1. Définition :
Asthénospermie : terme issu du grec asthénês : faible, et sperma : semence.
L’asthénospermie, également appelée asthénozoospermie, est une anomalie du sperme caractérisée par une mobilité réduite des spermatozoïdes, pouvant entraîner des difficultés de conception chez les hommes qui en sont atteints.
On classe la mobilité des spermatozoïdes en quatre classes :
– les rapides (a),
– les lents (b),
– les mobiles sur place (c),
– les immobiles (d).
Les spermatozoïdes a et b sont considérés comme se déplaçant normalement.
La mobilité « a+b » doit être ≥ 40 % après une heure et > 30 % après 4 heures.
La mobilité « a » doit être ≥ 25 %.
La mobilité ne doit pas baisser de façon significative après 4 heures.
On parle d’asthénospermie quand il y a moins de 50 % de spermatozoïdes mobiles une heure après l’éjaculation (a + b).
Il faut savoir à titre indicatif que pour se déplacer un spermatozoïde effectue une rotation de la tête de 180 à chaque battement de flagelle.
2. Techniques de diagnostic de l’asthénospermie :
Le diagnostic de l’asthénospermie repose principalement sur le spermogramme, une analyse biologique du sperme réalisée dans le cadre d’un bilan de fertilité.
Cet examen évalue la mobilité progressive des spermatozoïdes, considérée comme anormale si elle est inférieure à 32 %.
La mobilité est observée à deux moments : dans la première heure après l’éjaculation (mobilité primaire) et à la quatrième heure (mobilité secondaire).
Pour confirmer le diagnostic, plusieurs spermogrammes sont généralement effectués à 3 mois d’intervalle.
Des examens complémentaires peuvent être réalisés, tels que le spermocytogramme pour étudier la morphologie des spermatozoïdes, la spermoculture pour détecter d’éventuelles infections, et le test de migration-survie (TMS) pour évaluer la capacité des spermatozoïdes à féconder l’ovocyte.
3. Etiologies :
Causes possibles de l’asthénospermie :
– varicocèle : Cf chapitre spécial
– IST (gonocoques, chlamydia),
– antécédents infectieux (oreillons, infection des voies génitales),
– ectopie (position anormale du testicule hors du scrotum comme une cryptorchidie),
– exposition à des substances toxiques (alcool, tabac, drogue, polluants…),
– cause immunologique : présence d’anticorps antispermatozoïdes (anticorps fabriqués par le malade contre ses propres tissus),
– traitement médical (certains médicaments comme la Salazopyrine, chimiothérapie, radiothérapie…),
– période de fièvre ou exposition prolongée à la chaleur,
– insuffisance hormonale,
– carences nutritionnelles,
– anomalie génétique (syndrome de Klinefelter, mucoviscidose…),
– enfin l’âge du patient (la mobilité des spermatozoïdes diminuant de manière importante à partir de 45 ans).
L’hypothèse selon laquelle les hommes peuvent se reproduire jusqu’à un âge avancé est totalement fausse.
Après 40 ans, le potentiel de reproduction des hommes diminue, car l’ADN dans les noyaux se fragmente.
Les enfants dont le père a plus de 50 ans sont beaucoup plus susceptibles de souffrir de troubles comme la trisomie 21, la neurofibromatose, l’autisme et le syndrome de Klinefelter.
4. Bilan biologique :
– Recherche d’anticorps antispermatozoïdes dans le sperme et le sérum,
– Recherche d’un diabète,
– Recherche d’hypothyroïdie.
5. Examens complémentaires :
– Le doppler testiculaire veineux permet de mettre en évidence le varicocèle.
– Quand il s’agit d’une oligoasthénospermie : l’examen clé pour définir l’attitude thérapeutique est le test de migration-survie (TMS) : il permet de rechercher le nombre et la mobilité des spermatozoïdes mobiles.
6. Impact de l’asthénospermie sur la fertilité masculine :
L’asthénospermie a un impact significatif sur la fertilité masculine en réduisant considérablement les chances de conception naturelle.
Cette anomalie affecte la capacité des spermatozoïdes à se déplacer efficacement vers l’ovule, ce qui diminue les probabilités de fécondation.
Même si les spermatozoïdes parviennent à atteindre l’ovule, ils peuvent ne pas avoir suffisamment d’énergie pour le pénétrer, compromettant davantage le processus de fécondation.
L’asthénospermie est ainsi reconnue comme l’une des principales causes d’infertilité masculine, pouvant entraîner des difficultés émotionnelles et psychologiques pour les couples cherchant à concevoir.
Bien que cette condition n’affecte pas la santé générale de l’homme, elle peut nécessiter des interventions médicales, allant de changements de mode de vie à des techniques de procréation assistée, pour surmonter les obstacles à la conception.
7. Traitement :
Le traitement peut varier considérablement selon la cause sous-jacente de l’infertilité.
En plus du traitement d’une éventuelle pathologie existante, la prise en charge peut inclure des médicaments, des suppléments, des changements de style de vie, des procédures chirurgicales ou une combinaison de ceux-ci.
