Les mycoplasmes sont des très petites bactéries sans paroi rigide ayant des caractéristiques proches de celles de Chlamydia trachomatis.
Les mycoplasmes ont une taille bien trop petite (300 nm) pour être observables au grossissement X1000 après coloration de Gram.
L’absence de paroi, liée à leur incapacité à synthétiser le peptidoglycane, leur donne des propriétés particulières :
– résistance aux antibiotiques agissant sur la synthèse peptidoglycane,
– grande sensibilité aux conditions de milieu (pH, température, pression osmotique, tensioactifs),
– morphologie variable : au microscope électronique, on peut par exemple observer des formes filamenteuses, coccoïdes, en chapelet.
1. Germes responsables :
Les mycoplasmes génitaux comprennent les espèces :
– Ureaplasma spp (Ureaplasma urealyticum et Ureaplasma parvum),
– Mycoplasma hominis,
– Mycoplasma genitalium.
Leur implication en pathologie humaine et les méthodes employées pour le diagnostic diffèrent selon les espèces (Tableau 1)
* Ces espèces sont surtout pathogènes quand elles sont associées à d’autres microorganismes.
1) Chez l’homme :
– urétrites aiguës et chroniques, avec éventuellement,
– épididymite,
– prostatite, éventuellement chronique,
– infertilité,
– infection de spermatozoïdes,
– arthrite réactionnelle.
2) Chez la femme :
– vaginite,
– urétrites,
– cervicites,
– endométrite,
– salpingites.
3) Durant la grossesse :
– avortement spontané,
– chorioamniotite,
– prématurité, RCIU,
– infections néonatales,
– endométrite du post-partum.
Leur originalité tient dans le fait que deux d’entre eux (M. hominis et U. urealyticum) peuvent être, selon les situations, soit de simples commensaux inoffensifs, soit au contraire des pathogènes aux conséquences délétères diverses.
Leur pouvoir pathogène a été démontré quand ils sont retrouvés dans le cadre d’une vaginose bactérienne. En dehors de cette situation spécifique, beaucoup d’inconnues persistent à l’heure actuelle quant à leur rôle pathogène véritable. Certains travaux suggèrent qu’ils sont pourvus d’un pouvoir pathogène facultatif qui ne s’exprimerait qu’en présence d’autres pathogènes dans l’appareil génital.
Le fait que ces deux espèces de mycoplasmes puissent être, au niveau génital, soit de simples commensaux soit au contraire des pathogènes doit toujours être pris en compte car il en résulte une grande difficulté à préciser leur rôle exact. Pour ce faire, deux éléments sont déterminants :
– le site au niveau duquel les mycoplasmes ont été isolés, car si ceux-ci sont des hôtes habituels de la flore vaginale ; il n’en va pas de même au niveau de l’appareil génital supérieur où ils sont toujours absents à l’état normal,
– la mesure de la concentration du mycoplasme isolé : au niveau génital féminin, cette concentration est significativement augmentée à partir de 104 UCC/ml (unités de changement de couleur).
Les mycoplasmes génito-urinaires sont particulièrement transmissibles par voie sexuelle.
● M. hominis, (et à un moindre degré U. urealyticum), sont fréquemment retrouvés à des concentrations élevées en cas de vaginose bactérienne, de vaginite à Trichomonas ou une endocervicite gonococcique ou à Chlamydia.
Le pouvoir pathogène des mycoplasmes semble davantage affirmé lorsqu’on les retrouve au niveau de l’utérus ou des trompes et surtout en périnatalogie (accouchements prématurés, infections intra-amniotiques, avortements spontanés, hypotrophie fœtale).
● Ureaplasma urealyticum :
Alors que M. hominis n’est pas pathogène pour l’appareil génital masculin, U. urealyticum pourrait être responsable d’infections urinaires basses ou hautes (plus fréquentes chez la femme enceinte).
Ce mycoplasme pourrait être responsable de 20 % environ des urétrites non gonococciques mais jamais d’orchi-épididymite et rarement de prostatite.
Le diagnostic repose sur des cultures sur milieux spéciaux à partir du raclage de l’urètre ou du premier jet d’urine. Dans les études les plus récentes, seuls les mycoplasmes présents en grande quantité (supérieurs à 103 ou 104 unités changeant la couleur/mL) sont pris en considération.
