Les hématies comportent plusieurs antigènes de membrane, génétiquement déterminés, et définissant les groupes sanguins érythrocytaires.

On connaît une vingtaine de systèmes antigéniques caractérisant autant de groupes, présents simultanément chez le même individu.

Les plus importants pour la transfusion sont les systèmes ABO et Rh.

1. Système ABO :

a) Définition :

Le système ABO est défini par la présence à la surface des érythrocytes soit d’un antigène A (groupe A), soit d’un antigène B (groupe B), soit des 2 (groupe AB), soit encore d’aucun des 2 (groupe O), ce qui permet de classer tout sang humain dans un des 4 groupes A, B, AB, O.

Le sérum d’un sujet donné contient l’iso-anticorps naturel (anti-A ou anti-B) correspondant à l’antigène absent de ses érythrocytes ; lorsque l’hématie porte les 2 antigènes, le sérum ne contient aucun iso-anticorps. Il contient les 2 iso-anticorps anti-A et anti-B si l’hématie ne contient aucun des 2 antigènes.

b) Antigènes :

Il existe donc 2 antigènes présents à la surface des globules rouges et de la plupart des tissus de l’organisme : l’antigène A et l’antigène B.

Il convient de noter :

– présence de l’antigène A seul = GROUPE A,

– présence de l’antigène B seul = GROUPE B,

– présence des 2 antigènes A et B = GROUPE AB,

– absence des 2 antigènes A et B = GROUPE O.

c) Anticorps :

Il existe deux sortes d’anticorps : les anticorps anti-A et les anticorps anti-B.

Les anticorps du système ABO sont des anticorps naturels (apparaissant dès les premiers mois de la vie en dehors de toute allo-immunisation), réguliers (présents chez tous les sujets), de classe IgM.

On détermine leur présence dans le plasma quand l’antigène correspondant est absent de l’hématie et leur absence dans le plasma lorsque l’antigène correspondant se trouve à la surface de l’hématie.

En ce qui concerne les groupes sanguins :

– présence de l’anticorps Anti-B seul = GROUPE A,

– présence de l’anticorps Anti-A seul = GROUPE B,

– présence des 2 anticorps Anti-A et Anti-B = GROUPE O,

– absence des 2 anticorps Anti-A et Anti-B = GROUPE AB.

Groupes sanguins

d) Détermination du groupe sanguin :

Elle se fait par 2 épreuves :

– celle de Beth-Vincent, qui recherche les antigènes sur les hématies à l’aide de sérums tests anti-A, anti-B, anti-AB,

– et celle de Simonin, qui recherche les anticorps dans le sérum au moyen d’hématies tests A, B, AB, O.

Il est obligatoire que les 2 épreuves soient réalisées sur 2 prélèvements différents par 2 techniciens différents.

e) Règle de compatibilité transfusionnelle de concentré globulaire :

Il est impératif de tenir compte des anticorps naturels Anti-A et Anti-B présents dans le plasma du patient.

Si possible, le groupe sanguin des hématies à transfuser doit être identique au groupe sanguin du patient.

En dehors des transfusions isogroupes : est compatible :

– la transfusion d’hématies O à un receveur A, B, AB,

– la transfusion d’hématies A à un receveur AB,

– la transfusion d’hématies B à un receveur AB.

Tout autre type de transfusion est incompatible et entraînera un accident transfusionnel hémolytique.

2. Système Rhésus :

a) Antigènes :

Le système Rhésus est un système complexe à plusieurs antigènes.

La génétique moléculaire du système Rhésus reconnaît deux gènes : le gène D et le gène CE, chacun codant pour deux polypeptides de la membrane du globule rouge :

– Le gène D est soit présent (sujet Rh positif), soit absent (Rh négatif).

– Le gène CE est polymorphe, le polypeptide exprimant soit CE, ce, Ce ou cE. 

Sur les hématies des sujets dits Rh (+) se trouve un antigène D ou RH1 qui est absent chez les sujets Rh (–). Par convention, on note “d” l’absence d’antigène D.

Sur les hématies se trouvent également :

– un antigène C ou RH2, ou un antigène c ou RH4 ;

– un antigène E ou RH3 ou un antigène e ou RH5.

Les antigènes C et c sont antithétiques (opposés). Les antigènes E et e sont antithétiques.

Ces antigènes se transmettent génétiquement en blocs ou haplotypes ; les trois haplotypes les plus fréquents sont : DCe, DcE et dce.

Il est préférable de déterminer le phénotype Rhésus complet. Ce doit être la règle s’agissant des femmes de moins de 45 ans, des enfants et des polytransfusés.

b) Anticorps :

Il n’y a pas d’anticorps naturels dans le système Rhésus ; les patients Rh (–) n’ont pas d’anticorps sériques anti-D.

Les anticorps du système Rhésus sont des anticorps immuns, de classe IgG (hémolysines) ; deux origines sont possibles :

– la transfusion,

– la grossesse.

Une seconde transfusion avec un sang Rh (+) peut déclencher une réaction d’hémolyse ; une nouvelle grossesse peut provoquer une maladie hémolytique du nouveau-né.

c) Règle de compatibilité transfusionnelle :

– Ne jamais apporter un antigène que le receveur n’a pas.

