1. Historique :

Les écrits d’Hippocrate (400 av JC) nous parlent de spermicides à base de miel, de cire, d’huile de cèdre, de céruse, d’alun, de racines de mandragore, de cyprès, de baies de laurier, de concombre, de cumin, d’aneth ou de potions contraceptives au trèfle et au vin blanc.

2. Différents types de spermicides :

Les spermicides sont des corps tensioactifs, bactéricides et spermicides, qui vont rapidement tapisser la cavité vaginale grâce à leurs propriétés mouillantes, mais il n’y a pas d’absorption, donc pas de toxicité.

– Ces produits provoquent la mort des spermatozoïdes généralement par éclatement avant qu’ils ne puissent pénétrer dans l’utérus, rendant ainsi impossible une fécondation par un spermatozoïde altéré.

Il existe également un épaississement de la glaire cervicale.

– Les présentations des spermicides sont nombreuses : crèmes, ovules, éponges…

– Pour une utilisation efficace, les crèmes, gelées et mousses sont généralement vendues avec un applicateur qui mesure la dose appropriée.

Actuellement, plus de 100 substances spermicides sont dénombrées dans le monde. Les plus fréquemment utilisés (en France) sont le chlorure de miristalkonium et le chlorure de benzalkonium.

Nb : Effets sur les germes vaginaux : les propriétés antimicrobiennes ont été démontrées au laboratoire : les spermicides agissent sur les cocci Gram positif et Gram négatif, le gonocoque, le trichomonas. Ils respectent par ailleurs le lactobacille. Le chlorure de Benzalkonium agit aussi sur le virus HIV.

3. Mécanismes d’action :

Agents tensioactifs bactéricides.

Ils sont à base de chlorure de Benzalkonium ou de chlorure de miristalalkonium.

Ils détruisent ou inactivent les spermatozoïdes, en associant un agent tensioactif (qui modifie la perméabilité des membranes de la cellule et détruit les spermatozoïdes) à un agent bactéricide. Ils sont peu utilisés seuls, le plus souvent en association avec une méthode barrière (préservatif, cape, diaphragme), dont ils augmentent l’efficacité.

4. Indications :

Ils peuvent être prescrits :

– en cas de contre-indication temporaire ou définitive des contraceptifs oraux ou du stérilet,

– en cas de vie sexuelle épisodique,

– à la préménopause où l’efficacité relative est suffisante compte tenu de la fertilité de cet âge,

– en période du post-partum, même chez les femmes qui allaitent,

– à celles qui souhaitent une prophylaxie des IST,

– en association avec le diaphragme ou les préservatifs pour en améliorer l’efficacité,

– en adjuvant de la contraception par stérilet, en particulier lors de la prise simultanée de certains médicaments, tels que les AINS,

– lors de la contraception orale, en cas d’oubli ou de retard dans la prise d’un comprimé : dans ce cas, associer le spermicide pendant le reste du cycle.

5. Mode d’emploi :

Les spermicides sont des produits existant sous différentes formes : crèmes, ovules, éponges…

L’utilisation doit être correcte :

– Le spermicide doit être placé dans le vagin, à proximité du col, en position couchée, 10 minutes avant le rapport sexuel, afin de lui laisser le temps de se déliter.

– L’application doit être renouvelée à chaque nouveau rapport, ceci pouvant être fait plusieurs fois par jour sans inconvénient.

Aucun spermicide ne peut détruire les spermatozoïdes de plusieurs éjaculats successifs ; aussi, quelle que soit la durée d’action du produit, il faut en placer une dose supplémentaire avant tout nouveau rapport ; ceci n’est pas toujours bien compris.

– la crème est immédiatement efficace, sa durée d’efficacité est de 4 à 8 h, mais il faut renouveler son application à chaque rapport sexuel,

– l’ovule doit être introduit 10 minutes avant le rapport, est efficace pendant 4 h, et est à renouveler à chaque nouveau rapport,

– l’éponge est efficace dès sa mise en place, et pendant 24 h, et permet des rapports sexuels répétés ; elle doit rester en place pendant les 6 heures qui suivent le rapport.

Toute toilette interne utilisant un savon est proscrit avant et après le rapport (au cours des 6 à 8 heures) car, même à l’état de traces, le savon dissocie le principe actif.

Immédiatement après le rapport, seule une toilette externe, à l’eau pure est possible.

Aucun traitement par ovules ne doit être utilisé simultanément avec la contraception vaginale.

La fiabilité des spermicides est directement liée au profil psychologique du couple qui les utilise et aux explications données par le médecin.

Ces explications doivent avoir été bien comprises et acceptées par la femme.

