1. Définition – Généralités :
Le parvovirus B19 est un virus pathogène pour l’homme, responsable d’infections généralement bénignes : le mégalérythème épidémique, une maladie infantile courante (aussi appelée 5ème maladie ou érythème infectieux aigu).
Outre l’érythème, l’infection peut également provoquer des arthropathies qui sont plus fréquentes chez les adultes.
La virulence de l’infection est plus importante chez les patients immunodéprimés et en cas de transmission materno-fœtale.
Ubiquitaires et contagieuses, les infections à parvovirus B19 se manifestent dans des zones à climat tempéré par des poussées épidémiques environ tous les 3 à 4 ans, généralement pendant l’hiver et le printemps.
L’immunité acquise est solide et durable.
50 à 60 % des femmes en âge de procréer présentent des marqueurs sérologiques d’infection passée.
La prévalence de l’infection étant importante avant dix ans, les femmes non immunisées sont surtout susceptibles d’être contaminées par de jeunes enfants.
2. Agent pathogène
1) Germe :
Le parvovirus B19 appartient à la famille des Parvoviridae, sous-famille des Parvovirinae, genre Erythrovirus.
Il s’agit d’un virus nu, comportant une capside icosaédrique, et dont le génome est de type ADN monocaténaire linéaire.
Le genre Parvovirus regroupe les parvovirus autonomes possédant toute l’information génétique nécessaire à leur réplication et qui infectent de nombreux vertébrés.
Le parvovirus B19 est un virus strictement humain et il appartient au genre Erythrovirus vu son tropisme cellulaire très restreint avec une réplication sélective dans les précurseurs de la lignée érythrocytaire.
Découvert fortuitement en 1975 dans des sérums de donneurs de sang asymptomatiques et dénommé parvovirus humain (PVH), il est appelé, actuellement, virus B19 (par référence à l’initiale et au numéro identifiant la poche de sang où il fut trouvé la première fois).
2) Réservoir :
Strictement humain.
3) Résistance physico-chimique :
L’absence d’enveloppe confère au virus une résistance aux pH compris entre 3 et 9 et à un traitement à 56 °C pendant 1 heure.
Cette résistance importante pose des problèmes notamment dans son élimination des produits sanguins stables préparés à partir d’un pool de plasmas.
4) Pathogenèse :
La pénétration du virus dans l’organisme par voie respiratoire est suivie, environ une semaine après la contamination, d’une phase de virémie, au cours de laquelle le virus atteint ses cellules cibles.
Le récepteur cellulaire du parvovirus B19 est l’antigène P érythrocytaire situé principalement sur les précurseurs des érythroblastes ; le virus bloque la maturation des proérythroblastes entraînant une érythroblastopénie se traduisant par une diminution du nombre des réticulocytes pendant plusieurs jours.
A la fin de cette première phase apparaissent des anticorps neutralisants IgM puis IgG anti-parvovirus B19 qui éliminent rapidement le virus.
La formation de complexes immuns est responsable des symptômes cutanés (érythème) et articulaires (arthropathie).
La réticulopénie liée à une diminution transitoire des érythroblastes n’a pas de conséquence clinique ; les hématies du sujet sain ayant une durée de vie normale de 120 jours, il n’y a pas d’anémie chez le sujet normal.
3. Epidémiologie :
1) Groupe d’âge :
L’infection survient le plus souvent chez l’enfant, mais peut s’observer chez l’adulte jeune.
En fait, les éruptions cutanées affectent généralement les enfants avant 10 ans alors que les arthropathies concernent davantage les adolescents et les adultes.
2) Incidence :
En Belgique, le taux de notification des cas de parvovirus B19 était de 2,99 par 100.000 habitants pour l’ensemble du pays en 2012.
En France, le parvovirus B19 serait responsable annuellement d’environ 60 cas d’anasarques fœto-placentaires et de 200 avortements spontanés.
3) Immunité :
L’immunité acquise est solide et dure toute la vie.
4) Saisonnalité :
Dans les zones à climat tempéré, des poussées épidémiques surviennent généralement pendant l’hiver et le printemps et environ tous les 3 à 4 ans.
