L’hématome décidual, également appelé hématome décidual marginal, est une complication de la grossesse qui survient lorsqu’une portion marginale du placenta se décolle de la paroi utérine.
Ce décollement entraîne un saignement et la formation d’une collection sanguine entre le placenta et l’utérus.
L’hématome décidual représente une situation échographique fréquente, découverte soit de façon inopinée (au premier trimestre de la grossesse), soit à l’occasion de métrorragies (une femme sur quatre saigne en début de grossesse).
1. Symptômes et diagnostic :
– Les symptômes de l’hématome décidual peuvent inclure des saignements vaginaux de couleur rouge ou sombre, ainsi que des douleurs ou une sensibilité au niveau de l’utérus.
– Cependant, il est également possible que la femme enceinte ne remarque aucun signe clinique.
– Le diagnostic repose principalement sur l’échographie, qui permet de visualiser l’hématome et d’évaluer sa taille et sa localisation.
Dans la majorité des cas, on observe une image liquidienne péri-ovulaire en croissant ± importante, souvent petite de 1 à 3 cm de plus grand axe, parfois étendue jusqu’à entourer presque totalement l’œuf.
Cet hématome localisé entre le chorion et l’amnios de l’œuf définit l’hématome décidual marginal.
L’échostructure de cette collection est variable comme pour tout hématome : hypoéchogène ± homogène si le saignement est récent, échogène ± cloisonné s’il est ancien.
2. Diagnostic différentiel :
Le seul diagnostic différentiel à envisager est celui d’un deuxième jumeau ; lorsqu’il existe un second sac ovulaire, on note une deuxième masse trophoblastique et éventuellement un second embryon.
L’hématome, lui, a des bords nets, sans couronne trophoblastique échogène en périphérie.
3. Facteurs de risque :
Plusieurs facteurs peuvent augmenter le risque de développer un hématome décidual, notamment :
– un âge maternel avancé,
– des antécédents de fausses couches,
– une grossesse multiple,
– une hypertension artérielle,
– un traumatisme abdominal.
4. Complications :
Les complications potentielles de l’hématome décidual dépendent de sa taille et de sa localisation.
Un hématome de petite taille situé en périphérie du placenta est généralement sans conséquence grave.
Cependant, un hématome plus important ou persistant au-delà du premier trimestre peut augmenter le risque de :
– fausse couche,
– retard de croissance intra-utérin (RCIU),
– rupture prématurée des membranes,
– accouchement prématuré,
– décollement placentaire brutal.
5. Pronostic de l’hématome décidual :
L’évolution de la grossesse est favorable dans 80 à 90 % des cas.
Entre 6 et 12 SA, ces images sont de bon pronostic, quel que soit leur volume.
Deux éléments sont de mauvais pronostic :
– la localisation près de la zone de placentation faisant craindre une extension rétroplacentaire, et cela quel que soit le terme,
– leur survenue tardive ou leur persistance au-delà de 13 SA, ce qui aboutit le plus souvent à un avortement tardif.
Une localisation recouvrante du trophoblaste n’est souvent que transitoire à cet âge de grossesse ; néanmoins, elle doit être mentionnée, car elle peut être responsable de métrorragies importantes.
6. Prise en charge et surveillance :
La prise en charge de l’hématome décidual repose principalement sur le repos et la surveillance.
En cas d’hématome de petite taille et asymptomatique, un suivi échographique régulier est généralement suffisant.
La femme enceinte peut être autorisée à poursuivre ses activités habituelles, en évitant toutefois les efforts physiques intenses et les rapports sexuels.
En revanche, si l’hématome est plus important, s’il persiste au-delà du premier trimestre ou s’il s’accompagne de saignements abondants ou de douleurs, une hospitalisation peut être nécessaire.
La surveillance comprend alors :
– des échographies répétées pour évaluer l’évolution de l’hématome,
– des examens sanguins pour dépister une anémie ou des troubles de la coagulation.
7. Conclusion :
L’hématome décidual est une complication fréquente de la grossesse, le plus souvent sans conséquence grave.
Cependant, un suivi échographique régulier est indispensable pour dépister précocement d’éventuelles complications et adapter la prise en charge.
Les femmes enceintes présentant un hématome décidual doivent être informées des signes d’alerte nécessitant une consultation en urgence, tels que des saignements abondants, des douleurs intenses ou une diminution des mouvements fœtaux.
Une surveillance étroite permet, dans la grande majorité des cas, de mener la grossesse à terme sans complication majeure pour la mère et l’enfant.