6. Avantages :

– Action immédiate,

– innocuité,

– simplicité d’utilisation,

– effet lubrifiant,

– action antiseptique (à ne pas surestimer !),

– bonne tolérance (2 % de brûlures vaginales ou d’irritations),

– protection non négligeable contre certaines IST (trichomonas, gonocoque, chlamydia, HIV),

– pas de contrainte quotidienne,

– facilement accessible (pas d’ordonnance),

– en cas d’échec, ils ne sont pas toxiques pour la grossesse.

7. Inconvénients :

– Nécessité de réutilisation à chaque rapport (sauf éponge efficace 24 h),

– une lubrification trop importante des voies génitales, facteur de mauvaise tolérance,

– mauvaise tolérance locale possible,

– coût (non remboursés),

– précautions particulières : mise en place en position allongée, durée de diffusion, durée d’action, absence de toilette post-coïtale, mise en place et retrait des éponges,

– odeur ou goût gênant,

– leur usage répété altère la muqueuse vaginale et cervicale, ce qui pourrait favoriser la transmission d’IST, dont le VIH,

– surtout, le taux d’échec (qui dépend des motivations de la femme et de la rigueur d’utilisation) : IP variant de 12 à 22 %.

Il existe un taux relativement élevé d’échecs dans la pratique courante ; ils sont dus surtout à une application défectueuse de la méthode ou à un défaut de compréhension de celle-ci.

Il existe en effet au laboratoire une puissante action spermicide des produits : tous les spermatozoïdes d’un éjaculat sont détruits en quelques secondes.

Le rôle du médecin est capital dans l’efficacité ; il doit expliquer correctement la méthode et choisir les femmes aptes à faire un usage correct de la méthode. Ce ne peut être la contraception du médecin pressé, de la femme irresponsable ou ayant une compréhension limitée.

Les utilisatrices privilégiées sont de niveau socio-économique élevé.

8. Complications :

Aucune, cependant les spermicides pourraient entraîner une modification de la flore vaginale.

9. Contre-indications :

– Allergie,

– traitement local en cours,

– lésion du col de l’utérus,

– mycoses récidivantes,

– IST,

– plaie vaginale,

– infections urinaires à répétition.

 

Les différents spermicides vendus en France (Vidal, 2016)

Nom

Présentation

Composition

Laboratoire

Durée de
protection

Alpagelle

Crème tube 80 g.

Boîte de 6 doses

Chlorure de miristalalkonium

Pharma

 

Pharmatex
comprimés

Comprimés 20 mg
gynécologiques.

Boîte de 12

Chlorure de benzalkonium

Innothera

3 heures

Pharmatex crème
1,2 %

Crème vaginale tube unidose de 72 g + applicateur

Chlorure de benzalkonium

Innothera

10 heures

Pharmatex crème
54 mg

Crème vaginale tube unidose de 4,5 g. Boîte de 6

Chlorure de benzalkonium

Innothera

10 heures

Pharmatex
mini-ovules

Mini-ovules

Chlorure de benzalkonium

Innothera

4 heures

Pharmatex ovules

Ovules de 18,9 mg.

Boîte de 10 ou de 20

Chlorure de benzalkonium

Innothera

4 heures

Pharmatex tampon

Tampon vaginal 20 mg.

Boîte de 6

Chlorure de benzalkonium

Innothera

24 heures

Les éponges vaginales :

 

Une éponge vaginale est une petite éponge arrondie remplie de spermicide.

Le spermicide est activé en humidifiant l’éponge et en la pressant jusqu’à ce qu’elle mousse.

Pour insérer l’éponge vaginale, il faut replier les bords sous la face arrondie et l’enfoncer grâce au médius aussi loin que possible dans le vagin afin qu’elle recouvre le col de l’utérus (les lèvres vulvaires étant écartées par l’autre main).
 

– La protection est immédiate et dure 24 heures ; le tampon n’a pas besoin d’être changé pendant cette période, même si plusieurs rapports se succèdent.

– Il doit rester en place pendant les 6 heures qui suivent le rapport.

– Dans tous les cas, le tampon doit être retiré au plus tard 24 heures après la mise en place.

– Pour l’enlever, s’accroupir et chercher avec les doigts le cordon qui le prolonge, puis tirer doucement.

– Attention : lorsque le tampon est en place, les bains (baignoire, mer, piscine) sont à éviter en raison du risque de dilution du spermicide.

Les deux principaux problèmes potentiels liés à l’utilisation des éponges vaginales sont qu’elles peuvent être difficiles à retirer et qu’elles peuvent irriter le col de l’utérus.

Les éponges ne sont pas réutilisables et doivent être jetées après emploi.

Des études ont montré que le chlorure de benzalkonium avait une bonne activité sur le staphylocoque doré, évitant ainsi tout risque de « Toxic Shock Syndrom », en cas d’utilisation de tampons.

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