La glaire cervicale est une sécrétion de glycoprotéines produite par les glandes du canal cervical, située au niveau du col de l’utérus.

Sa production est cyclique sous dépendance hormonale.

La glaire cervicale joue un élément crucial dans la fertilité ; en période pré-ovulatoire :

– elle facilite l’accès des spermatozoïdes à la cavité utérine,

– elle forme un filtre permettant d’éliminer les spermatozoïdes faibles ou anormaux et,

– elle assure une barrière mécanique et immunologique contre les infections.

C’est au sein de la glaire cervicale que s’effectue la capacitation.

En observant les changements de texture et de consistance de la glaire cervicale au cours du cycle menstruel, il est possible d’identifier la période fertile.

Des modifications physico-chimiques de la glaire peuvent être à l’origine de certaines infertilités : un pH acide neutralise les spermatozoïdes et une glaire cervicale trop épaisse ou trop fluide modifie les conditions de mobilité des gamètes mâles.

1. Origine de la glaire cervicale :

1) Le mucus ou glaire (GC) :

Elle est sécrétée par les glandes de l’endocol :

– le canal endocervical est tapissé d’une muqueuse épaisse, constituée d’un épithélium cylindrique polystratifié dont le nombre de couches cellulaires diminue de bas en haut, à mesure qu’on se rapproche de l’isthme utérin,

– cette muqueuse contient de nombreuses glandes, profondes et ramifiées.

2) Cet épithélium glandulaire subit des modifications cycliques :

– les petites vacuoles apicales du début du cycle augmentent de volume et finissent par confluer pour former une volumineuse vacuole qui refoule le noyau à la base de la cellule.

– vers le 10ème-12ème jour, le mucus occupe la presque-totalité de la cellule et s’insinue même de part et d’autre du noyau,

– vers le 12ème-14ème jour, ce mucus est excrété vers la lumière des glandes puis vers leur canal excréteur pour passer enfin dans le canal cervical,

– à partir du 18ème jour, les cellules qui ont perdu leur mucus deviennent ciliées ; le noyau reprend sa place centrale, le cytoplasme devient plus foncé et granuleux,

– à partir du 25ème jour, les vacuoles réapparaissent.

2. Caractères macroscopiques et propriétés physiques :

1) En période d’activité génitale :

Le col est le siège d’une sécrétion muqueuse dont l’aspect est le plus typique entre le 12ème et le 14ème jour d’un cycle de 28 jours. Cette glaire est une sécrétion hétérogène complexe.

a) Quantité-abondance :

La quantité est maximum entre le 12ème et le 14ème jour du cycle (200 à 700 mg/j). “Le col sécrète alors comme une cascade”.

Cette quantité diminue à 60 mg/j en 2ème partie du cycle.

b) Propriété optique :

La transparence variable, est maximum pendant la phase ovulatoire : elle est alors “eau de roche”.

Cette transparence diminue ensuite, la glaire devenant opaque en 2ème partie du cycle.

c) pH :

Il varie pendant le cycle menstruel : la glaire, légèrement acide pendant la majeure partie du cycle deviendrait alcaline (7 à 8,1) pendant l’ovulation (facteur indispensable pour la pénétration et la migration des spermatozoïdes).

d) Cristallisation :

C’est la capacité à cristalliser après dessiccation.

Il s’agit là d’une propriété non spécifique de la glaire cervicale mais également du LCR, du liquide amniotique, du liquide folliculaire, du mucus nasal et de la salive.

Il y a formation de cristaux de NaCl et de potassium organisés autour d’une matrice constituée d’une faible quantité de matière organique.

Ce phénomène provoque une arborisation caractéristique “en feuilles de fougère” :

– cette arborisation est maximum au cours de l’ovulation, elle diminue brutalement 24 ou 48 h après,

– à signaler que la glaire cervicale typique de l’ovulation perd sa capacité d’arborisation si on la met en contact avec du sperme.

* L’extrême sensibilité du phénomène de cristallisation aux variations du taux des hormones circulantes rend ce test très important dans l’exploration d’une stérilité.

Il permet de déterminer l’époque de l’ovulation et d’évaluer la phase lutéale :

– en période ovulatoire : une arborisation typique et dénuée de cellules prouve l’existence d’un endocol sain et d’un taux normal d’estrogènes,

– s’il existe une cristallisation anormale, mais sans cellules : il existe un taux trop faible d’estrogènes,

– si la cristallisation est anormale avec de nombreuses cellules : il existe probablement une endocervicite.

e) Propriétés rhéologiques :

– Elasticité du flux ou pouvoir de rétraction : c’est la capacité de la glaire cervicale à revenir à sa position d’origine. Cette élasticité est maximum en phase ovulatoire.

