1. Traitement  préventif :

Dépistage systématique en début de grossesse, avec réalisation de la sérologie “toxoplasmose”.

 En cas de séronégativité : contrôle mensuel de la sérologie, ou au moindre doute clinique (adénopathie, asthénie, fébricule).

 Règles hygiéno-diététiques préventives (à remettre aux patientes par écrit dès la première consultation) : pour toute femme séronégative :

– Eviter tout contact avec les chats et les objets pouvant être contaminés par leurs excréments : porter des gants pour désinfecter à l’eau de javel bacs et litières des chats, et se laver soigneusement les mains après ;

– A défaut, empêcher leurs contaminations : les nourrir avec des aliments spéciaux ou bien cuits, ne pas leur donner de viande crue ni de lait cru ; les empêcher de chasser (clochette au collier) ;

– Toujours laver soigneusement (à grande eau) les légumes surtout s’ils sont terreux et consommés crus,

– Eviter la consommation de crudités et les plantes aromatiques ;

– Laver soigneusement les ustensiles de cuisine ainsi que le plan de travail ;

– Bien cuire les viandes de bœuf, mouton, cheval, et privilégier le poulet et le poisson (éviter les viandes marinées, fumées ou grillées) ;

– Ne consommer donc que des viandes très cuites ou congelées préalablement ;

– Se laver les mains avant les repas et après avoir manipulé des viandes crues ou des aliments souillés de terre ;

– Porter des gants pour jardiner avec lavage des mains ensuite ;

– Nettoyer et désinfecter régulièrement le réfrigérateur.

 Il n’existe pas actuellement de thérapeutique vaccinale relative à la toxoplasmose.

Chez la femme enceinte non immunisée, la prévention de la toxoplasmose congénitale demeure donc aujourd’hui basée sur les mesures hygiéno-diététiques, le dépistage permettant le traitement parasitostatique précoce. 

La stratégie préventive vise avant tout à :

– déterminer la population de femmes séronégatives avant la grossesse, autrefois par un bilan sérologique prénuptial, maintenant par une consultation préconceptionnelle ou plus pratiquement lors de la surveillance de la contraception orale ; 

– surveiller cette population séronégative par une sérologie au 1er trimestre de grossesse, puis tous les mois ;

– traiter les femmes présentant une séroconversion pour réduire le risque de transmission.

2. Séroconversion toxoplasmique :

1) Séroconversion en cours de grossesse :

En cas de séroconversion en cours de grossesse sont instaurées :

 la thérapeutique : Spiramycine : Rovamycine ®, 9 MUI/j (3 cp/j à 3 MUI) en première intention jusqu’aux résultats des prélèvements fœtaux (traitement prescrit pour diminuer le risque de contamination fœtale : il s’agit d’un traitement préventif et non curatif d’une infection fœtale +++) ;

 la surveillance obstétricale, clinique et paraclinique (échographies tous les mois) ;

  une amniocentèse, réalisable après la 18ème SA, en respectant un délai minimal de 4 semaines après la date de la séroconversion, pour recherche d’une infection fœtale. 

Cette amniocentèse n’est programmée qu’après concertation avec le laboratoire de parasitologie, elle permet :

– la recherche du génome de Toxoplasma gondii par PCR : cette technique a une sensibilité de près de 100 % et une spécificité forte qui en font la méthode de choix ;

– l’inoculation à la souris du culot cellulaire du liquide prélevé.

 Le risque de contamination fœtale est d’autant plus fort que la séroconversion maternelle a lieu tardivement au cours de la grossesse ; à l’inverse, la gravité de l’atteinte est d’autant plus importante que la contamination est précoce.
Nb : En cas d’intolérance à la spiramycine, la roxithromycine (Rulid ®), dont l’action est connue sur le toxoplasme, peut être utilisée à la dose de 2 à 4 cp par jour.

2) Diagnostic prénatal positif (atteinte fœtale) :

 En cas de diagnostic prénatal positif (PCR +) : un traitement antibiotique materno-fœtal est proposé :

– bithérapie parasiticide en cures de 4 semaines :

. pyriméthamine (Malocide ®), 50 mg/j (1 cp/j) + sulfadiazine (Adiazine ®), 3 g/j (2 cp trois fois par jour) ; 

. ou pyriméthamine + sulfadoxine : Fansidar ® ;

. il faut y associer de l’acide folinique (Lederfoline ®) : 50 mg/semaine.

– en alternance avec Rovamycine*, 9 millions UI/j pendant 2 semaines.

– et ce jusqu’à la fin de la grossesse.

Ce traitement est poursuivi chez l’enfant dès la naissance.

Il n’est pas totalement curatif car inefficace sur les kystes mais actif sur les formes libres du parasite (tachyzoïtes) qui sont dans la circulation sanguine et le liquide amniotique. Il vise à stabiliser les lésions existantes et à diminuer le risque de rechute ultérieure en particulier au niveau oculaire (choriorétinite).

>>> Surveillance :

– hématologique (thrombopénie, neutropénie pouvant réaliser à l’extrême une aplasie sévère d’origine centrale mais réversible à l’arrêt du traitement) : NFS-plaquettes 1 fois/semaine ;

– dermatologique : érythème polymorphe, syndrome de Lyell ;

– échographie bimensuelle ± IRM cérébrale anténatale. 

