La prolactine est une hormone sécrétée par le lobe antérieur de l’hypophyse.

Chez la femme elle permet le déclenchement et le maintien de la lactation et en dehors de la grossesse a un rôle dans la sécrétion de progestérone.

Chez l’homme, elle agit sur la sécrétion de testostérone.

1. L’hormone :

– Structure :

C’est un polypeptide composé de 198 acides aminés, de poids moléculaire 23000.

Sa structure protéique explique son caractère antigénique et rend compte des possibilités de dosage radio-immunologique.

Elle est produite essentiellement par les cellules acidophiles à prolactine de l’antéhypophyse.

– Localisation : on retrouve la prolactine dans :

. les cellules acidophiles de l’antéhypophyse,

les cellules lactotropes du sein (qui se multiplient pendant la grossesse et la lactation),

. mais aussi dans le liquide amniotique, les cellules endométriales, lutéales.

– Transfert : il se fait sous forme libre avec une demi-vie courte (≈ 5 mn).

– Dégradation : elle se fait dans le foie et le rein.

2. Sécrétion physiologique :

1) En phase prépubertaire :

Le taux est très bas jusqu’à la puberté (il est équivalent chez le garçon et la fille).

2) A la puberté :

On note une augmentation chez la fille parallèle à celle des estrogènes (qui stimulent synthèse et libération de prolactine).

3) Variations physiologiques :

Le taux reste bas de façon physiologique au cours du cycle menstruel mais présente un rythme circadien de sécrétion : variations au cours du nycthémère et s’élève pendant le sommeil nocturne ; niveau le plus bas quelques heures après le réveil.

● Il existe de nombreux facteurs qui stimulent sa production :

– stress important, activité sexuelle, exercice physique,

– augmentation des estrogènes circulants et plus particulièrement du 17ß-estradiol,

– lors de la grossesse où son taux s’élève de façon importante (et est corrélé à l’élévation d’estradiol) ; sa production est majorée jusqu’à 150-200 ng/ml à terme,

– et surtout prise de certains médicaments (antidopaminergiques),

– dans le post-partum :

. si absence d’allaitement : le retour aux valeurs de base se fait en 15 jours,

. si allaitement : il y a maintien de la sécrétion prolactinique par une boucle réflexe spécifique stimulée par la succion du mamelon.

● A l’inverse, il existe une chute parallèle à celle du 17ß-estradiol, au cours de la 5ème décade.

3. Régulation de la sécrétion :

1) Facteurs inhibiteurs :

– Les “Prolactin inhibiting factor” (PIF) : il s’agit de substances d’origine hypothalamique qui jouent un rôle inhibiteur de la sécrétion prolactinique. 

Le principal étant la dopamine ; elle atteint l’hypophyse antérieure par le système porte HH et inhibe la sécrétion de prolactine.

Il existe des récepteurs à la dopamine au niveau des cellules lactotropes hypophysaires.

Nb : La sécrétion de prolactine exerce un rétrocontrôle hypothalamique : elle stimule la sécrétion de dopamine par l’hypothalamus (utilisation du système porte à contre-courant).

– Médicaments AGONISTES de la dopamine : dopamine, alcaloïdes de l’ergot de seigle (bromocriptine), levodopa, dihydroergocryptine, IMAO.

2) Facteurs stimulants :

– Il existerait un “Prolactin releasing factor” (PRF) dérivant de la sérotonine.

– Le TRH (Thyreotropin releasing factor) stimule la sécrétion hypophysaire de prolactine, de façon inépuisable (alors que la sécrétion de TSH est épuisable).

– Médicaments ANTAGONISTES de la dopamine : antidopaminergiques.

4. Rôles physiologiques :

La prolactine joue essentiellement un rôle physiologique dans la lactation.

Ses effets stimulants sur la mammogenèse et la lactogenèse sont bien connus.

1) Chez la femme :

a) Avant la grossesse :

La prolactine a un rôle important de contrôle du cycle menstruel.

La prolactine, si elle ne modifie pas significativement les taux basaux de FSH et LH, agirait en cas de sécrétion excessive par BLOCAGE DU PIC OVULATOIRE DE LH ⇒ Syndrome de dysovulation (avec insuffisance lutéale) ou anovulation (avec alutéinie).

Elle a aussi un rôle lors des rapports sexuels : elle participe à l’état de bien-être ressenti pendant l’orgasme.

b) Pendant la grossesse :

Les concentrations plasmatiques de prolactine s’accroissent ; cette élévation, associée à celle d’autres hormones (estrogènes, progestérone, hormones thyroïdiennes, cortisol et insuline) provoque probablement une stimulation de la croissance de l’épithélium mammaire et une augmentation de la synthèse de lait. Cependant, les concentrations élevées d’estradiol et de progestérone pendant la grossesse inhibent la lactation.

c) Après l’accouchement :

La chute rapide de la progestérone placentaire permet, avec un décalage, l’explosion des récepteurs prolactiniques et la production lactée.

Celle-ci est entretenue par la stimulation du mamelon, chaque tétée produisant un pic prolactinique.

