouchement :
Passage de la femme en réanimation, sinon :
– surveillance toutes les 30 mn : pouls, TA, conscience,
– examen neurologique (si non anesthésiée),
– garder les perfusions : Valium ®, Népressol ®,
– diurèse horaire, albuminurie,
– crase sanguine toutes les 12 heures au minimum.
5. Le lendemain :
– Continuer la même surveillance et le même traitement,
– refaire l’examen neurologique,
– demander : NFS, uricémie, créatininémie, ionogramme (sanguin et urinaire), crase sanguine,
– EEG, FO dans la journée.