Voici un aperçu des options de traitement communément envisagées :
1) Médicaments :
Les médicaments peuvent être utilisés pour améliorer la qualité du sperme, augmenter la production de spermatozoïdes ou traiter des problèmes hormonaux :
– Les traitements hormonaux comme l’hCG ou la FSH peuvent être utilisés pour augmenter la production de spermatozoïdes et aider à corriger les déséquilibres hormonaux, notamment en testostérone et autres hormones régulant la spermatogenèse.
– Traitement antibiotique ou anti-inflammatoire en cas d’infection : il est bien connu que les infections sexuellement transmissibles (IST), y compris la gonorrhée, la chlamydia et les mycoplasmes peuvent provoquer l’infertilité masculine.
L’inflammation génitale produite par ces micro-organismes contribue aux changements de la qualité du sperme, tandis que les cas graves et chroniques de ces infections peuvent provoquer une obstruction.
Tout signe d’infection doit être diagnostiqué et traité agressivement avec des antibiotiques.
2) Suppléments :
Certains compléments alimentaires peuvent aider à améliorer la qualité du sperme en général :
– Oligoéléments (zinc, sélénium), associés à l’acide folique.
– Antioxydants (vitamine C, vitamine E, Coenzyme Q10, acides gras oméga-3) peuvent réduire le stress oxydatif sur les spermatozoïdes.
3) Changements de mode de vie :
Des changements de style de vie peuvent également être recommandés pour améliorer la fertilité, tels que :
– Arrêter de fumer : le tabagisme peut réduire la qualité et la quantité de spermatozoïdes.
– Réduire la consommation d’alcool : l’alcool peut affecter la production de spermatozoïdes.
– Eviter l’exposition à des substances toxiques (perturbateurs endocriniens, pesticides, alcool, tabac, drogue…).
La nicotine provoque un stress oxydatif ; cela influence la qualité du sperme et le potentiel de fertilisation. La cocaïne altère également le développement et la motilité des spermatozoïdes.
L’arrêt du tabagisme et de la consommation de drogues n’inverse la plupart des dommages spermatiques qu’après plusieurs mois d’arrêt.
– Maintenir un poids sain : l’obésité peut affecter les hormones et la qualité du sperme (l’IMC doit idéalement être situé entre 20 et 30). Un IMC supérieur à 30 peut avoir un impact sur la qualité du sperme, car les dépôts graisseux peuvent surcharger et influencer le métabolisme des androgènes, en particulier la testostérone ; cela provoque des altérations importantes du développement des spermatozoïdes et de l’ADN des spermatozoïdes dans le noyau.
– Eviter les sources de rayonnement : bien qu’il existe un débat important dans la littérature scientifique sur l’impact de l’irradiation des téléphones portables sur l’infertilité masculine, il est fortement recommandé aux hommes de ne pas garder les téléphones portables à proximité du scrotum et des testicules pour réduire les risques.
– Eviter les lésions génitales : les lésions testiculaires doivent être traitées sans délai.
Les hommes doivent être extrêmement prudents lors de sports où les testicules ne sont pas correctement protégés, surtout les arts martiaux, le cyclisme, l’équitation.
– Eviter certains médicaments à risque :
Les injections de testostérone et d’autres préparations de stéroïdes peuvent gravement nuire à la production de sperme.
Les traitements hormonaux utilisés dans le cancer de la prostate (analogues de la LH-RH, antagonistes de la LH-RH, anti-androgènes) peuvent avoir un impact négatif sur la fertilité.
La consommation excessive de café peut également avoir une influence, en particulier en cas de problème de fertilité sous-jacent.
– Adopter une alimentation riche en antioxydants, vitamines et minéraux pour améliorer la santé des spermatozoïdes.
Les aliments riches en antioxydants peuvent aider à préserver la fertilité masculine : fromage (vitamine A), oranges (vitamine C), graines de tournesol (vitamine E), poisson (oméga 3), brocoli (acide folique)…
Certaines études ont prouvé un bénéfice pour une supplémentation en fruits secs (amandes, noisettes et noix) de 60 grammes par jour.
– Réduire le stress par des pratiques telles que le yoga ou la méditation.
– Eviter l’exposition à la chaleur excessive : l’élévation de la température testiculaire, même de 2 ou 3 degrés centigrades, peut compromettre la qualité et la fonctionnalité des spermatozoïdes. Les facteurs de risque incluent :
. le travail dans des professions à haute température (fourneaux de restaurant ou de boulangerie, bains chauds, saunas…),
. professions avec de longues heures en position assise,
. des sous-vêtements serrés,
. et l’utilisation d’ordinateurs portables placés sur les genoux pendant une longue période.
4) Procédures chirurgicales :
Parfois, des interventions chirurgicales peuvent être nécessaires pour traiter des pathologies affectant la fertilité, comme une embolisation en cas de varicocèle.
5) Assistance à la procréation :
Dans les cas où les traitements traditionnels ne sont pas efficaces, des techniques de PMA telles que l’insémination artificielle (IA) ou la fécondation in vitro (FIV) peuvent être envisagées.
Il est important de noter que chaque cas d’infertilité masculine est unique, et l’approche de la prise en charge doit être personnalisée.
8. Traitement préventif :
En cas de radiothérapie ou de chimiothérapie : le protocole de préservation de la fertilité comprend la congélation des spermatozoïdes et d’autres méthodes avancées comme la biopsie testiculaire ou l’extraction et la congélation des cellules souches spermatogoniales.