Les taux élevés de prolactine sont responsables de l’aménorrhée du post-partum, mais ils s’abaissent progressivement et, au bout de 45 jours environ, l’ovulation redevient possible.

L’allaitement ne constitue donc qu’une contraception temporaire.

2) Chez l’homme :

Son rôle reste hypothétique.

Elle favoriserait la production de testostérone (libido) et sa conversion en 5α-DHT (spermatogénèse).

5. Indication du dosage plasmatique :

Avant tout bilan, il est important de vérifier que la patiente ne prend pas de traitement hyperprolactinémiant.

Tout traitement devra être arrêté depuis plus de 48 heures.

Préciser l’âge et la date des dernières règles, le nombre de semaines d’aménorrhée en cas de grossesse.

1) Conditions de prélèvement :

Le dosage de prolactine sérique se fait sur une prise de sang :

– obtenue le matin (entre 8 h et 10 h), par ponction veineuse, au pli du coude, sur tube sec (sans anticoagulant),

– effectuée à jeun et au repos (le stress, un exercice physique trop important et à degré moindre l’apport alimentaire stimulent la sécrétion de prolactine),

– en début de cycle (J5-J6),

– idéalement après 20 minutes de repos en position allongée après la pose d’un cathéter intraveineux,

– au mieux, répétée trois fois à 1 heure d’intervalle, puis en mélangeant le sang des 3 tubes afin de diminuer les effets du stress de la prise de sang et des fluctuations liées à la sécrétion pulsatile de l’hormone.

2) Indications du dosage de la prolactine :

– suspicion d’hyperprolactinémie : galactorrhée (avec ou sans aménorrhée), troubles visuels associés à des maux de tête,

– aménorrhée (exemple aménorrhée post-pilule),

– anovulation, anomalie du cycle menstruel (CJ inadéquat, dysovulation),

– infertilité (inexpliquée), féminine ou masculine,

– retard pubertaire chez l’adolescente,

– gynécomastie,

– suspicion de pathologie hypophysaire ou découverte d’une masse hypophysaire,

– troubles sexuels inexpliqués (impuissance chez l’homme).                        

6. Résultats normaux :

Chez l’adulte : les taux moyens sont de :

– 5 à 25 ng/ml chez la femme,

– 5 à 15 ng/ml chez l’homme.

(Au-dessus de 50 ng/ml : la prolactinémie est franchement pathologique).

7. Résultats anormaux :

1) La prolactine est augmentée : Cf chapitre spécial

2) La prolactine peut être abaissée :

Essentiellement par cause médicamenteuse (agonistes de la dopamine) : dopamine, alcaloïdes de l’ergot de seigle (bromocriptine), levodopa, dihydroergocryptine, IMAO.

8. Tests d’exploration de la prolactine :

Ils ne sont plus recommandés (consensus Société française d’Endocrinologie), mais peuvent toutefois être utiles dans certains cas, notamment lorsque l’IRM est douteuse, nécessitant un avis spécialisé.

LA PROLACTINE : HORMONE DE PRODUCTION. Une histoire sur 12 mois…

– Pendant la grossesse : le taux de prolactine s’accroît continuellement, se multipliant en moyenne par 10 dans la période comprise entre la conception et l’accouchement.

Cet accroissement provient de l’augmentation parallèle des œstrogènes d’origine placentaire qui conduisent à l’hyperplasie hypophysaire.

Pendant la grossesse, les hormones stéroïdiennes (œstrogènes et progestérone) bloquent l’action biologique de la prolactine au niveau des seins.

– Après l’accouchement : la chute brutale de la progestérone permet à la prolactine d’induire la synthèse du lactose et des protéines du lait, c’est la première montée laiteuse.

– Après l’accouchement : dans les 24 heures qui suivent l’expulsion du placenta et la baisse brutale du taux d’œstradiol et de progestérone, l’effet de la prolactine se manifeste sur les glandes mammaires par l’induction de la synthèse du lactose et des protéines du lait : c’est la première montée laiteuse.

– Par la suite, même en cas d’allaitement, le taux de prolactine va commencer à baisser à partir du 15ème jour du post-partum, pour se normaliser 4-5 semaines après la naissance de l’enfant. La lactation est alors, à partir de cette date, simplement entretenue par la vidange des seins. 

L’excitation produite par la succion mamelonnaire de l’enfant génère toutefois une augmentation intermittente de prolactine qui maintient la production de lait ainsi que le blocage physiologique de l’ovulation après l’accouchement, à condition que l’enfant ne soit nourri que du lait maternel à un rythme de 6-8 fois par jour.

Il s’agit alors d’une régulation purement mécanique : c’est la succion du mamelon qui est le moteur de la sécrétion de la prolactine.

Pendant et après chaque tétée, on assiste à une ascension du taux de prolactine qui atteint son maximum 45 minutes après le début de celle-là. Deux heures après, la prolactine revient à son niveau de base : ainsi chaque tétée prépare la tétée suivante.

Nb : Le réflexe de succion est à son maximum dans les 20 à 30 minutes qui suivent la naissance. Si le nouveau-né n’est pas mis au sein à ce moment là, ce réflexe diminue temporairement pour ne redevenir efficace que 2 jours plus tard.

Prolactine
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