La sérologie chlamydienne est l’examen clé du dépistage des chlamydioses profondes.

Le portage dans le col en l’absence de traitement a une durée encore mal estimée mais sans doute courte (quelques semaines) alors que la sérologie est un marqueur définitif de l’atteinte, de grande valeur chez les sujets jeunes dont l’infection a des chances d’être récente. 

Cependant, comme pour toute maladie, la réaction immunitaire varie considérablement d’un patient à l’autre.

Dans un tableau de salpingite aiguë, la sérologie chlamydienne doit s’interpréter sur deux sérums prélevés à un mois d’intervalle.

Elle a de grandes chances d’être évolutive s’il y a infection chlamydienne récente.

Elle comporte le dosage des IgG, IgA et sur demande spécifique, des IgM.

1. Comment interpréter la positivité en IgG :

Les IgG apparaissent plus lentement que les IgA et les IgM : elles peuvent être négatives, tout au moins au début.

Elles augmentent vers la 2ème ou 3ème semaine et persistent quelques mois, voire des années : il s’agit d’anticorps “cicatriciels” qui demeureront positifs indéfiniment dans la plupart des cas. Leur persistance ne veut donc pas dire absence de guérison.

Un traitement précoce peut bloquer leur ascension ou en faire diminuer le taux de façon significative.

Il a été montré statistiquement qu’un taux supérieur ou égal à 1 sur 64 en MIF (micro-immunofluorescence) est lié à la pathologie tubaire.

Chez un sujet suivi régulièrement, une positivité nouvelle signe la primo-infection.

Dans une salpingite aiguë, le taux d’IgG peut être soit stable, soit évolutif. Un taux évolutif sur deux sérums prélevés à quelques semaines d’intervalle est en faveur d’une infection récente mais il faut savoir que le taux pour un même sérum peut varier d’un laboratoire à l’autre et pour un même laboratoire d’une période à une autre, en raison de variations de sensibilité de l’antigène.

INTERPRETATION DE LA SEROPOSITIVITE DE CHLAMYDIA TRACHOMATIS :

 

IgG = anticorps sériques cicatriciels.

Peuvent être évolutifs. Demeurent toujours positifs.

On dit qu’il y a évolutivité s’il existe une différence de 2 dilutions sur 2 sérums prélevés à 6 semaines d’intervalle, testés le même jour par le même laboratoire.

IgG : 1/64 – 1/128 = idem.

        1/64 – 1/246 = évolution.

Il est donc souhaitable que le laboratoire aliquote les sérums en plusieurs tubes pour les garder congelés et pouvoir ensuite les étudier sans les soumettre à de nombreuses décongélations successives.

 

IgA = anticorps tissulaires qui passent dans le sérum.

Sont positifs longtemps après la guérison.

 

IgM = anticorps liés à la présence récente de l’antigène.

Le laboratoire doit garder le sérum divisé en 5 tubes de 1 ml plutôt qu’en un tube de 5 ml, ce qui évite des décongélations successives : les IgM, très labiles, ne résistent pas à plusieurs décongélations.

2. Dosage des IgM et IgA sériques :

Leur dépistage, technique délicate, peut se faire par deux sortes de méthodes :

– Micro-immunofluorescence sur corps élémentaires spécifiques de C. trachomatis : la mise en évidence des IgM est difficile et le plus souvent négative. La mise en évidence des IgA est plus facile.

– Techniques utilisant des inclusions totales de Chlamydia : immunofluorescence ou immunoperoxydase. La réaction est plus sensible, plus facile à lire par ces méthodes, mais non spécifique d’espèce. Les IgM dépistées peuvent éventuellement être dues à C. pneumoniæ qu’il faudra éliminer ensuite par une réaction spécifique d’espèce.

1) Interprétation de la présence d’IgM :

Les IgM sont des anticorps labiles qui apparaissent en quelques jours. Elles sont le témoin d’une infection active et ne sont en règle positives que lors d’une primo-infection pour les maladies virales immunisantes, mais peuvent l’être chaque fois qu’il y a réinfection pour certaines maladies bactériennes non immunisantes, comme les chlamydioses.

Leur disparition en moins de 3 mois serait un bon argument d’efficacité thérapeutique.

Seules les IgM sont liées de façon significative à l’évolutivité d’une chlamydiose et leur évolution suit de près celle de la maladie.