 Il ne faut pas perdre de vue que le terme de l’infection demeure le principal facteur pronostique (lors des infections fœtales survenues avant 16 SA, 50 % des fœtus vont développer une hydrocéphalie et il persiste de grandes incertitudes pronostiques concernant les 50 % restant). Lorsque la poursuite de la grossesse est envisagée, la surveillance du cerveau doit être particulièrement attentive et les parents prévenus des incertitudes relatives au pronostic oculaire. L’interruption médicale de grossesse est une alternative possible.

Nb : cette association pyriméthamine-sulfadiazine ne peut être utilisé en début de grossesse étant donné son risque tératogène potentiel. On l’utilise à partir de la 20ème semaine.

Aucun protocole n’a cependant démontré d’activité curative, le parasite déjà enkysté étant non accessible au traitement, ou parce qu’il provoque rapidement les lésions, avant la mise en route de la thérapeutique.

En pratique :

 

 Avant 18 SA : toute présomption de séroconversion justifie un traitement maternel immédiat par spiramycine jusqu’aux résultats de l’amniocentèse.

– S’ils sont positifs, l’association pyriméthamine-sulfadiazine est prescrite.

– S’ils sont négatifs, la spiramycine est poursuivie jusqu’à la fin de la grossesse. Dans les deux situations, la surveillance échographique toutes les 3 semaines est poursuivie.

 Après 18 SA et jusqu’au début du 3ème trimestre : la conduite à tenir consiste à pratiquer l’amniocentèse puis décider ensuite du traitement.

 En fin de grossesse : on traite d’emblée par l’association pyriméthamine-sulfadiazine. On considère en effet qu’une PCR négative ne met pas à l’abri d’une transmission tardive et que la perméabilité placentaire étant importante, la transmission est probable. Dans cette logique, un traitement par Fansidar est parfois proposé du fait d’une meilleure tolérance.

Quelle que soit la stratégie, l’apparition ultérieure de lésions cérébrales affirme l’existence d’atteintes sévères du névraxe. C’est dans cette situation exceptionnelle que l’indication d’une interruption médicale de grossesse sera discutée au sein d’un centre pluridisciplinaire de diagnostic prénatal.

Interruption médicale de la grossesse :

Elle sera discutée si :

– atteintes cérébrales évolutives sévères : dilatation ventriculaire ;

– terme présumé de séroconversion entre 10 et 16 SA.

Dans tous les cas, la décision finale ne sera prise qu’après confrontation multidisciplinaire et après discussion avec le couple.

3) Diagnostic prénatal négatif :

Dans ce cas : le traitement par Rovamycine ® 9 MUI/j sera maintenu jusqu’à l’accouchement, associé à une surveillance échographique mensuelle.

La découverte d’une anomalie (dilatation ventriculaire cérébrale bilatérale et symétrique débutant habituellement au niveau des cornes postérieures, zones hyperéchogènes intracérébrales ou intrahépatiques, ascite, épanchement pleuro-péricardique, épaississement placentaire) doit faire reconsidérer le pronostic fœtal, et peut conduire à modifier la conduite conservatrice vis-à-vis du fœtus.

Chimiothérapie antiparasitaire :

1 – Spiramycine (Rovamycine ®) 50 mg/kg/jour ; bien supporté mais ne pénètre pas le LCR,

– en cas de toxoplasmose subaiguë (traitement de 1 mois),

– en cas de séroconversion d’une femme enceinte,

– traitement post-natal du nouveau-né si sérodiagnostic négatif pour les IgM,

– en cas d’allergie remplacer par Roxithromycine (Rulid ®).

 

2 – Association de : Pyriméthamine (Malocide ®) 1 mg/kg/j avec maximum 50 mg/j ; déconseillé en début de grossesse, entraîne une carence en acide folique et une anémie,

+ Sulfamide : Sulfadiazine (Adiazine ®) 100 mg/kg/j avec maximum 4 g/j ; risque de réactions allergiques et troubles hématologiques réversibles,

acide folinique (Lederfoline ®) 50 mg/semaine chez l’adulte, 5 mg tous les 2 jours chez l’enfant et surveillance de l’hémogramme ; sert à compenser les effets indésirables de la pyriméthamine.

traitement de la femme enceinte (si toxoplasmose congénitale prouvée) 2 à 4 semaines par trimestre en alternance avec la spiramycine.

traitement du nouveau-né si le diagnostic à la naissance est positif.

traitement curatif de la toxoplasmose cérébrale de l’immunodéprimé.

à 1/2 ou 1/4 dose, traitement d’entretien de l’immunodéprimé.

dans l’association Pyriméthamine + Sulfamide : la Sulfadiazine peut être remplacée par la sulfadoxine : Pyriméthamine + Sulfadoxine (Fansidar ®)

En cas d’allergie au sulfamide, le remplacer par :

– Clindamycine (Dalacine ®),

– ou Clarithromycine (Zeclar ® ou Naxy ®),

– ou Azithromycine (Zithromax ®).

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