1. Technique :

L’auto-examen des seins consiste à enseigner aux femmes un ensemble de manœuvres d’inspection et de palpation à répéter chaque mois après les règles, dans le but de détecter une anomalie, puis de consulter un médecin.

Actuellement, en Algérie, en l’absence de dépistage médicalement orga­nisé, 95 % des cancers du sein sont découverts par la femme elle-­même ou son conjoint mais le délai moyen entre la découverte de la première anomalie et la première consultation médicale est souvent de plusieurs mois.

C’est la patiente elle-même qui décide de ce qui est normal ou anormal dans son sein, et de ce qui nécessite ou non un traite­ment, sur la base de notions souvent erronées.

On pourrait éviter bien des angoisses et aussi bien des retards en donnant aux patientes une idée des symptômes qui néces­sitent une consultation et de ceux qui au contraire n’ont pas de signification pathologique.

– les points suivants seront donc expliqués clairement aux patientes :

. l’auto-examen ne sert jamais à faire faire par la patiente elle-même un diagnostic. Il permet seulement à la femme de participer à la surveillance de sa propre santé en sachant sur quels signes il est raisonnable de demander un avis médical, quels autres au contraire n’ont pas de caractère pathologique,

. le cancer du sein est l’affection la plus redoutable mais de beaucoup la plus rare. La très grande majorité des anomalies tumorales découvertes sont bénignes mais ne sont pas négligeables pour autant. Elles témoignent d’un dérèglement hormonal auquel les tissus mammaires sont très sensibles et qui nécessite un simple traitement médical dans un but curatif mais surtout préventif. Les mastodynies ont la même signifi­cation hormonale lorsqu’elles sont bilatérales, surviennent plus de 48 heures avant les règles et se reproduisent plus de 2 mois sur 5. Elles précèdent ou accompagnent l’évolution des lésions bénignes et doivent aussi être traitées médicalement.

2. Indications :

L’auto-examen semble utile en complément du dépistage mammo­graphique, comme moyen de détection précoce des cancers d’inter­valle.

Le dépistage clinique commence généralement à devenir possible pour une tumeur qui mesure au moins 0,5 cm de diamètre et il reste utile au pronostic tant que la tumeur est encore d’environ 2 cm.

L’auto-examen se révèle à l’expérience techniquement et psycho­logiquement utile :

– Il existe presque toujours dans un sein préménopausique quel­ques irrégularités de texture. Seule une femme ayant l’habitude de s’examiner elle-même pourra préciser à son médecin le degré d’ancienneté et l’évolutivité de ces anomalies éventuelles.

L’auto-examen est souvent techniquement très bien réalisé au point que certaines femmes sont capables d’indiquer à leur médecin de minimes lésions que celui-ci n’aurait pas découvertes sans leur aide.

– Cet examen et les informations qu’il permet d’apporter est généralement très bien accepté et provoque souvent un grand soulagement chez des femmes qui n’avaient jamais encore reçu d’explications pour ce qu’elles jugent être des anomalies inquiétantes.

3. Inconvénients :

L’auto-examen est surtout pratiqué par les femmes jeunes qui ont un risque plus faible de cancer du sein, alors que les femmes plus âgées n’y ont en général pas recours. Sa compliance est donc faible. D’autre part, la régularité de la pratique de l’auto-examen décroît avec le temps et la qualité même de l’examen tend à se dégrader.

4. Conclusion :

L’enseignement par le praticien à sa patiente des quelques gestes de l’auto-examen aide aussi la femme à se débarrasser du mélange de pudeur et de culpabilité qui l’empêche de perce­voir sa propre poitrine sans émotivité excessive et favorise l’acceptation psychologique d’examens médicaux réguliers.

La pratique de l’auto-examen permet en somme de banaliser la consultation de sénologie jusqu’à présent si dramatique.

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