La découverte d’un kyste de l’ovaire chez le fœtus n’est pas une éventualité rare.

Dans 97 % des cas, il s’agit de kyste fonctionnel et leur pathogénie n’est pas tout à fait élucidée.

La folliculogenèse serait secondaire à un taux d’HCG placentaire élevé ou secondaire à une hypersensibilité de l’axe gonadotrope fœtal.

On trouve des kystes ovariens dans certaines pathologies (diabète, Isoimmunisation, toxémie, hypothyroïdie fœtale) mais aussi hors de tout contexte anormal ; quoiqu’il en soit 30 % des nouveau-nés en sont porteurs.

1. Sémiologie :

Sur le plan échographique : le kyste ovarien non compliqué se présente comme une image ronde ou ovalaire, à parois extrêmement fines, à bords réguliers et à contenu anéchogène. Il est de situation latérale dans le pelvis mais peut se révéler très mobile dans la cavité abdominale ; sa taille est variable, dans certains cas il peut occuper une grande partie de l’abdomen.

Cette masse n’est identifiée comme telle, que si la vessie est en réplétion. Si elle est vide, le kyste peut être pris à tort pour la vessie.

On prend soin de noter si ce kyste est purement anéchogène ou s’il existe des échos internes. Dans ce dernier cas, il peut s’agir d’une torsion, d’un simple kyste hémorragique ou d’un kyste organique.

Il est généralement diagnostiqué  au 3ème trimestre de la grossesse. 

Une échographie mensuelle prénatale paraît souhaitable car certains kystes disparaissent spontanément, sinon ils restent stables, mais d’autres augmentent.

Cette surveillance échographique régulière permet de dépister une complication (torsion, hémorragie) survenant dans 30 % des cas en anténatal.

La complication est relativement facile à repérer car le contenu échographique du kyste change : il devient hyperéchogène et hétérogène présentant plusieurs aspects possibles et ses parois ont tendance à s’épaissir. 

On retrouve alors :

– des images de cloisons intrakystiques qui seraient dues à des ponts de fibrine ou encore à des bandes de cellules nécrotiques qui se sont séparées de la paroi du kyste suite à l’ischémie,

– un interface solide/liquide (correspondant à la sédimentation déclive de débris nécrotiques mobiles avec du liquide sus-jacent),

– une hémorragie intrakystique isolée ou secondaire à la torsion le plus souvent avec une image dense échogène de caillot rétracté entouré de liquide et situé à la partie déclive du kyste,

– dans quelques cas rares, le kyste peut se rompre et donner des images d’ascite. 

Le kyste simple ou compliqué peut comprimer les organes de voisinage et entraîner :

. une dilatation pyélocalicielle par compression urétérale,
. une compression digestive avec rupture en amont et signe de péritonite méconiale.

Une échographie post-natale immédiate est conseillée afin de décider d’une éventuelle ponction en cas de kyste anéchogène ou d’une intervention si le kyste paraît compliqué.

2. Diagnostic différentiel :

Il se fera :

– avec d’autres images kystiques :

. kyste du mésentère plus rare, et souvent cloisonné,

. pyélon dilaté d’un rein pelvien,

. kyste du cholédoque situé dans l’hypochondre droit,

. kyste rénal,

. kyste de l’ouraque sus-vésical accolé à la paroi de l’abdomen,

– avec une grosse vessie : les uropathies obstructives sont plus rares chez la petite fille,

– avec un hydrométrocolpos : mais celui-ci est plus médian et rétro vésical,

– avec une duplication digestive. 

Le diagnostic du kyste de l’ovaire permet une meilleure prise en charge anténatale et postnatale. 

La prise en charge anténatale est très débattue entre partisans de l’abstention thérapeutique et partisans de la ponction évacuatrice.

En résumé les abstentionnistes argumentent :
– sur la résolution spontanée de kyste ovarien même de bonne taille,
– sur le risque inhérent à la ponction : fissuration des membranes, infection,
– sur le risque de ponctionner ce qui n’est pas de l’ovaire ou de blesser un organe de voisinage.

Les interventionnistes argumentent : 
– sur le fait que des petits kystes peuvent se tordre,
– sur le fait que la survenue d’une complication est imprévisible,
– sur le fait que la torsion détruit l’ovaire,
– sur le fait qu’elle prévient la compression des organes de voisinage (hydronéphrose, rupture digestive en amont),
– sur le fait qu’elle permet une cytologie : 3 % des kystes étant des kystes organiques.

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