– Viscosité : elle est minimum le jour qui précède l’ovulation et augmente ensuite.

– Filance : c’est la capacité de la glaire à s’étirer en filaments quand une goutte de glaire est prélevée à la pince à pansement dont on écarte progressivement les mors.

Cette filance est maximum à la phase ovulatoire (10-15 cm), elle n’est que de 1 à 2 cm en dehors de cette période (elle évolue selon la courbe inverse de la viscosité).
AINSI, DU 12ème AU 14ème JOUR, LA GLAIRE CERVICALE EST ABONDANTE, FILANTE, TRANSPARENTE ET CRISTALLISE EN FEUILLE DE FOUGERE.

Après le 15ème jour, la sécrétion diminue rapidement, devient opaque et épaisse.

2) Pendant la grossesse :

La sécrétion cervicale externe est très peu abondante, épaisse et coagulée.

Elle s’accumule dans le canal cervical où elle forme le bouchon muqueux.

Alcaline, elle ne cristallise pas et contient de nombreux polynucléaires.

3. Composition chimique :

La glaire est un hydrogel composé d’une armature semi-solide à base mucoïde, et d’une phase liquide qui peut être considérée comme un plasma cervical.

1) Phase liquide :

L’eau est le composant le plus important (95 %).

– Constituants de faible poids moléculaire :

. sels minéraux (Ca++, Na++, Cl-, K+) (⇒ la glaire est toujours isotonique),

. composés organiques (glucose, acides aminés, lipides) sont à très faible concentration.
– Constituants de poids moléculaire élevé :

. protéines sériques : idem à celles du sérum dont elles peuvent provenir par transsudation,

. albumine, a1-antitrypsine, haptoglobine, transferrine, céruloplasmine et IgG, A, M.

Les estrogènes diminuent le taux de protéines sériques, la progestérone l’augmente.

2) Phase solide :

Les glycoprotéines s’accumulant en fibrilles anastomosées constituent des chaînes complexes.

4. Ultrastructure :

Les micelles du mucus de la période ovulatoire ont un diamètre de 0,5 µ ; elles sont formées de 100 à 1000 chaînes glycoprotéiques et séparées par un intervalle de 1 à 10 µ.

Elles représentent des ramifications qui les relient entre elles en parallèle, de façon à former des filaments de mucus de plusieurs millimètres de long. Il est vraisemblable que chaque filament provienne d’une glande endocervicale.

Pour ODEBLAD, les micelles organisées en un réseau de fibrilles, reliées entre elles par des liens obliques ou transversaux, formeraient une sorte de trame rappelant le maillage d’un tricot.

– en période ovulatoire, les mailles s’élargissent du fait de la teneur en eau et laissent donc pénétrer les spermatozoïdes, qui grâce à leur mobilité parcourent un trajet vertical au sein de ces véritables “canaux” rectilignes,

– en phase lutéale, la trame est dense et serrée et oppose une barrière infranchissable à ces spermatozoïdes.

– ODEBLAD distingue 2 types de mucus :

. mucus de type E, “estrogénio” caractérisé par un arrangement parallèle des micelles,

. mucus de type G, “gestagénio” constitué par un réseau dense et impénétrable.

Pendant l’ovulation, 95 % du mucus est de type E, 5 % de type G.

En phase lutéale, ces proportions s’inversent.

5. Physiologie :

La sécrétion de la glaire cervicale est intimement liée aux œstrogènes :

– En phase pré-ovulatoire : le taux d’œstrogènes augmente progressivement et atteint son maximum au moment de l’ovulation. Plus il y a d’œstrogènes, plus les cryptes du col de l’utérus sont stimulées et plus la glaire cervicale est abondante. 

A noter qu’une glaire peu abondante ou absente est l’un des symptômes d’un manque d’œstrogènes en phase pré-ovulatoire.

– Avant et après la phase fertile : le taux d’œstrogènes n’est plus suffisant pour garantir l’aspect “blanc d’œuf” de la glaire. Sous l’action de la progestérone sécrétée par le corps jaune en deuxième partie de cycle menstruel, puis de la chute des hormones ovariennes en l’absence de grossesse, la glaire retrouve un aspect ultra pâteux et se raréfie.

6. Evolution au cours du cycle :

L’aspect et la consistance de la glaire cervicale évoluent au cours du cycle menstruel :

– Après les règles : elle est discrète, pâteuse, collante, ne s’extériorise pas et donne une sensation de sécheresse. Le col est bloqué par un bouchon épais.

– En période fertile : elle devient plus crémeuse, humide et filante, s’extériorise au niveau de la vulve. Le col s’ouvre pour permettre le passage des spermatozoïdes.