– Bien vérifier le phénotype du receveur et celui du donneur avant de transfuser.

– Bien vérifier la RAI avant de transfuser.

3. Système Kell :

a) Antigènes :

Ce système se définit par 2 antigènes antithétiques :

– Kell (K) ou KEL1,

– Cellano (k) ou KEL2.

Au niveau de la fréquence :

– Kell négatif : K– k+ (91 %).

– Kell positif :

. K+ k+ (8,9 %),

. K+ k– (0,1 %).

b) Anticorps :

L’anti Kell est de fréquence élevée.

c) Règle de compatibilité transfusionnelle :

Il est nécessaire de toujours transfuser du sang Kell négatif à un receveur Kell négatif.

4. Autres systèmes :

Ils sont nombreux et souvent importants en transfusion. Exemples :

– Système Duffy : Fya/Fyb (FY1/FY2) ;

– Système Kidd : Jka :Jkb (JK1/JK2) ;

– Système MNS : S (MNS3) et s(MNS4) ;

– Antigènes Lewis : Lea/Leb (LE1/LE2)…

Il est très important de faire un phénotype élargi ou étendu au delà du phénotype RH-KELL, chez des patients entrant dans des protocoles de transfusions itératives, le plus souvent au niveau des antigènes Fya, Jka, S et s.

5. Applications à la transfusion :

– Seules les transfusions isogroupes, et Rh D compatibles sont réglementaires.

Chez l’enfant, les femmes de moins de 45 ans, les polytransfusés, la compatibilité doit s’étendre aux antigènes Rh, C, c, E, e.

– Toute transfusion est précédée d’une recherche d’agglutinines irrégulières (RAI), anticorps immuns, “irréguliers”, dirigés contre des antigènes des systèmes non ABO, apparus à l’occasion d’une transfusion précédente (voir chapitre “Recherche d’anticorps irréguliers antiérythrocytaires“).

– Au lit du malade sont vérifiés, juste avant la transfusion :

. l’identité du groupe du malade portée sur sa carte et celui indiqué sur l’étiquette de la poche ;

. la compatibilité du groupe ABO du patient et du groupe ABO de la poche de sang par la méthode de Beth-Vincent.

6. Prévention des allo-immunisations fœto-maternelles (incompatibilités FM) anti-Rh1 chez les femmes Rhésus D négatif :

– Lors d’une grossesse, des hématies fœtales sont susceptibles de passer dans la circulation sanguine maternelle dès le second mois mais surtout, et de façon massive, lors de l’accouchement ou en cas d’IVG. Ce passage peut induire le développement d’anticorps maternels dirigés contre les antigènes portés par les hématies fœtales et notamment l’antigène Rhésus D, très immunogène si le fœtus est Rhésus D positif et la mère Rhésus D négatif.

– Les anticorps maternels sont capables de traverser le placenta et de provoquer une hémolyse fœtale qui peut conduire à la mort du fœtus in utero ou, après la naissance, à une maladie hémolytique du nouveau-né.

– La détermination du génotype Rh D fœtal avant la naissance est désormais possible sur l’ADN fœtal circulant dans le sang maternel pendant la grossesse. Ce génotypage Rh D fœtal peut être prescrit dès la 11ème SA.

– Si le fœtus est Rhésus D négatif, un nouveau prélèvement doit être réalisé 15 jours plus tard. Si le résultat est confirmé, il n’y a pas de risque d’incompatibilité et la surveillance de la grossesse peut être simplifiée.

– Si le fœtus est Rhésus D positif, une prophylaxie est nécessaire, en anté-natal et en postnatal.

– La prévention de l’allo-immunisation Rhésus repose sur l’injection à la mère d’IgG anti-D qui détruisent les globules rouges Rh1 fœtaux chez la mère avant qu’ils ne déclenchent la réaction immunitaire, sans provoquer d’hémolyse significative chez le fœtus.

– Une 1ère injection est pratiquée à la 28ème SA.

– A la naissance, la dose d’IgG anti-D à injecter est calculée en se fondant sur les résultats d’un “test de Kleihauer“ qui mesure le nombre d’hématies fœtales passées dans la circulation maternelle (valeur seuil : 5 hématies fœtales pour 10.000 hématies maternelles).

Le test est réalisé une heure après la délivrance et l’injection d’anti-D dans les 72 heures suivant l’accouchement. La disparition des hématies fœtales est vérifiée et une RAI pratiquée dans les 48 heures.

Correspondance des nomenclatures

1) Antigènes du système Rhésus :
D = RH1
C = RH2
E = RH3
c = RH4
e = RH5

2) Antigènes du système Kell :
K =KEL1
K = KEL2

3) Antigènes du système Duffy :
Fy a = FY1
Fy b = FY2

4) Antigènes du système Kidd :
JK a = JK1
JK b = JK2

4) Antigènes du système MNS :
M = MNS1
N = MNS2
S = MNS3
s = MNS4

5) Antigènes du système Lewis :
Le a = LE1
Le b = LE2

Groupage ABO
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