1. Epidémiologie :
Le trachome est une maladie oculaire due à des sérotypes distincts et spécifiques de C. trachomatis.
On estime à 500 millions le nombre de personnes atteintes de trachome dans le monde, dont la plupart sont de jeunes enfants.
Le trachome est particulièrement fréquent dans les régions pauvres de l’Afrique sub-saharienne.
Il représente un problème majeur de santé publique car 1 à 5 % des personnes infectées développent ultérieurement des cicatrices responsables de déformation de la paupière, de retournement vers l’intérieur des cils (entropion) et d’abrasions de la cornée (trichiasis).
Les lésions de la cornée entraînent la cécité.
Le trachome est la première cause de cécité évitable.
Le trachome actif débute souvent dans la première ou la deuxième année de vie, mais après l’âge d’un mois.
Les récurrences de l’infection active sont fréquentes pendant l’enfance et cessent spontanément vers l’âge de 10-15 ans.
Chez les enfants, les facteurs de risque majeurs de trachome sont la fréquence de lavage du visage, l’accès à l’eau, le partage des chambres à coucher avec une personne infectée et l’importance de l’exposition aux mouches infectées.
Le trachome actif peut également se voir chez les adultes, en particulier chez les mères s’occupant de jeunes enfants porteurs d’une infection active.
Le trichiasis est lié à des épisodes répétés de trachome dans l’enfance, il se retrouve plus fréquemment chez les femmes que chez les hommes et survient préférentiellement au sein d’une même famille.
Les sérotypes de C. trachomatis responsables du trachome se transmettent par contact direct avec des objets contaminés, tels que le linge de toilette, ou les mouches infectées.
L’exposition périnatale à C. trachomatis, liée à une infection génitale de la mère, ne joue pas un rôle majeur dans la transmission du trachome.
2. Manifestations cliniques :
Le trachome est une conjonctivite folliculaire chronique, caractérisée par des follicules lymphoïdes visibles macroscopiquement se formant dans la sous-muqueuse. Ceux-ci sont particulièrement apparents le long de la conjonctive tarsienne supérieure.
La conjonctive bulbaire n’est atteinte que de façon minime.
On peut retrouver des sécrétions oculaires mucoïdes peu abondantes ; la présence d’une adénopathie pré-auriculaire est rare et, si elle est présente, doit faire évoquer d’autres diagnostics comme une infection à adénovirus.
La cornée peut être le siège d’une néovascularisation superficielle et d’une infiltration lymphocytaire (pannus).
Des conjonctivites bactériennes épidémiques à Hæmophilus influenzæ peuvent surinfecter le trachome et provoquer une conjonctivite purulente grave touchant la conjonctive bulbaire. La conjonctivite bactérienne aggrave alors les lésions inflammatoires du trachome.
Les cicatrices de la conjonctive tarsienne déforment la structure de la paupière et provoquent des entropions et des trichiasis à l’âge adulte. Parfois l’épithélium cornéen est érodé, favorisant les kératites bactériennes. Par la suite, la cornée cicatrise en s’opacifiant, entraînant une cécité.
3. Diagnostic :
Le diagnostic de trachome est le plus souvent clinique et est posé si deux des critères suivants sont observés :
1. follicules lymphoïdes sur la conjonctive tarsienne supérieure,
2. follicules lymphoïdes (ou puits de Hebert) le long de la membrane cornéenne,
3. cicatrices conjonctivales linéaires,
4. pannus cornéens.
Comme la majorité des cas de trachome surviennent dans des régions reculées des pays en voie de développement, sans accès aux examens de laboratoires, la plupart des cas sont diagnostiqués cliniquement.
Lorsqu’un laboratoire est accessible, l’isolement de C. trachomatis en culture cellulaire apporte une preuve définitive du diagnostic.
La culture est plus souvent positive chez le jeune enfant avec une maladie active, alors qu’elle l’est rarement chez l’adulte avec une maladie cicatrisée ancienne.
Même chez les jeunes enfants avec une maladie active, la culture n’est positive que dans un tiers à la moitié des cas.
Les tests ne reposant pas sur la culture, tels que la détection par immunofluorescence directe des corps élémentaires (CE) par un anticorps monoclonal ou la détection de l’antigène chlamydien par test immuno-enzymatique (ELISA), sont plus fréquemment positifs que les cultures.
La détection de l’ADN du chlamydia par amplification génique (PCR) est le test diagnostique le plus sensible, avec un taux de positivité d’environ 70 à 80 % chez les enfants présentant une infection active.
Le nombre d’adultes avec une maladie ancienne cicatrisée qui ont des tests positifs pour les CE, l’antigène ou l’ADN est faible.