5) Géographie et sexe ratio :
Ubiquitaire.
Sex ratio : N/A.
4. Clinique :
1) Transmission :
– La transmission du virus se fait principalement par voie respiratoire : il se propage par les sécrétions du nez et de la bouche (éternuement, toux, contact main-bouche).
– La transmission peut également se faire par passage transplacentaire du virus de la mère au fœtus et se produit dans un tiers des cas de primo-infection chez une femme enceinte.
– Le virus peut être transmis par transfusion sanguine lorsque le don de sang provient d’un sujet en phase virémique et encore asymptomatique. En effet le virus B19, étant un virus thermostable, et dépourvu d’enveloppe, il est très résistant et n’est pas inactivé par les procédés physico-chimiques utilisés pour éliminer les virus enveloppés (VIH, HBV, HCV) dans les produits sanguins. Ce mode de transmission est cependant exceptionnel.
2) Incubation :
L’incubation peut durer de 1 à 3 semaines.
3) Période de contagiosité :
La période de plus grande contagiosité des patients infectés se situe 7 à 10 jours avant le début de l’érythème.
Une femme a plus de risque d’être contaminée par ses propres enfants que dans son cadre professionnel en raison d’une plus grande proximité avec leurs sécrétions respiratoires.
4) Symptômes :
La virémie se manifeste par un syndrome pseudo-grippal avec une sensation de malaise, des céphalées, une fébricule, des courbatures, et parfois une rhinopharyngite.
Environ 2 à 3 semaines après la contamination, chez certains sujets (principalement les enfants), un rash cutané ou des douleurs articulaires apparaissent.
Les manifestations cliniques dépendent d’un équilibre entre la réplication virale et la réponse immunitaire de l’hôte ; elles sont différentes selon l’âge et le statut immunologique et hématologique du sujet infecté.
La maladie est aussi appelée “cinquième maladie” suite au fait qu’elle ait été la 5ème maladie infantile infectieuse caractérisée par une éruption cutanée à recevoir un nom ; les quatre premières étant la rougeole, la scarlatine, la rubéole et la maladie de Duke.
a) Infection chez les sujets immunocompétents :
Entre 20 à 25 % des personnes infectées par le parvovirus B19 sont asymptomatiques.
Les principales manifestations cliniques sont l’érythème et les arthralgies avec des symptômes prodromiques légers (fièvre, rhinite, céphalée, nausées).
Les éruptions cutanées affectent généralement les enfants avant 10 ans lors de petites épidémies en milieu scolaire, mais des éruptions moins prononcées peuvent survenir chez l’adulte.
La primo-infection se traduit par l’apparition d’un érythème débutant au niveau des joues et donnant un aspect souffleté au visage ou de joue giflée.
Après 1 à 4 jours, des éruptions maculo-papuleuses roses pâles dont le centre peut être clair (aspect réticulaire ou en “dentelle”) s’étendent au tronc et aux racines des membres épargnant les paumes des mains et les plantes des pieds.
Les symptômes disparaissent spontanément après 5 à 10 jours.
Chez les jeunes adultes, l’infection peut-être associée à un syndrome papuleux avec purpura de type “gants et chaussettes” : érythème symétrique et douloureux associé à un œdème des pieds et des mains, spontanément résolutif en 1 à 3 semaines.
L’arthropathie est une complication ou un symptôme primaire de la maladie et est plus fréquente chez les adolescents et les adultes et en particulier chez la femme (dans 10 % des cas chez l’enfant).
La clinique diffère selon l’âge : chez les enfants, l’arthropathie, est symétrique ou non, et touche le plus souvent les genoux (puis les chevilles) ; chez les adultes, elle est polyarticulaire, symétrique et touche généralement les articulations interphalagiennes et métacarpo-phalangiennes mais aussi les autres articulations.
