Les condylomes plans sont, eux aussi, provoqués par HPV, dont les sous-groupes 6, 11, 16, 18, 31, 33 et 39 sont les plus fréquemment retrouvés au niveau des lésions cervicales détectables en cytologie et colposcopie.
1. Circonstances de découverte :
Les condylomes plans atteignent 0,7 à 2 % de l’ensemble de la population féminine. Le diagnostic peut être affirmé :
– à l’occasion d’un FCV de dépistage : par la mise en évidence de koïlocytes,
– à l’occasion d’un bilan d’une autre IST : infection à trichomonas, à Gardnerella vaginalis, à gonocoque…
Il est confirmé par la colposcopie et l’examen histologique.
2. Cytologie :
Le koïlocyte est retrouvé dans 60 % des frottis de femmes présentant une lésion à HPV. La cellule est caractéristique par l’existence d’un halo périnucléaire, un cytoplasme refoulé en périphérie et une binucléation fréquente.
3. Colposcopie :
Il est classique de distinguer deux types de lésions :
1) Lésions pures à HPV :
Ces lésions sont dues aux HPV 6 et 11. Il peut s’agir de :
– Condylome acuminé et de papillome de siège variable : en bordure d’un ectropion, sur les lèvres du col, dans le vagin, au niveau de la vulve et du périnée. Le diagnostic est parfois hésitant avec une leucoplasie. Le badigeonnage au lugol permet de différencier les deux lésions : lugol positive en cas de condylome, lugol négative en cas de leucoplasie.
– Colpite virale condylomateuse, dont le diagnostic ne peut être fait qu’après badigeonnage au lugol, car les lésions sont très discrètes à l’examen sans préparation et à l’acide acétique.
Les images observées sont très variées : les lésions bigarrées, polytonales, tigrées, cachemirées, en mosaïque inversée, prenant de façon incomplète le lugol.
– Condylome plan : il s’agit d’une lésion localisée faiblement acidophile à l’acide acétique. Le badigeonnage au lugol met en évidence des lésions bigarrées, lugol faiblement positives.
Une biopsie doit être pratiquée au niveau des zones acidophiles.
2) Lésions à HPV avec transformation atypique :
Elles sont dues aux HPV 16, 18, 31, 33, 35 et 39. De grade 1 ou de grade 2, elles se traduisent par l’existence d’une zone dysplasique acidophile, lugol négative, qu’il convient de biopsier.
Le compte-rendu histologique confirme la distinction entre :
– le condylome isolé, où les koïlocytes sont présents dans les couches les plus superficielles,
– le condylome atypique, avec trouble de la maturation cellulaire, traduisant l’existence d’une dysplasie associée.
4. Evolution :
L’évolution dépend de la durée du cycle évolutif du virus (encore inconnue), de la virulence variable des différents sous-groupes, de la réinfestation à partir des partenaires masculins où les lésions condylomateuses siégeant sur la verge sont retrouvées dans près de 60 % des cas.
5. Traitement :
Le seul traitement proposé est celui de ses conséquences.
Il s’agit d’une maladie sexuellement transmissible.
Le traitement, pour être efficace, doit prendre en compte tous les partenaires.
Les mesures de prévention sont essentielles :
– dépistage par balanoscopie et traitement du ou des partenaires,
– rapports protégés par des préservatifs pendant plusieurs mois.
1) Condylomes purs et condylomes avec dysplasie légère (CIN 1) :
Une simple surveillance est maintenue pendant 6 mois.
La patiente est revue au bout de 6 mois :
– si la lésion persiste (30 % des cas) et est limitée : on détruit tout l’épithélium atypique par électrocoagulation, cryothérapie, électro-résection ou vaporisation par laser CO2,
– si les lésions sont diffuses : il faut privilégier les traitements médicaux : podophylline ou 5-fluoro-uracile.
2) Condylomes atypiques, dysplasie modérée ou sévère (CIN 2 et 3) :
On pratiquera soit une résection par électro-résection, soit une conisation (basse), suivant les cas.
La surveillance est celle de toutes les dysplasies: frottis et colposcopie tous les ans, alternés tous les six mois. Les lésions du partenaire peuvent être traitées par destruction au laser. Une surveillance par balanoscopie est souhaitable tous les six mois.