1. Définition :
Les condylomes exophytiques, également appelés condylomes acuminés, sont des lésions cutanées ou muqueuses causées par une infection par le virus du papillome humain (HPV).
Ces lésions se caractérisent par une croissance de tissu anormal, souvent en forme de verrues ou de papules, qui peuvent apparaître dans la région génitale, anale, orale, ou d’autres zones du corps.
Elles ont d’autres appellations : crêtes de coq, végétations vénériennes, verrues génitales.
Il s’agit d’une maladie virale due à un HPV de type HPV 6 ou 11 souvent transmise sexuellement, mais non exclusivement.
Les condylomes exophytiques sont considérés comme une IST car ils sont principalement transmis par contact sexuel, que ce soit par voie vaginale, anale ou orale.
Le délai d’incubation est en moyenne de 4 mois (1 à 8 mois).
2. Symptomatologie :
Au début de leur évolution, il s’agit de petites excroissances rosées finement pédiculées pouvant siéger sur les organes génitaux (vulve, vagin, col utérin), l’anus, la région péri-anale ou d’autres parties du corps.
Les lésions vont s’étendre par auto-inoculation.
Ultérieurement ces classiques “crêtes de coq” prendront l’aspect de masses charnues à surface hérissée de petites verrucosités.
Leur nombre varie de quelques lésions à plusieurs dizaines et leur taille de 2 mm à 1 cm.
Ces excroissances sont généralement indolores, mais peuvent être gênantes esthétiquement ; elles peuvent causer des démangeaisons, une gêne ou des saignements légers.
Ces lésions sont toujours bénignes et très contagieuses par ailleurs.
L’aspect clinique le plus habituel est donc celui des crêtes-de coq, petites saillies cutanées, roses, pâles, mais ces condylomes peuvent être :
– des lésions rouges siégeant au niveau du méat ou du vestibule,
– des mini-papillomes des faces internes des lèvres,
– des plaques leucoplasiques plus ou moins pigmentées ressemblant à des verrues vulgaires,
– des lésions exubérantes sur la vulve et le périnée surtout chez la femme enceinte ou les sujets immunodéprimés.
L’examen du partenaire est indispensable, car on retrouve chez lui, dans plus de 60 % des cas, des condylomes plans ou des condylomes acuminés.
3. Localisations :
Les condylomes exophytiques peuvent être présents dans diverses régions du corps, en particulier les zones muqueuses et cutanées.
Les endroits courants où l’on peut trouver ces condylomes incluent :
1) Région génitale :
Les organes génitaux externes, tels que le pénis, le prépuce, le scrotum, l’urètre, la vulve (petites et grandes lèvres), le vagin, et le col de l’utérus (colposcopie), sont des endroits fréquents d’infection par le VPH et donc de condylomes génitaux.
2) Région anale :
Les condylomes anaux peuvent se développer sur ou autour de l’anus, dans le canal anal, en particulier chez les personnes qui ont des rapports sexuels anaux.
3) Cavité buccale et gorge :
Les condylomes oraux peuvent apparaître dans la bouche, la gorge et sur la langue, bien que cela soit moins courant.
4) Autres zones cutanées :
Les condylomes peuvent se développer sur d’autres parties de la peau (pubis, périnée, racine des cuisses, sillon inter-fessier), parfois à distance des zones génitales, en particulier chez les personnes immunodéprimées.
4. Bilan paraclinique :
Le praticien doit dans tous les cas :
– rechercher une autre IST : gonococcie, syphilis, trichomonase, herpès, VIH,
– faire un bilan d’extension et rechercher :
. des condylomes du vagin ou du col par le FCV, la colposcopie, voire la biopsie. On retrouvera des condylomes simples dans 30 % des cas, une dysplasie ou néoplasie intra-épithéliale (CIN) de bas ou de haut grade dans 20 % des cas ; elles sont dues à des virus de la même famille HPV 16–18-33, qui sont potentiellement oncogènes,
. une lésion dysplasique de la vulve ou du périnée, telle une papulose bowenoïde fréquemment associée,
. une grossesse car les lésions augmentent à cette période et l’enfant peut être contaminé lors de l’accouchement, et avoir une atteinte anogénitale ou laryngée.
Un traitement actif doit être entrepris, et la persistance de lésions actives à terme peut exceptionnellement faire discuter la césarienne.
Nb : Une biopsie peut être réalisée en cas de doute diagnostique, de lésions atypiques et dans les formes de condylomes résistantes aux traitements.
5. Etiologies :
Ces lésions sont dues à des Papilloma virus dits de bas risque HPV 6 ou 11 et sont d’ailleurs efficacement prévenues par la réalisation d’une vaccination par le vaccin quadrivalent Gardasil ® qui protège contre les HPV 6, 11, 16 et 18.
Cette vaccination n’est efficace qu’avant tout développement de lésions.
6. Evolution :
La régression spontanée est possible, mais l’évolution classique est habituellement l’extension des lésions en taille et en nombre, pouvant être responsable d’une gêne physique et psychologique importante.
Elles n’évoluent pas vers des lésions cancéreuses, mais elles récidivent dans 30 % des cas environ.
En effet, les condylomes génitaux qui sont situés sur la peau de la sphère génitale et du vagin peuvent disparaître spontanément dans 35 % des cas en 6 mois, 53 % en un an, et 67 % en deux ans. Ils finissent par disparaître avec le temps et les traitements…
– Faut-il prévoir de protéger ses rapports ?
Bien que les préservatifs ne protègent pas complètement contre ce type de lésions qui peuvent être présentes sur des zones non couvertes, il est préférable de protéger les rapports par le port de préservatifs jusqu’à guérison.
– Le tabac favorise-t-il ce type de lésions ?
Le tabac diminue les défenses immunitaires et favorise la persistance des Papilloma virus de tous types.
7. Récidives :
Le taux de récidives est élevé, il est d’environ 35 %.
Pour les éviter le plus possible, il est important de bien suivre le traitement médical prescrit jusqu’à son terme; d’examiner et de traiter le partenaire s’il est également atteint.
Si les condylomes acuminés sont des lésions bénignes, la coexistence possible de lésions précancéreuses doit toujours être suspectée et recherchée, en particulier chez la femme, par la pratique d’un FCV de dépistage, ou d’un test HPV.
Il est également important de rechercher une éventuelle IST associée et d’examiner le ou les partenaires sexuels du sujet atteint.