– Lors de l’ovulation : elle est carrément transparente, fluide et filante (très étirable, sur plusieurs centimètres) ; elle a l’aspect d’un blanc d’œuf cru.

– Après l’ovulation : sous l’effet de la progestérone, la glaire s’épaissit à nouveau et referme l’accès au col utérin.

Aux alentours de l’ovulation, la glaire est abondante, peu visqueuse et alcaline, offrant des conditions optimales à la survie des spermatozoïdes.

7. Rôle de la glaire cervicale :

La glaire cervicale joue de nombreux rôles, dont deux sont fondamentaux :

1) Protection de la cavité utérine contre les germes vaginaux :

La glaire possède une activité bactériostatique différente selon la phase du cycle menstruel ; les agents responsables sont au nombre de 3 : lactoferrine, peroxydase, lysozyme.

2) Pénétration des spermatozoïdes, transport, filtration, stockage et nutrition :

– Filtration : le pourcentage de formes typiques de spermatozoïdes augmente à mesure qu’on remonte dans la glaire ⇒ filtre sélectionnant les spermatozoïdes les plus vivaces et de morphologie normale.

Elle a un degré de perméabilité cyclique : la phase de perméabilité commence au 9ème jour du cycle puis augmente jusqu’à l’ovulation. La glaire de la période ovulatoire est la moins riche en leucocytes (phagocytose minimale).

– Protection des spermatozoïdes contre l’acidité vaginale toxique grâce à son pH basique ; en effet, son alcalinité est maximale pendant l’ovulation.

– Stockage dans les cryptes de l’endocol où les spermatozoïdes peuvent rester vivants et mobiles pendant 48 à 72 h.

Pendant leur stockage, les spermatozoïdes subissent le complément de maturation indispensable à leur capacitation, phénomène capital avant la fécondation.

– Nutrition assurée essentiellement par le glucose contenu dans la glaire (appoint énergétique aux spermatozoïdes).

* En résumé :

Pendant la phase infertile : la glaire cervicale obstrue le col utérin avec un maillage serré de filaments protéiques qui immobilise les spermatozoïdes.

Lors de la période fertile : sous l’influence des œstrogènes, ce maillage se détend et permet le passage des spermatozoïdes normaux tout en bloquant ceux présentant des malformations importantes.

8. Exploration de la glaire cervicale :

L’étude de la glaire cervicale par des moyens simples est une étape fondamentale de l’exploration de base de toutes les stérilités. Elle doit être réalisée en période pré-ovulatoire immédiate (11ème-13ème jour du cycle).

Toute exploration doit se faire en l’absence d’infection cervicale.
Technique : Après mise en place du spéculum sans lubrifiant et repérage du col que l’on débarrasse de ses sécrétions (mouchage avec une compresse sèche), on apprécie la perméabilité de l’orifice externe et l’abondance de la glaire qui s’y trouve.

Si la glaire n’est pas abondante, on peut pincer le col avec le bout arrondi des valves du spéculum pour la faire sourdre à l’orifice externe.

La glaire sera ensuite prélevée avec une pince-longuette dont on écartera les mors, à sa sortie du vagin. On apprécie ainsi les caractéristiques de transparence et de filance de la glaire.

Le prélèvement de la glaire peut aussi se faire avec un cathéter monté sur une seringue.

On étale ensuite la glaire sur une lame et on l’examine au microscope une fois séchée.

1) Glaire normale typique :

Elle s’écoule sans cesse du col ; il y a très peu, ou pas du tout d’élément cellulaire.

La cristallisation se fait en feuilles de fougère, avec des ramifications de 2ème et de 3ème ordre.

2) Score d’Insler : Cf chapitre spécial

Il permet d’apprécier l’ouverture du col, l’abondance, la filance et la clarté de la glaire cervicale. Chaque élément est côté de 0 à 3.

3) Test post-coïtal de HUHNER (ou test I de Seguy et Vimeux) : Cf chapitre spécial

4) Test II de Seguy et Vimeux (test de pénétration in vitro (gross. 400)) :

Mise en contact, entre lame et lamelle, d’une goutte de mucus cervical et d’une goutte de sperme du mari à 37°.

– Test normal : les spermatozoïdes progressent dans le mucus par oscillation régulière ;

– Test anormal : la pénétration est nulle ou limitée et la survie est courte.

* Quand ce test in vitro est normal alors que le TPC était (-) ou douteux ⇒ évoquer une position anormale du col utérin ou une acidité excessive du vagin.

* Si ce test de pénétration in vitro est défectueux alors que la glaire et le sperme paraissent normaux ⇒ test de pénétration croisée.

5) Test de pénétration croisée :

Le sperme est recueilli par masturbation et la glaire prélevée juste avant l’ovulation.