2) Interprétation de la présence d’IgA :

Les IgA sont des anticorps d’origine tissulaire, qui passent secondairement dans le sérum où ils peuvent être titrés. 

Elles sont retrouvées avec la même fréquence dans les salpingites aiguës et chroniques (64 % et 55 % respectivement).

Il a été montré que leur présence au seuil de positivité est liée à la pathologie tubaire, qu’il s’agisse de salpingite aiguë, chronique, ou de GEU.

Ces anticorps persistent plusieurs mois après la guérison et ne peuvent être considérés comme un critère d’évolutivité ; leur présence en l’absence d’IgM s’accompagne cependant de cultures pelviennes positives dans 5 % des cas. Il est difficile de savoir si ces IgA sont témoins d’un état inflammatoire persistant après disparition de l’antigène, ou de la persistance de l’antigène altéré et non recouvré en culture. Elles sont cependant le reflet d’une intense réaction tissulaire locale.

3. Conclusion sur la sérologie chlamydienne :

Les arguments fournis par les sérologies chlamydiennes en faveur d’une SALPINGITE AIGUË sont :

– d’une part une positivité du taux d’IgG et d’IgA, et l’évolutivité de ce taux sur deux sérums, quelle que soit la méthode utilisée,

– d’autre part, la simple présence d’IgM (mais leur mise en évidence n’est réalisée que par de rares laboratoires).

Par ailleurs, la possibilité de sérologie positive chez des sujets témoins non malades, souligne l’importance de la mise en évidence de la bactérie par culture cellulaire.

Les sérologies sont largement pratiquées mais ne sont pas toujours facilement interprétables.

Les infections à Chlamydia trachomatis étant souvent paucisymptomatiques, le diagnostic est évoqué après un certain délai d’évolution. Il est donc rare de pouvoir détecter une séroconversion ou une augmentation significative du taux d’anticorps (multiplication par 4 du taux).

La sérologie chlamydienne est généralement peu intéressante dans les infections superficielles (cervicites).

IgG : en cas d’infection haute (salpingite, périhépatite), la présence d’un taux d’anticorps élevé (≥ 1/64 en immunofluorescence) est évocatrice. Il existe une certaine corrélation entre le taux d’IgG et la gravité des lésions, d’où  la nécessité d’être vigilant devant des taux élevés. Cependant les IgG persistent longtemps après guérison (des mois ou des années) ; leur surveillance ne permet donc pas de suivre l’efficacité du traitement. La persistance de ces anticorps, après traitement, souvent simple cicatrice sérologique, ne justifie pas, à elle seule, de changement d’attitude thérapeutique, d’où la nécessité de rechercher d’autres critères biologiques.

Les IgM, classiquement marqueurs d’une primo-infection, sont difficiles à mettre en évidence du fait de la latence de l’infection. Leur absence ne permet pas de conclure (prélèvements trop tardifs), leur présence pour certains auteurs serait un signe de gravité au cours de salpingites.

La présence d’IgA est un élément en faveur de la gravité d’une salpingite mais elle n’est pas systématique. La persistance d’un taux d’IgA supérieur à 1/16 impliquerait une poursuite ou reprise du traitement.

Aucune de ces sérologies n’est utilisable comme critère de guérison.

La recherche d’anticorps se fera chaque fois que possible sur deux sérums prélevés à au moins 15 jours d’intervalle pour rechercher une séroconversion ou une augmentation significative du taux d’anticorps.

Elle peut se faire en immunofluorescence ou en ELISA. Les anticorps détectés par ces deux méthodes ne sont pas dirigés contre les mêmes antigènes, d’où la possibilité de discordances entre les résultats obtenus.

Un taux d’anticorps ≥ 1/64 en immunofluorescence est évocateur d’une infection profonde.

Par suite de la grande fréquence des infections à Chlamydia pneumoniae qui peuvent laisser une cicatrice sérologique, il est impératif de différencier ces divers anticorps. Pour le moment, les tests d’ELISA à notre disposition révèlent les anticorps du genre Chlamydia et seule la technique d’immunofluorescence, en utilisant comme antigène au moins une souche de Chlamydia trachomatis et une souche de Chlamydia pneumoniæ permet la différenciation.

La recherche d’IgM ou d’IgA a été proposée comme témoin d’une infection récente ou évolutive. 

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