1. Condylomatose maternelle :

La grossesse favorise l’apparition des condylomes et leur croissance puisqu’ils sont 3 fois plus fréquents au cours de la gestation qu’en dehors et qu’ils se présentent, en cette circonstance, essentiellement sous la forme acuminée (au niveau du vagin et de la vulve), parfois sessiles, souvent volumineux voire confluents, parfois monstrueux.

Mais le papillomavirus peut se manifester plus discrètement, sous la forme de condylomes cervicaux plans.

Ceux-ci doivent être dépister par les frottis cervico-vaginaux et la colposcopie réalisés de façon systématique, ou de façon orientée chez les patientes présentant des lésions vulvaires cliniquement évidentes. La moitié de ces condylomes plans sont purs, tandis que l’autre moitié s’associe à des dysplasies.

Les condylomes de la grossesse régressent plus souvent (pendant la gestation ou dans le post-partum) que les condylomes acquis en dehors de la grossesse. En effet, jusqu’à 83 % des condylomes cervicaux purs des femmes enceintes disparaissent spontanément. La grossesse n’aggrave en rien les lésions dysplasiques même sévères qui suivent le même mode d’évolution qu’en dehors de la gestation.

2. Retentissement des condylomes sur la grossesse et l’enfant :

1) Complications au niveau des condylomes :

Les condylomes peuvent se compliquer pendant la grossesse de surinfection et, surtout au moment de l’accouchement, d’hémorragies parfois difficiles à maîtriser. Par ailleurs, d’exceptionnelles masses condylomateuses volumineuses constituent parfois un obstacle mécanique empêchant l’accouchement par voie basse.

2) Papillomatose laryngée du nouveau-né :

Il est couramment admis que la contamination transplacentaire n’existe pas.

L’enfant s’infecte donc en traversant la filière génitale: ceci peut provoquer la classique mais rarissime papillomatose laryngée. La maladie induit des modifications du cri ou de la voix puis une toux avec dyspnée et dans la moitié des cas l’aggravation, sous forme d’une détresse respiratoire parfois mortelle, peut survenir. Anatomiquement, la muqueuse laryngée est le siège de proliférations papillaires multiples atteignant parfois la bouche, le pharynx et plus rarement la trachée et les bronches, ce qui entraîne les problèmes respiratoires graves.

Passée cette phase aiguë, le risque de la maladie est lié aux récidives fréquentes nécessitant des interventions d’exérèse itératives (par chirurgie ou laser).

En effet, la régression de la maladie à la puberté se produit très rarement.

Des techniques récentes de typage des HPV ont permis de dénoncer les agents responsables de cette papillomatose laryngée: HPV 6 et  11.

3. Traitement :

– Le traitement curatif de la papillomatose laryngée consiste en l’exérèse par chirurgie ou laser.

– La prévention de cette maladie du nouveau-né repose sur le traitement des lésions condylomateuses maternelles au cours de la grossesse et permet par ailleurs d’éviter les complications mécaniques ou hémorragiques au niveau de ces condylomes.

Les agents chimiques sont absolument contre-indiqués, et seuls les moyens physiques sont utilisables.

Le laser et la cryothérapie semblent donner de bons résultats contrairement à l’électrocoagulation qui comporte un risque hémorragique important.

Ces traitements, même itératifs, n’entraînent aucun retentissement sur la grossesse. En outre, les récidives paraissent moins fréquentes après traitement tardif dans la grossesse, qu’après traitement réalisé en début de grossesse.

L’indication de césarienne ne se conçoit qu’en présence de lésions volumineuses comportant un risque mécanique ou hémorragique.

Par contre la réalisation d’une césarienne dans le but d’empêcher le contact entre l’enfant et les voies génitales ne se justifie pas parce que la papillomatose du nouveau-né est extrêmement rare. Le risque de morbidité par césarienne dépasse donc largement le risque de survenue de cette papillomatose. Ce risque n’est toujours pas chiffré précisément à l’heure actuelle, mais il fait intervenir certains facteurs favorisants comme le travail long, la rupture prolongée des membranes, l’aspiration systématique du nasopharynx, accusée de créer des points d’appel à l’infection par le biais de microtraumatismes.

Parmi les mesures préventives simples, la soigneuse désinfection vulvo-vaginale trouve plus que jamais sa place, en présence de condylomes.           

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