Les manifestations articulaires sont douloureuses mais peu sévères. Dans 90 % des cas, l’amélioration se fait en 2 à 3 semaines et il n’y a pas de séquelles articulaires.
b) Erythroblastopénie chez les sujets déjà porteurs d’une anémie :
Chez les patients atteints d’anomalies hématologiques sous-jacentes fragilisant les globules rouges (drépanocytose, thalassémie, sphérocytose, déficit en G6PD, en pyruvate kinase…), l’infection se manifeste sous la forme de crise érythroblastopénique entraînant une anémie et une réticulopénie transitoire brutale. Cela peut s’accompagner d’un rash cutané et de symptômes gastro-intestinaux et respiratoires.
c) Infection materno-fœtale : Cf chapitre spécial
5) Complications :
L’arthropathie peut parfois se prolonger durant des mois ou des années.
Le parvovirus B19 a été occasionnellement mis en cause dans des cas de myocardite, de neuropathie, de purpura thrombopénique, de purpura vasculaire, de syndrome appendiculaire, de neutropénie auto-immune et de détresse respiratoire.
Des thrombopénies, ainsi que des neutropénies, peuvent accompagner, voire révéler une infection par le virus B19.
5. Diagnostic biologique :
1) Sérologie :
L’infection à parvovirus est confirmée par la sérologie spécifique.
– Les IgM apparaissent 3 à 6 jours après le début de la symptomatologie (éruption cutanée) et persistent 3 à 4 mois ; des taux plus bas peuvent subsister jusqu’à 6 mois.
Leur recherche s’effectue par immunocapture avec des anticorps monoclonaux.
– La séroconversion des titres IgG se fait après celle des IgM avec un délai de 7 à 10 jours.
– La présence isolée des IgG spécifiques après une exposition récente témoigne en principe d’une infection ancienne et confirme l’immunité car elles persistent généralement toute la vie.
– La présence des IgM en l’absence d’IgG témoigne d’une primo-infection très récente, MAIS attention, il peut s’agir de faux positifs et il est nécessaire de contrôler la sérologie 7-10 jours plus tard afin d’observer la séroconversion des IgG.
– La présence simultanée d’IgG et d’IgM peut aussi être le signe d’une infection récente, à condition de révéler, à 15 jours d’intervalle, une augmentation des anticorps IgG lors d’un deuxième prélèvement.
Nb : Dans un contexte d’immunodépression, la sérologie est souvent peu contributive.
2) PCR :
La détection de l’ADN viral du parvovirus peut se faire par PCR à partir de sérum.
Cette technique est particulièrement recommandée dans le cas de patients immunodéprimés.
6. Traitement :
1) Du patient :
a) Traitement proprement dit :
Il n’existe pas de traitement spécifique.
Le traitement est symptomatique et consiste généralement à soulager les symptômes tels que la fièvre, les démangeaisons, la douleur et l’inflammation des articulations.
Le traitement des cas plus sévères repose sur l’utilisation de transfusions en cas d’anémie aiguë et sur la perfusion d’immunoglobulines polyvalentes en cas d’anémie chronique secondaire à un déficit immunitaire.
La cinquième maladie est habituellement bénigne.
Les enfants et les adultes en bonne santé guérissent généralement complètement.
b) Mesures d’hygiène :
Appliquer les mesures d’hygiène générales et les mesures d’hygiène spécifiques aux maladies à transmission aérogène.
c) Isolement – éviction :
N’est pas indiqué car la personne infectée n’est plus contagieuse lorsqu’elle est devenue symptomatique.
2) De l’entourage du patient (post-exposition) :
Lors d’une épidémie, par exemple dans une école, informer les personnes à risque, de développer des formes graves de la maladie (patients avec anémie hémolytique chronique, patients avec immunodéficience, femmes enceintes non immunes).
Chez la femme enceinte ayant eu des contacts étroits avec des personnes contagieuses (au sein de la famille), il est recommandé de vérifier les anticorps IgM et IgG et de consulter le spécialiste pour avis.
Nb : Collectivité a risque : crèches, écoles primaires, autres collectivités avec des enfants en bas âge et des femmes en âge de procréer.
3) Prévention :
– Il n’existe pas de vaccin.
– Un dépistage systématique des infections à parvovirus B19 par un suivi sérologique n’est pas justifié chez la femme enceinte non immunisée et non exposée.