– la glaire de la patiente est mise en présence de spermatozoïdes témoins (et aussi de spermatozoïdes du mari),

– tandis que les spermatozoïdes du mari sont étudiés dans une glaire témoin.

Si ce test est négatif : il existe la confirmation d’une incompatibilité glaire/sperme pouvant indiquer la pratique d’inséminations intra-utérines (IIU) ou la rechercher d’anticorps antispermatozoïdes.

9. Intérêt de l’étude la glaire cervicale :

L’étude de la glaire cervicale permet :

1) L’appréciation de la qualité hormonale du cycle menstruel :

– La sécrétion de la glaire cervicale est cyclique, conditionnée par la sécrétion des stéroïdes sexuels.

– Une bonne glaire abondante, filante, maximum vers le 12ème-14ème jour du cycle, suivie à partir du 16ème jour d’une régression rapide, témoigne d’une sécrétion estrogénique satisfaisante et probablement d’un corps jaune.

Le maximum d’abondance et de filance permet de localiser, à 24 heures près la date de l’ovulation.

Une glaire cervicale insuffisante traduit une insuffisance en estrogènes.

Nb : L’étude de la glaire permet une étude approximative des stéroïdes sexuels ; cependant elle ne permet pas d’affirmer une ovulation.

– Chez une femme en aménorrhée, une glaire cervicale filante abondante, permet d’exclure la grossesse,

– pendant la grossesse, la réapparition d’une glaire qui cristallise est un élément de mauvais pronostique signant la mort ovulaire,

– chez une femme ménopausée, une glaire abondante (en dehors de tout traitement hormonal) traduit une sécrétion estrogénique par une tumeur ovarienne.

2) Exploration d’une stérilité :

L’étude de la glaire cervicale permet d’avoir une idée sur la sécrétion estrogénique.

Elle permet d’apprécier sa perméabilité aux spermatozoïdes grâce aux différents tests (mesure du pH, TPC).

La glaire cervicale joue donc un rôle capital dans la fécondité (glaire acide, présence supposée d’anticorps antispermatozoïdes ou ACAS).

10. Indicateur de fertilité naturel :

L’auto-observation des changements de la glaire cervicale permet d’identifier la fenêtre fertile et est à la base de plusieurs méthodes de planification familiale naturelle fiables à 98,2 % selon l’OMS :

– Quand la glaire devient crémeuse et humide : c’est le début de la période fertile.

– Son assèchement et la montée de température confirment que l’ovulation est passée.

Présente tout au long de la vie reproductive de la femme, de la puberté à la ménopause, la glaire cervicale est un allié précieux pour comprendre son cycle et optimiser ses chances de concevoir.

Son observation attentive, associée à un mode de vie sain, permet de prendre soin de sa fertilité au naturel.

 

Propriétés de la glaire cervicale pendant le cycle menstruel

 

PHASE OVULATOIRE

PHASE PRE ET POST-OVULATOIRE

Quantité moyenne

200 – 700 mg

60 mg ou moins

Transparence

élevée

faible (opaque)

pH

alcalinité maximum

en général acide

Capacité d’arborisation

maximum

progressive avant l’ovulation

Elasticité du flux

maximum

minimum

Viscosité

faible

importante

Filance

10 à 15 cm

1 – 2 cm

Teneur en eau

96 – 98 %

92 – 94 %

Pénétration aux spermatozoïdes

1,5 – 2 mm/mn

0,1 – 0,5 mm/mn

 
 

11. Optimisation de la glaire cervicale :

Certains facteurs peuvent influencer la qualité et la production de la glaire cervicale :

– L’hygiène de vie : une alimentation équilibrée riche en vitamines et nutriments essentiels favorise une glaire cervicale optimale.

De okus, pour que la glaire cervicale puisse protéger et accompagner les spermatozoïdes, elle doit rester alcaline.

Voici (entre autres), les aliments à privilégier pour une glaire cervicale au pH optimal :

. les fruits et les légumes de saison,

. les bons acides gras (tels que les omégas 3, qui sont un acide gras essentiel), 

. les aliments riches en vitamines B, C, A et D.

En revanche, il faut éviter les aliments trop acidifiants, tels que le sucre et les produits laitiers… 

La glaire cervicale est un mucus composé à 90 % d’ eau : il est donc primordial de bien s’hydrater et de boire au minimum 1,5 litre d’ eau par jour. 

– Enfin, un bon sommeil et une bonne gestion du stress sont des clés essentielles pour un système hormonal bien équilibré et donc des sécrétions de glaire cervicale adaptées à chaque phase du cycle. 

– Certains médicaments comme le citrate de clomifène (Clomid ®) peuvent assécher la glaire. À l’inverse, d’autres traitements de PMA ont des effets positifs.

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