● Mycoplasma genitalium :
Une troisième espèce de mycoplasmes, M. genitalium, a été isolée en 1981 à partir d’urétrites masculines mais la prévalence exacte de ce mycoplasme, difficile à cultiver, reste encore inconnue.
La situation de M. genitalium est complètement différente. Il n’est jamais présent à l’état commensal dans la flore vaginale et doit être considéré comme pathogène. Moins bien connu, sa mise en évidence nécessite le recours à des techniques d’amplification génique (PCR) car les cultures – contrairement aux deux autres mycoplasmes – sont très longues. Son rôle comme pathogène dans les IGH est à présent reconnu.
2. Diagnostic des infections génitales à Mycoplasmes :
Le diagnostic des infections à mycoplasmes est réalisé seulement sur prescription explicite du médecin.
Pour Mycoplasma hominis et Ureaplasma spp, le diagnostic n’est pas simple car elles sont quelquefois commensales. Pour interpréter les résultats, il faut à la fois tenir compte de la concentration des mycoplasmes isolés et de l’origine du prélèvement.
La méthode la plus utilisée consiste à identifier et dénombrer les mycoplasmes après culture.
Le diagnostic des urétrites à Mycoplasma genitalium, non réalisée en pratique courante, repose sur des méthodes d’amplification génique.
1) Prélèvement et transport :
Les mycoplasmes génitaux sont recherchés à partir de prélèvements urétraux, cervico-vaginaux, endocol, endométriaux, tubaires et du 1er jet urinaire.
Le prélèvement doit ramener un maximum de cellules auxquelles les mycoplasmes adhérent car ils sont à la recherche de cholestérol, indispensable à la structure de leur membrane plasmique.
Les prélèvements sont placés dans un milieu de transport comme le milieu saccharose-phosphate (2SP) enrichi en 5% de sérum de veau fœtal. Le prélèvement peut alors être conservé 48 h à + 4°C ou congelé à -70°C.
2) Diagnostic par culture :
a) Milieux de culture :
Du fait de leur petit génome les mycoplasmes ont une capacité de synthèse limitée et une croissance dépendante de la composition des milieux de culture. Les milieux de culture de base sont donc des milieux complexes enrichis en sérum animal (qui apporte des protéines, des lipides et du cholestérol) et en extrait de levure (vitamines, ions minéraux..). Ils sont de plus rendus sélectifs pour inhiber la culture des contaminants (au moins une ß-lactamine et d’autres inhibiteurs).
b) Dénombrement et interprétation :
Les mycoplasmes sont toujours pathogènes dans un prélèvement naturellement stérile (prélèvement d’endocol, prélèvements tubo-péritonéaux).
Cette règle ne s’applique pas aux urines et aux prélèvements urétraux et cervico-vaginaux, pour lesquels un dénombrement est nécessaire afin de distinguer une infection d’un portage commensal au niveau vaginal ou urétral. Les seuils pathologiques habituellement retenus sont rassemblés dans le tableau 2
Le dénombrement est effectué en milieu liquide en réalisant des dilutions et s’exprime en unité changeant la couleur (UCC/mL) qui correspond à la concentration minimale de mycoplasmes nécessaire pour faire virer l’indicateur de pH.
3) Diagnostic par amplification génique (PCR) :
La culture de Mycoplasma genitalium étant très fastidieuse, seules les méthodes d’amplification génique sont utilisées pour détecter cette espèce.
Pour les autres espèces de mycoplasmes, les méthodes permettant leur identification et leur dénombrement après culture sont préférées.
3. Antibiogramme des mycoplasmes :
Tous les mycoplasmes résistent naturellement aux antibiotiques actifs au niveau de la paroi puisqu’ils en sont dépourvus. Les β-lactamines et les glycopeptides sont donc inefficaces.
Les antibiotiques le plus souvent actifs appartiennent aux familles des tétracyclines, fluoroquinolones, macrolides et apparentés.
Ureaplasma spp et Mycoplasma hominis peuvent être résistants aux tétracyclines.
Plus rarement des mutants résistants ont été observés vis-à-vis des macrolides et fluoroquinolones.
Un antibiogramme est donc nécessaire ; il est souvent intégré dans les kits de détection des mycoplasmes.
Le traitement contre les infections à M. genitalium utilise l’Azithromycine.