Le diagnostic différentiel peut se poser avec des affections médicales et chirurgicales.
Une règle générale doit être retenue : dans tous les cas douteux la cœlioscopie fera le diagnostic.
Selon le groupement des signes et la gravité, on aura à éliminer les affections suivantes :
1. Abdomen aigu chirurgical :
– Appendicite aiguë :
Il existe une note péritonéale (vomissements, constipation) et une stricte localisation des signes à droite mise en évidence par le toucher vaginal combiné avec le palper abdominal.
Le dogme selon lequel il faut opérer dans le doute doit être combattu car l’incision de Mac Burney est un mauvais moyen pour explorer la trompe, et l’appendicectomie risque d’aggraver la salpingite. Dans le doute, il vaut mieux faire une cœlioscopie qui permettra d’observer d’abord les trompes ; la région appendiculaire, rouge et inflammatoire sera également explorée et l’appendicectomie sera réalisée s’il y a lieu, soit par cœlioscopie, soit de façon classique.
– Péritonite généralisée :
Quelle qu’en soit l’origine, il existe une contracture généralisée à tout l’abdomen.
2. Abdomen aigu gynécologique :
– Grossesse extra-utérine :
Elle donne certes une douleur unilatérale et s’accompagne d’un retard de règles, de métrorragies sépia et, dans les formes avancées, d’un épanchement douloureux du Douglas facile à reconnaître au toucher vaginal, mais on a vu que la salpingite peut être localisée d’un côté, la GEU à l’inverse donne parfois des douleurs bilatérales.
Les métrorragies peuvent manquer ou être semblables dans les deux cas.
L’examen biologique indispensable est le dosage des ß-hCG plasmatiques : si le taux est inférieur à 10 UI, on peut en pratique éliminer la GEU ; s’il est supérieur à 20, le diagnostic de grossesse récente est certain. Entre les deux, on ne peut conclure et le dosage sera recommencé 48 heures plus tard.
L’échographie est intéressante mais souvent trompeuse car, normale, elle n’élimine ni la GEU, ni la salpingite.
– Kyste ovarien :
Un kyste ovarien douloureux parce que fonctionnel, ou en raison d’une torsion peut en imposer pour une salpingite unilatérale dont les signes infectieux seraient absents. L’échographie ne permet pas toujours de conclure puisque la salpingite peut s’accompagner de kystes fonctionnels, surtout s’il existe des adhérences périannexielles.
– Fibrome :
Le fibrome compliqué de nécrobiose donne certes des douleurs plus volontiers médianes et s’accompagne d’une accélération de la VS avec NFS normale et absence de fièvre, mais il existe des fibromes latéraux, et il existe des abcès annexiels à topographie médiane.
– Carcinome ovarien d’évolution aiguë :
Il n’est pas exceptionnel chez les femmes jeunes. Il peut simuler en tout point la salpingite, et même donner des signes bilatéraux en cas de métastase sur l’ovaire controlatéral. L’échographie est un élément précieux du diagnostic mais certains cancers se développent sans anomalie échographique. Le risque serait de porter par excès un diagnostic de salpingite, et de traiter médicalement en négligeant l’indication chirurgicale : dans le doute, la cœlioscopie tranchera.
3. Abdomen aigu médical :
– Colique néphrétique :
Elle donne certes une douleur plus haute, irradiant sur le trajet urétéral, plus intense, avec des recrudescences intermittentes. Dans le doute, une urographie peut être indiquée.
– Infection urinaire, pyélonéphrite :
Elles donnent également des signes dont la topographie rénale ou urétérale est en principe reconnaissable, mais il y a des salpingites unilatérales, des douleurs urinaires projetées et associées à la salpingite.
Intérêt de l’analyse d’urine par bandelette réactive.
– Colite :
Dans les formes subaiguës situées à gauche, le diagnostic de colite est facile à éliminer sur la topographie des douleurs, leur évolution paroxystique, l’existence de troubles du transit. L’erreur est cependant fréquente, notamment chez l’adolescente. Une crise de sigmoïdite peut poser quelques problèmes chez la femme âgée (lavement baryté si besoin).
4. Autre diagnostic gynécologique médical :
Ceci peut faire errer longtemps le diagnostic, notamment dans les formes subaiguës. On éliminera :
– l’endométriose :
Dont le syndrome douloureux particulier survient ou prédomine pendant les règles,
– l’ovarite sclérokystique :
Avec ses poussées évolutives en deuxième partie du cycle,
– les douleurs d’origine psychosomatique :
Elle ne doivent n’être qu’un diagnostic d’élimination après qu’une cœlioscopie et la culture des prélèvements ont montré que tout est normal.
Le risque est de porter par facilité un de ces diagnostics médicaux en négligeant une salpingite. Dans le doute, la cœlioscopie tranchera.
5. Salpingite spécifique :
Liée à la tuberculose ou à une parasitose (bilharziose), elle sera éliminée par l’aspect particulier en cœlioscopie, par histologie et pour la tuberculose, culture ou recherche de BK par PCR.